INTERVIEW
Publié le
6 décembre 2024
"Petit, je voulais être un rappeur. Je n’ai pas été rappeur, j’ai été producteur", explique-t-il. Producteur et beatmaker originaire de Marseille, Lyele s’est fait un nom à Paris, avec Universal et sa collaboration au côté de S.Téban. Mais c’est surtout sa signature que l’on reconnait dans les projets de La Fève, sur ERRR et 24. Fort de ce succès, Lyele franchit un nouveau cap : la production d’une mixtape personnelle. Avec le label Walone, il sort son premier projet solo Baked, composé de 15 titres, entouré de La Fève, Tiakola, Sonny Rave ou ThaHomey. Entre trap, soul et chant, il propose un mélange de styles cohérents et une palette d’émotions pour exprimer son art à sa manière.
Lyele, pourquoi avoir eu envie de sortir votre premier projet personnel ?
Petit, je voulais devenir rappeur, et j’ai finalement fini producteur. Je voulais sortir un projet où je pouvais pleinement exprimer ma vision. Quand je travaille avec des artistes, surtout ceux avec qui je suis proche, j’aime orienter la direction que je veux prendre. M’exprimer à 100 %, c’est quelque chose que j’ai toujours voulu faire depuis mes débuts en musique.
Si vous deviez décrire Baked en quelques mots ?
[Rires] Ce n’est pas facile de répondre mais je dirais : trap, beaucoup de soul, et une volonté d’apporter quelque chose de nouveau, en tout cas en France.
Quelles sont vos influences majeures pour cette mixtape ?
Quand j’étais petit, des projets comme ceux de Kanye West m’ont marqué. En trap, des producteurs d’Atlanta comme DJ Paul et Zaytoven m’ont beaucoup inspiré. Plus récemment, des gens comme Metro Boomin ou 808 Mafia ont influencé ma production, notamment pour ce projet.
Vous collaborez beaucoup avec La Fève, qui est présent sur plusieurs morceaux. Comment décririez-vous votre relation artistique ?
J’ai rencontré La Fève grâce à Universal. Nous avions le même éditeur, qui a remarqué nos univers similaires et qui nous a connectés. Tout s’est fait naturellement. Le premier son qu’on a fait ensemble, c’était l’intro de son projet ERRR. Depuis, nous travaillons souvent ensemble, que ce soit pour cette mixtape ou d’autres projets. C’est toujours très spontané et fluide.
“Ce serait un rêve de collaborer avec Kanye West.”
Le processus créatif avec les différents artistes a-t-il été similaire ?
Oui, en effet. La plupart sont des artistes avec qui je suis proche. Pour ceux que je connais moins, j’apprécie leur musique et leur univers. Si je sens qu’il y a un potentiel et que l’artiste est motivé, la collaboration se fait rapidement et naturellement.
L’intro du projet est sortie avec un clip. D’autres morceaux seront-ils clippés prochainement ?
Oui, j’ai quelques idées pour d’autres morceaux à clipper, mais rien de définitif pour l’instant. Comme pour "Laid Back", je veux proposer quelque chose de qualitatif avec un investissement similaire.
Quelle piste de l’album vous représente le mieux en tant qu’artiste ?
C’est difficile à dire. Chaque piste est une continuité de moi-même. Il y a beaucoup de choses que j’aime dans la musique, et c’est justement à travers un projet que je peux m’exprimer pleinement. C’est une palette d’émotions, et je n’aime pas les hiérarchiser.
Avec quel artiste rêveriez-vous de collaborer à l’avenir ?
J’aimerais collaborer avec des artistes américains que j’admire, comme Playboi Carti, Kanye West ou Future. Ce serait un rêve. Kanye et Future m’ont particulièrement influencé quand j’étais plus jeune.
Et avec des artistes féminines ?
Absolument. J’écoute beaucoup Sexyy Red, c’est probablement l’artiste que j’ai le plus écouté cette année, hommes et femmes confondus. J’aimais beaucoup Janelle Monae à une époque. J’ai aussi rencontré des artistes féminines à Atlanta, peu connues mais prometteuses. Elles apportent souvent une fraîcheur et un regard nouveau qui enrichissent le rap. En France, j’aimerais collaborer avec une rappeuse qui me fait rêver. J’ai déjà quelques idées…
"‘HyTunes’ représente une facette méconnue de moi : mon amour pour l’art contemporain."
Lyele, récemment, vous avez présenté une exposition au Palais de Tokyo baptisée "HyTunes". Que représente-t-elle pour vous ?
Elle représente une facette méconnue de moi : mon amour pour l’art contemporain. Cela fait une dizaine d’années que je visite régulièrement des expositions et m’informe sur le sujet. Cet intérêt m’a été transmis par mes parents, qui m’emmenaient dans des musées quand j’étais enfant, même si je trouvais cela ennuyeux à l’époque. Avec le temps, j’ai développé une vraie sensibilité pour cet art.
Comment l’idée de mélanger art et musique vous est-elle venue ?
L’art contemporain peut se mêler à la musique, à la mode ou au cinéma. C’est une source d’inspiration qui permet d’explorer de nouvelles idées. Dans le cadre de cette exposition, le mélange était naturel, car la salle où j’ai exposé était dédiée aux œuvres musicales. Je voulais aussi sacraliser la musique, la mettre en valeur, comme d’autres formes d’art le sont déjà.
Avez-vous déjà été influencé par l’art contemporain dans votre musique ?
Bien sûr, j’aime beaucoup les travaux de Pierre Huyghe, un artiste français qui m’a pas mal inspiré et influencé pour le clip de "Laid Back". Le peintre allemand Gerhard Richter aussi, je me sers vraiment de leurs créations pour m’inspirer et mêler musique et art contemporain dans un seul et même art.
Que faut-il esquiver dans la musique selon vous ?
Je dirais la complaisance, le fait de toujours faire la même chose et de rester dans sa zone de confort. Je pense qu’il faut explorer et innover, ça permet, je trouve, de garder excitant le fait de produire et faire de la musique.
Votre mixtape sort vendredi… Travaillez-vous déjà sur d’autres projets ?
Oui, principalement des collaborations avec d’autres artistes. Un deuxième projet solo est aussi prévu, mais je ne sais pas encore quand il verra le jour.
“Baked”, Lyele, disponible dès aujourd'hui.