INTERVIEW
Originaire du Nigéria, Oxlade est l’une des figures montantes de l’Afrobeat et de l’Afropop. C’est avec une performance remarquée du titre "Ku Lo Sa", lors d’une session live COLORS en 2022, que l’artiste de 27 ans conquiert un public international. Derrière sa musique entraînante et ses mélodies fédératrices se cache une ambition profonde : faire rayonner le continent africain sur la scène mondiale. De son vrai nom Ikuforiji Olaitan Abdulrahman, il célèbre fièrement ses racines à travers son nouvel album OFA (Oxlade From Africa), où il réussit le pari de collaborer auprès d’artistes renommés tels que Fally Ipupa, Flavour ou Popcaan. Rencontre.
Vous êtes né à Lagos, au Nigéria, une ville entourée par une culture vibrante et la musique. Vous perdez votre maman à l’âge de trois ans et vous êtes éduqué par votre grand-mère. Quels sont les souvenirs précieux que vous gardez d’elle et qui font l’homme que vous êtes aujourd’hui ?
Je n’ai pas vraiment connu ma maman, en effet, mais ma grand-mère, c’est toute ma vie. C’est ma meilleure amie, ma plus grande fan et ma plus grand supportrice. C’est la raison pour laquelle je suis ici, car elle a beaucoup sacrifié pour m’amener où j’en suis. Tous mes souvenirs sont rattachés à elle, elle fait qui je suis aujourd’hui.
Votre nouvel album OFA est un tournant dans votre carrière. On y découvre un fin mélange d’Afrobeat, d’Amapiano et de R’n’B. Comment ce projet vous a-t-il permis de représenter la musique africaine dans sa globalité ? Ses richesses et sa diversité ?
Je n’ai pas vraiment d’attentes. Je fais juste de la musique car j’aime la musique. Je veux que ma musique permette de soigner l’âme. Peu importe l’impact que ma musique peut avoir, c’est la décision de Dieu, pas la mienne. Je veux juste rendre les gens heureux, j’ai fait ma part et le reste est entre les mains du seigneur.
"Avoir Fally lpupa à mes côtés, c’est comme un rêve devenu réalité."
Dans votre single "IFA", vous chantez avec l’artiste congolais Fally Ipupa. Vous mélangez tous les deux vos styles musicaux : nigérian et congolais, permettant une vision unique et créative de la musique africaine. Comment s’est passé votre collaboration ?
Toutes les personnes avec qui j’ai collaboré dans mon album OFA sont déjà des légendes, parce que si tu veux faire un bon album, tu dois mettre de bons artistes dedans. Alors avoir Fally à mes côtés, c’est comme un rêve devenu réalité pour le petit garçon que j’étais. J’ai dû tourner avec lui le clip, chanter, travailler. J’ai pu ressentir ce que c’était de bosser avec un mec "lingala" (ici quelqu’un qui parle le lingala, au Congo). Je suis heureux d’avoir pu faire ce single avec lui, je suis content d’avoir pris ce chemin.
Vous êtes très attaché à votre culture nigérienne ? Quels en sont, selon vous, les principaux piliers ?
L’originalité, l’authenticité. Et le désir de partager avec les autres sa culture, comme un évangile.
En parlant de Dieu, vous avez chanté plus jeune dans une chorale dans laquelle votre grand-mère vous a inscrit. Vous dites que votre musique est un moyen de toucher les gens, de partager les émotions et les expériences. La musique est-elle, pour vous, spirituelle ?
Quand tu écoutes ma musique, tu entends qu’elle est spirituelle. Il y a beaucoup de titres dans l’album ou je me réfère à Dieu. Je me sens béni, je veux l’infuser dans ma musique, tout cela à un sens pour moi.
Vous avez grandi dans la pauvreté. Aujourd’hui avec votre notoriété, vous êtes visible, qu’est-ce que vous ressentez ?
Encore une fois, c’est un rêve devenu réalité, et une preuve que l’impossible ce n’est rien. "Impossible", c’est un état d’esprit, tant que tu continues de croire, de pousser, et si Dieu est à tes côtés alors tout va fonctionner pour toi. Croire en Dieu, travailler dur, faire confiance au processus, être patient, avoir de la gratitude pour chaque petite victoire que tu gagnes. C’est ça le message. C’est comme ça que je gère aujourd’hui ma notoriété.
"Tout ce qui incarne l’Afrique m’intéresse : la mode, la musique, l’art…"
Vous êtes très attentif à votre musique mais aussi à votre apparence, côté style vestimentaire. Dans quelle mesure est-ce important pour vous de promouvoir la mode africaine, avez-vous des artistes qui vous inspire ?
Je ne peux pas me permettre d’en citer quelques-uns, ce serait injuste car je suis inspiré par une multitude d’artistes africains. Je suis très proche de la mode africaine, j’ai un petit secret que les gens ne savent pas : pendant toute ma tournée, dans les 40 dernières villes, j’ai toujours une marque africaine sur moi. Mais, par exemple, le jean que je porte aujourd’hui vient d’une marque nigérienne et j’ai tatoué sur mon bras le logo d’une marque ghanéenne qui s’appelle Free The Youth !
Qu’est-ce que vous esquivez dans la musique ?
La comparaison. C’est ce qui tue l’art. C’est pourquoi je ne suis pas beaucoup sur les réseaux sociaux, que je ne suis jamais connecté. Je déteste la compétition, je ne veux même pas la voir. J’aime être dans mon monde, je ne suis en compétition qu’avec moi-même. Ce n’est pas parce que quelqu’un fait une chose différente de la tienne que c’est forcément mieux ou moins bien. Je souhaite juste faire de la musique, et aimer le faire, c’est tout. Period ! [Rires]
"OFA", Oxlade, disponible partout.
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