INTERVIEW
Publié le
8 mars 2025
Reconnu par l’ONU comme une journée internationale depuis 1977, le 8 mars célèbre la Journée internationale des droits des femmes. Si l’engouement certain n’a plus à faire ses preuves, qu’en est-il vraiment du quotidien et du ressenti des femmes aujourd’hui ? Alors que l’ONU s’est penchée sur une nouvelle thématique : "Pour toutes les femmes et les filles : droits, égalité et autonomisation", que représente cette journée pour les femmes en 2025 ? Quels sont leurs défis à relever à notre époque ? S-quive a posé ces questions à des artistes, créatives ou entrepreneures.
Officialisé par les Nations unies depuis 1977, le 8 mars, couramment appelé "Journée de la femme", fait partie des 87 journées célébrées à l’international. Dorénavant baptisée "Journée internationale des droits des femmes", elle poursuit son action indispensable, tel un symbole des luttes des femmes pour une égalité toujours plus juste, pour fêter des droits acquis comme les droits du travail, le droit de vote mais aussi le droit de disposer de son corps et la loi relative à l’interruption de grossesse ("Loi Veil" de 1975), entre autres. Des acquis précieux, toujours susceptibles d’être remis en question dans certaines régions du monde. La vigilance est de rigueur.
Cette journée rappelle aussi les chiffres souvent en défaveur des femmes. Alors qu’une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son conjoint ou ex conjoint, que 65% des victimes dans le cercle familial sont des femmes, voire 95% dans le cadre conjugal selon le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI), que les femmes représentent 55% des ménages pauvres en France, ou qu’elles constituent 70% des travailleurs pauvres selon la Fédération des acteurs de la solidarité. Une féminisation de la précarité qui touche 4,9 millions de femmes dans l’hexagone. Quant à l’inégalité salariale, elle n’a pas tant que ça disparu, loin de là… Selon une étude de l’INSEE de 2023, l’écart du revenu salarial moyen annuel entre femmes et hommes était de 24,4% ; une différence qui s’amplifie dans les bas revenus (25%).
Cette journée symbolise l’importance du combat quotidien et constant pour protéger les droits des femmes et des filles à travers le monde. Cette année, l’ONU s’est penchée sur une nouvelle thématique : "Pour toutes les femmes et les filles : droits, égalité et autonomisation". Une envie de diffuser cette philosophie aux futures générations : les jeunes femmes et adolescentes en tant que catalyseurs d’un changement durable. L’année 2025 marque les 30 ans de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing, approuvé au niveau international en faveur des femmes et des filles. S-quive a posé deux questions à plusieurs femmes inspirantes : Que représente pour vous la Journée internationale des droits des femmes en 2025 ? Quel sont vos défis ? Voici leurs réponses pour un avenir plus égalitaire.
Que représente pour vous la Journée internationale des droits des femmes en 2025 ?
La journée des droits de la femme représente des après-midis passées en manif’, des regroupements dans la sororité mais aussi dans l'espoir de réduire une violence et une oppression omniprésente.
Quel sont vos défis ?
Mes défis sont de continuer à exprimer ces violences dans mes textes, et, avec un peu de chance, de rassembler un peu celles qui se sentent seules.
Que représente pour vous la Journée internationale des droits des femmes en 2025 ?
Pour moi cette journée du 8 mars, c’est à la fois l’occasion de rendre hommage à des femmes fortes et courageuses grâce à qui aujourd’hui on bénéficie de droits que plein de femmes n’ont pas dans le monde et nous envient ; mais c’est aussi l’opportunité de souligner et d’encourager les luttes encore nécessaires quant à l’équité, le sexisme et l’insécurité entre autres. En effet, il est aisé de remarquer que dès qu’une crise majeure survient au sein d’un pays, les femmes sont toujours en première ligne de mire et sont celles qui en pâtissent le plus : leurs acquis sociaux et leurs droits régressent, ils sont automatiquement remis en question.
