DESIGN

Louis Vuitton célèbre ses designers de renom

Publié le

9 mai 2023

A l’occasion de la sortie du nouveau livre Louis Vuitton Skin : Architecture of Luxury aux éditions Assouline, le lauréat du prix Pulitzer, Paul Goldberger, étudie en profondeur les vitrines de la maison couramment appelées "Skin" dans le monde de l’architecture . De São Paulo jusqu’à Mexico en passant par Miami et Séoul, la maison française nous invite au voyage à travers la découverte de ses magasins les plus emblématiques.

Vue de nuit du magasin conçu par Jun Aoki sur l’avenue Midōsuji, à Osaka, dont la façade rappelle très clairement les voiles d’un navire.© Louis Vuitton Malletier/Stéphane Muratet

Frank Gehry, Jun Aoki et Peter Marino… Les architectes de renom sont mis à l’honneur dans l’ouvrage Louis Vuitton Skin : Architecture of Luxury, paru aux éditions Assouline. Sous la plume du critique d’architecture américain Paul Goldberger, l’identité esthétique de la marque est décryptée à travers les façades réalisées sur mesure, une expérience visuelle singulière et les particularités de chaque site pour éveiller les sens et les émotions des visiteurs.

Disponible en 6 couvertures, ce beau livre présente les magasins Louis Vuitton les plus exceptionnels, présents à New York, Paris, Pékin, Singapour, Séoul et Tokyo. Contrairement à l’uniformisation, Louis Vuitton a opté pour une approche diversifiée en matière d’architecture faisant de chaque magasin une expression urbaine unique qui s’intègre harmonieusement dans son environnement. “Aucun des magasins Louis Vuitton n’est conçu dans le but de se fondre dans le paysage urbain [...]. Comme les produits de la maison, ils sont développés dans le but d’attirer l’œil, devenant ainsi des destinations phares au cœur des villes du monde entier”, souligne Paul Goldberger. Chaque "Skin" transcende les codes visuels standardisés avec des devantures semblables à des œuvres d’art urbaines et captivantes. Un travail d’envergure réalisé par des designers qu’il est important de mettre à l’honneur.

Le sens du détail selon Peter Marino

Pour entamer ce voyage à travers le monde, il faut retourner où tout a commencé pour la maison… c’est-à-dire à Paris. Rendez-vous aux Champs-Élysées devant l’emblématique façade Louis Vuitton signée Peter Marino. Connu pour son travail novateur et sa contribution à la création d’espaces commerciaux haut de gamme pour Chanel, Dior, Bulgari ou encore Fendi, l’architecte américain, natif de New York, étudiera l’architecture à la Cornell University, avant de poursuivre sa formation à la Harvard Graduate School of Design. En 1978, il crée son cabinet d’architecte d’intérieur, et dès lors on le retrouve sur de grandes variétés de projets, de la conception de maisons privées à la rénovation de bâtiments historiques. Au-delà de son travail, Marino est également un collectionneur passionné et un mécène important dans le monde de l’art contemporain. Il est d’ailleurs à l’origine de la création de façades pour les magasins Vuitton de Paris, Séoul, New York ou encore Tokyo. Dès son ouverture en 2014, la merveille architecturale des Champs-Élysées fait sensation. L’architecte combine à la fois l’art et l’architecture en s’inspirant de l’emblématique motif Monogram du label, en créant cette structure de verre qui rappelle les célèbres toiles de la maison française. Elle est constituée de 11 panneaux de verre, chacun étant moulé selon une forme unique, recouvert d’une fine couche de métal dorée et sertis de profilés en aluminium laqués noir. La disposition aléatoire des panneaux donne une impression de mouvement. Peter Marino est reconnu pour son usage de matériaux luxueux et de qualité tels que le cuire, le marbre et le bois ainsi que pour son souci du détail, très minutieux. L’objectif était de créer une façade qui, non seulement reflète l’identité de la marque Louis Vuitton mais, qui s’intègre également harmonieusement dans l’architecture environnante. Pour ce projet, il a pris en compte les exigences de la ville de Paris, en respectant l’esthétique globale de l’avenue des Champs-Élysées, et les normes en vigueur les plus strictes en matière de durabilité et de performances énergétiques. Ville la plus visitée du monde, Paris a su trouver un architecte à la hauteur de son patrimoine architectural.

Des lames horizontales recouvrent toute la façade de ce magasin créé par Peter Marino et situé sur Rodeo Drive, à Los Angeles. Les 900 mètres carrés de ce magasin de dix étages se répartissent dans cinq "malles" empilées.© Louis Vuitton Malletier/Brad Dickson


Magie et sophistication avec Jun Aoki

Jun Aoki est un personnage incontournable de la scène architecturale japonaise. Il est le designer de la structure Louis Vuitton du quartier de Ginza, récompensée par le prix spécial du jury du Prix d’Architecture de Tokyo en 2011. Né Hiroshima, en 1956, le fils de Noriaki Aoki, architecte japonais, renommé, suivra les traces de son père en étudiant l’architecture à l’université de Tokyo. Très vite il collabore avec des grands noms de l’architecture Japonaise tels que Arata Isozaki et Tadao Ando pour fonder son cabinet d’architecture en 1991. Il imaginera et concevra ses créations pour de nombreux projets à travers le Japon mais aussi la Corée du Sud et la Chine.

