INTERVIEW
Publié le
25 janvier 2024
En une journée de rentrée pluvieuse, Saint DX s'est prêté au jeu de l’interview, révélant des détails de son premier album : Way Back Home, disponible dès demain. Le compositeur et producteur, qui a notamment collaboré avec Damso, fera le bonheur de son public avec onze morceaux teintés de clair-obscur. L’artiste plonge au cœur de son paysage intérieur et dévoile, avec sincérité, ses vulnérabilités et ses aspirations. Un voyage musical attendu pour une expérience sonore captivante et introspective.
Votre prochain album "Way Back Home" sort ce vendredi. Pouvez-vous nous parler de la genèse de cette proposition artistique ?
Cela fait un moment que je pratique la musique, et c'est le premier album que je m'apprête à sortir. J'ai mis énormément de temps à me sentir suffisamment mature pour proposer quelque chose dans un format plus étendu. J'ai toujours craint de figer les choses dans ma vie, d'arrêter d'évoluer, et créer un album implique de faire des choix entre différentes chansons. Bizarrement, je ne me sentais pas légitime pour le faire, mais récemment, j'ai ressenti que c'était le moment opportun. Et bien que j'aie toujours eu le désir de créer un album, je sentais que je n'avais pas encore les bonnes chansons, ni la vision nécessaire. Je n'avais pas non plus rencontré les personnes qui pourraient m'aider à concrétiser ce projet. Je voulais enregistrer en studio pour obtenir un certain son, mais jusqu'à récemment, toutes les conditions n'étaient pas réunies. J'ai toujours fait des choses chez moi de manière un peu improvisée, en appréciant cela, mais je ressentais aussi le besoin d'avoir des expériences à raconter, quelque chose de plus que des chansons sur l'amour. Ces expériences, je les ai vécues au cours de ces dernières années, et cet album retrace également mon parcours.
"Je suis très patient, car il m'a fallu près de 10 ans pour prendre la décision de réaliser un album."
Dans votre clip "Way Back Home", vous semblez souvent pressé. Est-ce que cela reflète votre personnalité dans la vie de tous les jours ?
Je suis très patient, car il m'a fallu près de 10 ans pour prendre la décision de réaliser un album. Le truc, c'est que je ne suis pas un excellent acteur. Souvent, quand je dois tourner des clips, je me dis qu'il est nécessaire d'agir. C'est la meilleure façon d'arrêter de penser à la caméra et au regard. Courir ou marcher me permet d'oublier mes gestes et ma façon de poser, et je peux vraiment m'exprimer de manière plus libre.
Le 24 avril, vous serez à La Gaîté Lyrique. A quoi peut s’attendre le public et quelles surprises lui réservez-vous ?!
Une grosse surprise ! Actuellement, je travaille sur la version live, et les chansons de l'album vont subir des changements. Un batteur et un bassiste m'accompagnent sur scène, et il est possible qu'il y ait d'autres musiciens. Nous sommes en train de revisiter toutes les chansons. Je suis encore en phase préliminaire de ce live, donc je ne sais pas exactement ce que je vais proposer. Mais, ces versions seront beaucoup plus orientées rock et organiques.
Vous produisez plusieurs artistes très connus tels que Disiz et Damso sur plusieurs morceaux. Comment se sont passées ces rencontres ?
Ça a été un peu le fruit du hasard à chaque fois. En réalité, je ne viens pas du tout du milieu du hip-hop ou du rap. La rencontre avec Damso s'est faite par pur hasard. J'étais en résidence avec un ami à moi, qui était également sollicité pour le projet avec Damso. Il a entendu des chansons que nous avions créées et il nous a proposé de nous joindre à eux, car il avait envie d'explorer de nouvelles sonorités. Je me considère comme un bon producteur, surtout en ce qui concerne les synthés et les accords. J'ai des grilles harmoniques que j'aime beaucoup utiliser, et je pense que c'est ce qui a suscité l'envie à Damso de collaborer, et aussi de Disiz.
"J'ai des grilles harmoniques que j'aime beaucoup utiliser, et je pense que c'est ce qui a suscité l'envie à Damso de collaborer, et aussi de Disiz."
Vous les accompagnez sur plusieurs morceaux, notamment "911", "Deux Toiles de Mer", "BXL Zoo", "Thevie Radio", "Pour l’Argent" pour Damso. Comment se fabrique un tube ?
