DESIGN
Exit le minimalisme scandinave. Jusqu’au 11 novembre, la galerie Downtown célèbre le design latino-américain à travers l’exposition Latin American Modernism : from architecture to design, où l’on comprend l’emprunte laissée par ces designers sur l’architecture mondiale d’après-guerre. Un florilège de meubles rares signés Barragan, Niemeyer et Caldas, déjà honorés à cette 37e édition de la FIAC.
Avant que le prestigieux MOMA ne consacre en 1955 une exposition à la création architecturale latino-américaine — Latin AmericanArchitecture since 1945 — le continent avait un statut proche du mythique dans l’imaginaire collectif, en particulier en Europe et aux États-Unis. Le travail des architectes sud-américains traduit alors le syncrétisme culturel emblématique de l’Amérique latine. Mais après la Seconde Guerre mondiale, une nouvelle génération d’architectes et designers déploie une autre conception dans l’art d’habiter et de se meubler, dictée par un besoin de liberté et d’efficacité et au service d’un nouvel art de vivre, dans une époque de développement technologique et scientifique. C’est le cas de Luis Barragan, Zanine Caldas et Oscar Niemeyer, célébrés à la FIAC 2021 et objets de l'exposition Latin American Modernism : from architecture to design, à la galerie Downtown, jusqu’au 11 novembre.
Aujourd’hui, ces pièces aux formes résolument modernistes séduisent de plus en plus de collectionneurs et de marchands. Un succès qui s'explique d'abord par la rareté de ce mobilier. A une époque de taylorisme galopant où l'on produit en masse, les modernistes latino-américains fabriquent tout à la commande. D'autre part, tous ces architectes entretiennent une relation privilégiée avec l'Europe, embrassant les théories européennes du bâti international et du Bauhaus. De descendance germanique, Oscar Niemeyer, la star du Brésil, a nourri son architecture auprès de Le Corbusier, Mies van der Rohe et Frank Lloyd Wright. Dans les années 1930, Luis Barragan entreprend un voyage en Europe pour y découvrir différents courants, notamment en Allemagne, France, Angleterre et Espagne. Ils se rend d’ailleurs à Paris pour assister à une conférence de Le Corbusier sur l’architecture moderne et les villas Savoye et Stein.
Peut-être la grandeur de l'architecture latino-américaine réside le plus dans sa façon de rendre les idéologies visibles et physiques. Là-bas, les architectes semblent importants, au centre des préoccupations. Castro et Guevara ordonnent la construction d'écoles d'art sur le parcours de golf autrefois exclusif au Country Club Park de La Havane. Le président Kubitschek commande les monuments de Brasilia à son compagnon de fête Niemeyer, on construit des programmes colossaux de logements sociaux, Bo Bardi crée une “la citadelle de la Liberté” à São Paulo. En résumé, l'Amérique latine attire par un désir d'architecture motivé par les besoins sociaux plutôt que par les forces du marché et le spectacle formel.
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