Rencontre avec l’artiste Claire Adelfang : "J’aime l’idée de pouvoir sensibiliser la jeune génération au patrimoine via l’art digital."

Un pari ambitieux qui mêle web 3 et patrimoine, et qui nous invite à nous demander comment l’artiste s’est retrouvée au cœur de ce projet chargé de sens, qui réunit avec brio deux mondes que tout oppose, quoique… Après avoir laissé sa marque au Château de Versailles et à l’Opéra Garnier, Claire Adelfang relève un nouveau défi artistique en s'attaquant à un joyau incontestable du patrimoine français : l'Église Saint-Etienne-du-Mont, nichée dans le Ve arrondissement de Paris. Cette photographe, représentée par la galerie Thaddaeus Ropac, de 2012 à 2020, et passionnée par l'Histoire et l'architecture, entreprend ici la création d'un ensemble d'œuvres, — tirages physiques et œuvres digitales —, capturant la grâce de ce lieu iconique de la capitale.

Intitulé "Un Accord avec le Monde", ce projet artistique dévoilé au sein de la mairie du Ve arrondissement en octobre 2023, est orchestré par DANAE.IO qui s'efforce de tisser des liens entre le passé et le présent, en initiant des collaborations contemporaines pour toucher de nouveaux publics et explorer de nouvelles perspectives. Pour comprendre les dessous de ce projet artistique mené en partenariat avec la ville de Paris, S-quive a rencontré l’artiste.

Bonjour Claire, qui êtes-vous ?

Bonjour, je suis artiste et photographe. J’ai fait l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris, dont je suis ressortie diplômée en 2010. Au cours de mes études, j’ai développé ma passion pour le medium photo, notamment la photo argentique. Ce qui m’anime, c’est l’architecture, qu’elle soit industrielle, militaire ou patrimoniale. Elle interroge la notion de mémoire, l'empreinte de l’homme sur l’environnement, le savoir-faire humain et leur transmission. Ces questions m’ont véritablement conduit à construire un dialogue silencieux et contemplatif entre l’homme et son histoire.

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"J’ai tout de suite aimé l’idée de pouvoir sensibiliser la jeune génération au patrimoine, et à la notion de mémoire, via l’art digital."

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Comment avez-vous eu l’idée de produire des œuvres d’art virtuel, alors que vous êtes pourtant spécialisée dans la photographie classique ?

Tout a démarré lorsque j’ai rencontré Loïc, commissaire-priseur qui travaille pour DANAE.IO, lors d’une expo personnelle que j’ai eue en 2022. Il n’y a pas de hasard, que des rencontres. DANAE.IO venait juste d’exposer des œuvres virtuelles au sein de l’Opéra-Comique de Paris, une institution publique. J’ai alors compris qu’il était possible de mutualiser ces deux univers, si opposés, et que cela ouvrait de nouveaux horizons passionnants. J’ai tout de suite aimé l’idée de pouvoir sensibiliser la jeune génération au patrimoine, et à la notion de mémoire, via l’art digital, dont j’étais étrangère.

C’est la première fois que vous mettez un pas dans l’art digital ?

C'est en effet une nouvelle expérience pour moi de questionner la transmission. J’étais un petit peu novice de toutes ces notions et de tout ce vocabulaire. Ce fut une belle occasion d’ouvrir le champ des possibles et d’interroger la notion d’image.

Quelle est la différence entre vos œuvres physiques et digitales ?

La différence est par nature dans la matérialité et également dans l'acquisition. Une œuvre physique offre une expérience sensorielle évidente, l’écran ne remplacera pas une œuvre, quelle qu'elle soit. Parmi les différences, on compte le mode d'acquisition. En quelques clics, pour l’art digital, contrairement à la logistique que nécessite la livraison d’une œuvre physique. En revanche, le certificat d’authenticité qu’offre le format NFT des œuvres digitales est précieux pour l’artiste, qui peut garder une traçabilité de l'œuvre. De plus, une dégradation de l'œuvre est impossible si celle-ci est virtuelle.

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"Mon travail s’adresse à tous, car l’histoire et la mémoire nous concernent chacun."

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Avez-vous un souvenir à partager avec nos lecteurs ?

Cela concerne le ressenti du lieu, de cette église. Cette démarche photographique m’a permis de m’approprier le lieu. J’ai tenté, à travers mes photographies, de dévoiler toute la puissance et la beauté de ce bâtiment mais aussi sa complexité. J’ai cherché à saisir l’instant, en me laissant guider par la modulation de la lumière.

À qui s’adresse votre travail ?

Mon travail s’adresse à tous, car l’histoire et la mémoire nous concernent chacun. La mémoire est sans cesse présente dans nos vies. Elle est un fil qui nous relie au passé et qui nous est indispensable pour continuer d’avancer.

Avez-vous un message à faire passer ?

Mon message est que la tradition et l'innovation doivent continuer à dialoguer, pour que la transmission se poursuive.

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Infos pratiques :

"Un Accord avec le Monde"

Du 14 septembre au 3 octobre 2023

Mairie du Ve arrondissement de Paris

21 Pl. du Panthéon, 75005 Paris

Vente aux enchères des œuvres le 28 octobre à 19h30, orchestrée par Pierre Bergé.