Quand on fait de la musique en groupe, car en réalité, ce n'est pas seulement moi, il y a beaucoup de gens dans le studio à ce moment-là. Pour "911", je venais de le rencontrer. Ça faisait 30 minutes que j'étais dans le studio, et je suis quand même assez intimidé, faut pas se le cacher ! Parce qu'il dégage quelque chose de plutôt fort, et ça a commencé lors d'une discussion. On a échangé, et j'ai sorti le synthé que je préférais à l'époque. Je me souviens qu'à un moment donné, il m'a lancé deux adjectifs en me disant qu'il aimerait qu'on aille dans cette direction. J'ai joué ces accords-là, et tout de suite, j'ai senti une réaction de sa part : "C'est ça ! C'est ça que je veux entendre à tel moment." Et c'est toujours la même chose. Même dans ma propre musique, pour mon album, je l'ai fait avec des producteurs qui étaient aussi sur l'album de Damso. Je me suis retrouvé dans la même position que Damso pour mon album, c'est-à-dire faire jouer des gens, et quand tu sens que ça fait résonner une corde sensible en toi, c'est là que c'est bon. Damso vient en studio, on fait de la musique ensemble. Parfois, lui aussi prend les instruments, et quand c'est là où il veut que ce soit, on a réussi.
En outre, vous semblez comprendre ce que le public recherche, car vos collaborations avec les artistes semblent toujours avoir un grand succès. Comment expliquez-vous cette réussite ?
Pour moi, c'est le fruit du hasard, en réalité. C'est simplement une rencontre. On a réalisé "911" en très peu de temps. C'est aussi lié aux artistes qui la chantent, Disiz et Damso. Ce sont vraiment des artistes extraordinaires. Donc, le succès leur revient à eux. À ma petite échelle, je suis responsable de leur succès, mais ce sont eux qui portent leur projet et qui font que ce projet-là explose, en fait. C'est vraiment un travail collectif. Il y a même quelqu'un qui est central, mais on n'en parle jamais, c'est l'ingénieur du son de Damso. Il est derrière l'ordinateur, mais c'est lui qui va faire sonner les choses.
Avez-vous des projets avec d'autres artistes ?
J'adore ça ! J'ai vraiment passé deux ans à travailler pour d'autres personnes, et pour l'album, j'ai aussi eu besoin que d'autres personnes travaillent avec moi. Et là, ça va me titiller, car j'ai travaillé avec un artiste que j'adore, qui s'appelle Johnny Jane. C'est un jeune artiste français, et en fait, ce sont des rencontres, tu vois. C'est génial de rencontrer des gens en studio. On se retrouve dans une position d'égal à égal.
En visitant votre site, j'ai remarqué une rubrique "Shop". Pouvez-vous nous parler de l'inspiration derrière la vente de t-shirts, comme l’oversize noir avec le logo Saint SDX à l'avant et le logo Unmixtape à l’arrière ? Quel concept se cache derrière ces choix de design ?
J'apprécie beaucoup de collaborer avec des graphistes. J'aime énormément l'univers graphique et visuel, et en ce moment, je travaille avec un graphiste, suite à une rencontre. Depuis mes 20 ans, le design de manière générale m'attire. Les courbes, les formes, la mise en page sont des aspects qui m'intéressent énormément.
"J’ai mis du temps à me rendre compte que la mode était importante pour moi. J'allais carrément à l'encontre de cette idée."
Vous avez un vrai goût pour le vintage. Cela traduit une certaine forme de nostalgie ?
Je ne suis pas très nostalgique. Je pense qu'il y a des époques qui étaient plus modernes que d'autres, et cela ne signifie pas nécessairement que tu avances dans le temps pour arriver dans la modernité. Actuellement, je me trouve peut-être moins moderne que dans une autre époque sur le plan politique.
Votre compte Instagram est très léché. Vous semblez apprécier la mode et la photographie. Votre look et vos photos sont-ils soigneusement travaillés ou vous avez tout simplement l’art de la sape en vous ?
Avant, c'était pire, mais maintenant, je suis obligé de lâcher un peu. Je suis très pointilleux, je ne suis pas quelqu'un de très organisé dans ma tête, donc j'ai besoin que les choses soient compartimentées, bien rangées. Il y a eu un moment où c'était carrément maladif ; je passais des heures, voire une journée, pour un post. C'était un cauchemar. J'ai appris, avec mon expérience de vie, à laisser les choses se faire. J’ai mis du temps à me rendre compte que la mode était importante pour moi. J'allais carrément à l'encontre de cette idée. Je faisais exprès de ne pas me saper parce que je trouvais ça extrêmement superficiel. Mais maintenant, je me dis que la mode, c'est la première manière de me montrer au monde. Tu n'es pas obligé d'avoir les dernières fringues à la mode, mais c'est toi et comment tu te sens à l'aise dans ton corps. Si tu te sens bien, tu vas affronter le monde d'une manière différente. Par contre, je suis extrêmement sensible à toutes ces questions de fast fashion, ça me dégoûte profondément.
"Way Back Home" de Saint DX, disponible dès demain.
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