ARTS

L'urbex, ou quand la ruine devient sexy

Publié le

10 août 2021

Une expo street art dans un bâtiment désaffecté de la Poste près de la Gare de l’Est à Paris met en avant cette pratique d’exploration urbaine, apparue aux Etats-Unis dans les années 1980.

JC de Castelbajac à l'Essentiel
JC de Castelbajac @Art Azoï

Toits d’immeuble, carrières souterraines, friches industrielles… Rien n'assouvit la curiosité de l’explorateur urbain. Cet aventurier des temps modernes visite à sa guise des lieux laissés à l’abandon, à la ville comme à la campagne. Le tout sans commettre le moindre signe d’effraction. L’engouement pour l’urbex (contraction d’urban exploration) est croissant depuis plusieurs années, encouragé par le partage de photos et vidéos sur les réseaux sociaux. Certains YouTubers francophones, comme Mamytwink, en ont même fait leur marque de fabrique.

Adrénaline, histoire et découverte

Pourtant, ce mouvement est longtemps resté confidentiel. C’est à l’explorateur canadien Jeff Chapman, alias Ninjalicious, que l’on doit le début de sa notoriété. Dans sa publication Infiltration : the zine about going places you’re not supposed to go (“le magazine sur les endroits où vous n’êtes pas censé aller”) créée en 1996, il détaille les règles propres à l’urbex. Parmi elles : ne jamais forcer l’entrée pour pénétrer le lieu, ne pas le déranger pendant la visite, le laisser tel qu’il a été trouvé.

@Infiltration

Le nombre d’explorateurs urbains en France est aujourd’hui estimé à 10.000 individus, surtout des jeunes, attirés par ce mélange d’adrénaline, d’histoire et de découverte. La pratique n’est cependant pas sans risque : les bâtiments visités sont souvent des propriétés privées et/ou en mauvais état. Leur infiltration représente donc un danger pour la santé des explorateurs, qui s’exposent en outre à des amendes et des peines de prison.

Une démarche artistique

Une des missions sous-jacentes de l’urbex est de redonner vie à des endroits amenés à disparaître. Ce fut d’ailleurs celle de l’association Art Azoï pour cet ancien centre de tri postal, construit en 1965 dans le 11e arrondissement de Paris. Elle s’est chargée de contacter une quarantaine d’artistes (dont JC Castelbajac, L’Atlas ou encore Tanc), en leur proposant d’ajouter leur grain de sel dans ce bâtiment voué à être réhabilité.

Sur plus de 2.000 m², l’exposition L’Essentiel (référence à peine voilée au traitement de la culture, considérée comme “non-essentielle”, pendant l’épidémie de Covid-19) permet de découvrir cette résidence d’artistes de street art jusqu’au 29 août prochain.

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