Inaugurée en 2011, la façade Louis Vuitton de Tokyo devient un lieu de convergence pour les amateurs de mode et d’architecture. Elle est aujourd’hui une icône de la ville. La structure est entièrement recouverte de panneaux de verre ondulés laissant imaginer l’oscillation de l’eau à travers un mouvement de fluidité. Cette prouesse a été rendue possible grâce à une technologie de pointe permettant de plier le verre sans le briser. Influencée par des motifs traditionnels japonais comme le papier washi ou la courbe des éventails, la façade s’inspire également des drapés et des plissés des création Louis Vuitton. Le choix des matériaux est aussi intéressant : outre le verre ondulé, la structure se compose de marbre blanc de Carrare pour ses piliers de soutien, et de métal et de bois pour les détails de la façade. Contrairement à la structure parisienne, celle de Tokyo marque un contraste fort avec les bâtiments environnants, les jeux de lumière du verre et la colorimétrie holographique, confère à la façade une touche de magie et de sophistication à l’ensemble. Ce magasin, à la fois moderne et empreint de tradition, témoigne du talent de Jun Aoki et de sa vision esthétique.

Le magasin de Ginza Namiki-dori à Tokyo, a été conçu par Jun Aoki qui souhaitait qu’il épouse la forme d’un "pilier d’eau".© Louis Vuitton Malletier/Daici Ano


L’héritage d’Istanbul selon Seçkin Pirim

Au cœur d’Istanbul, un joyau architectural émerge avec éclat : la façade Louis Vuitton signée Seçkin Pirim. Telle une passerelle entre le passé et le présent, cette création captivante reflète l’audace et la créativité de l’architecte. Née à Istanbul, Seçkin obtient son diplôme à l’Université technique d’Istanbul et finira son cursus à la prestigieuse école polytechnique de Milan. Cette expérience renforcera sa passion pour l’architecture et lui permettra d’acquérir de nouvelles perspectives sur ses créations et ses perceptions. Très influencée par sa ville natale, son approche de l’architecture est innovante et respectueuse du patrimoine d’Istanbul. Dialogue subtil entre la tradition et la modernité, la façade témoigne d’une histoire riche et d’une diversité culturelle forte de la ville. En explorant des motifs traditionnels et en capturant l’esprit des monuments environnants, l’architecte a fait le choix d’un mariage de formes et de matériaux audacieux. Seçkin Pirim a imaginé une composition où les lignes contemporaines s’entrelacent harmonieusement aux matériaux nobles et innovants reflétant l’engagement de Louis Vuitton envers l’excellence et la qualité. Les détails de ces lignes sont un hommage à l’artisanat traditionnel d’Istanbul et les motifs délicats rappellent les arts décoratifs ottomans. C’est cette association entre la maison Vuitton et l’héritage traditionnel qui permet ce dialogue entre passé et présent. L’utilisation du verre est un élément central de la façade et offre transparence et luminosité. Habilement agencés, les panneaux de verre créent une symphonie visuelle captivante en combinaison d’éléments en acier qui ajoutent une touche de modernité à l’ensemble. Chaque détail a été soigneusement pensé pour refléter l’identité culturelle d’Istanbul et l’esprit de Louis Vuitton.

À Istanbul, l’ensemble de la façade est une oeuvre d’art : une installation permanente signée du sculpteur turc Seçkin Pirim qui explore la texture et la profondeur visuelle.© Louis Vuitton Malletier/Stéphane Muratet


L’énergie et le mouvement selon Frank Gehry

Au sein de la vibrante métropole coréenne Séoul, la maison Vuitton a, cette fois-ci, fait appel à l’architecte Frank Gehry pour la création de sa "Skin".  En véritable génie de l’architecture, Frank Gehry a rapidement su imposer son nom dans le domaine. D’origine canadienne et américaine, il naît à Toronto où il se prendra de passion, très jeune, pour l’art et l’architecture. Il étudie l'architecture à l'Université de Southern California, influencé par les travaux des architectes modernistes comme Le Corbusier et Frank Lloyd Wright. Leurs idées novatrices ont nourri sa créativité et ont servi de catalyseur à sa propre approche unique. L’architecte est notamment connu pour sa volonté de repousser les limites dans l’architecture. Son style signature se caractérise par l’énergie et le mouvement. Les courbes organiques, typiques du style de Gehry, se déploient avec élégance en créant une expérience visuelle dynamique. La façade, composée de verre de métal et de béton, offre une texture et une profondeur originale spectaculaire. Les inspirations de Frank Gehry sont multiples. Il puise dans l’architecture traditionnelle coréenne en s’inspirant des toits en pente et des courbes délicates présentes dans les palais et les temples. Il intègre aussi des éléments contemporains avec la création de jeux de lumière et de formes spectrales qui ajoutent une dimension encore plus artistique à la "Skin". Le public est émerveillé face à l’audace de cette structure qui captive autant les touristes que les experts en architecture du monde entier.

Le magasin de Séoul, unique création de Frank Gehry pour une boutique Louis Vuitton, rappelle les éléments architecturaux utilisés par le même Gehry pour la Fondation Louis Vuitton, à Paris, agrémentée de formes en verre rappelant les voiles d’un navire.© Louis Vuitton Malletier/Stéphane Muratet


Louis Vuitton a eu le don de s’adapter à chaque culture et à chaque histoire en créant des édifices uniques et éclectiques. En faisant appel à des architectes du monde entier aux influences diverses, la marque de luxe française s’est imposée aussi bien dans le monde de la maroquinerie, du prêt-à-porter que de l’architecture. La vision ancrée d’une maison avant-gardiste.

La collection "Louis Vuitton Skin : Architecture of Luxury" aux éditions Assouline, ici.

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