Quel sont vos défis ?
Pour 2025, mes défis sont plutôt des objectifs : continuer à construire l’image et la communication de talents inspirants et de films percutants, tout en essayant d’être un peu plus le pont entre les différents interlocuteurs de ces univers, que le tampon. [Rires] J’ai grandi dans une famille très animée où l’on m’a toujours encouragée et fait confiance, j’ai également reçu une éducation sans distinction de sexe. C’est une chance inouïe ! Aujourd’hui, je souhaite pouvoir m’entourer dans le travail, comme dans la vie, de personnes tout aussi enthousiastes, qui partagent cette passion pour la musique, le cinéma, la culture et les rencontres, tout en espérant pouvoir leur insuffler un peu de cette force et de mon énergie débordante.
Que représente pour vous la Journée internationale des droits des femmes en 2025 ?
La Journée de la femme est toujours un moment contrasté : c'est important de parler des chiffres qui démontrent l'inégalité et les violences faites aux femmes, et malgré quelques progrès ces chiffres restent souvent déprimants, mais la journée porte aussi l’espoir d’un avenir plus égalitaire. Chez AWARE : Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, l'ONG que j'ai co-fondée et dont je suis la Directrice, nous nous attachons à construire une histoire cohérente et continue des créatrices, pour dépasser le simple constat et contribuer activement à une meilleure reconnaissance de la place des femmes dans l'histoire. Nous travaillons sur le passé pour assurer un meilleur futur.
Quels sont vos défis ?
AWARE doit poursuivre le travail de recherche pour documenter et mettre en lumière les créatrices qui ont trop longtemps été marginalisées dans l’histoire de l’art. Mais produire du savoir ne suffit pas : il faut aussi le rendre accessible, le diffuser largement et le partager avec des publics variés. Il s’agit aussi de continuer à élargir et fédérer une communauté internationale engagée, qui irrigue notre travail, nous inspire et nous permet d’avoir un impact toujours plus fort, afin de faire rayonner l’histoire des artistes femmes à travers le monde.
Que représente pour vous la Journée internationale des droits des femmes en 2025 ?
Pour moi, la Journée internationale des droits des femmes en 2025 est une journée comme une autre car j’aimerais qu’elle ait lieu tous les jours et pas que le 8 mars.
Quels sont vos défis ?
Je souhaiterais encore plus m’imposer dans mon domaine et faire rayonner ma réussite en tant qu’entrepreneure et en tant que femme. Montrer que, plus que jamais, c’est possible et qu’il ne faut pas écouter les personnes qui disent le contraire car c’est faux.
Que représente pour vous la Journée internationale des droits des femmes en 2025 ?
C’est un rappel que le combat est loin d’être fini. À travers mon travail, je rencontre des femmes qui luttent chaque jour pour exister : les femmes Mursi en Éthiopie, celles qui extraient du charbon en Inde, ou encore celles qui survivent en ramassant du plastique sur une montagne de déchets. Elles incarnent la force, la résilience, l’espoir. Mais au-delà de ces histoires, cette journée est aussi un miroir pour nous toutes. Elle questionne nos libertés, nos espaces, nos voix. Tant que l’égalité restera un idéal et non une réalité, cette journée devra être plus qu’une célébration : une prise de conscience, un cri, une impulsion pour continuer à avancer, ensemble.
Quels sont vos défis ?
Aller plus loin, plus profondément, dans mes immersions, dans mon travail, dans le choix de mes sujets. Continuer à explorer mon histoire, affiner ma compréhension du monde qui m’entoure et la transposer dans mes projets. J’aimerais aussi donner plus de visibilité à mon travail, non pas pour moi, mais pour que les histoires des communautés que je documente soient entendues et reconnues à leur juste valeur. Et surtout, apprendre à être pleinement là. Vivre le moment présent, sans me projeter constamment vers l’après. Me laisser traverser par l’instant, par ce qui est, et non par ce qui devrait être.