Louis Janmot : une âme picturale

Trente-quatre. C’est le nombre de tableaux et de dessins que l’on peut admirer à l’exposition consacrée à l’artiste Louis Janmot, mis à l’honneur au musée d’Orsay grâce au partenariat avec le musée des Beaux-Arts de Lyon. Son œuvre frappe par sa singularité. On vacille devant ces tableaux XXL et leur puissance émotive. Reportage.

Une rêverie exposée

Il est onze heures et le musée d’Orsay regorge de visiteurs. Des classes, des touristes, des solitaires. Tous se regroupent devant l’entrée pour visiteurs sans billets. A l’intérieur, le lieu de la rétrospective se situe au fond de la grande allée, presque dans l’ombre de celle organisée sur Vincent Van Gogh. L’entrée vers l’âme de Louis Janmot se fait à pas feutrés. L’autoportrait du peintre nous accueille. Son regard perçant sonde l’âme des visiteurs. Le bleu a été choisi comme couleur principale pour parer les murs. On avance dans un labyrinthe onirique. La lumière céleste et les couleurs vives qui composent les tableaux de la première partie dépeignent le début du voyage initiatique d’un jeune garçon et de son double féminin. Le passage de la peinture au dessin, dans la deuxième partie, marque la traversée vers un tourbillon de détresse auquel fait face le personnage principal. La cohérence visuelle et la mise en scène de l’histoire créent une bulle dans laquelle le visiteur est enfermé. Assise dans un des espaces où les vers du Poème de l’âme sont récités par une voix masculine, Julie, étudiante en Art, affirme tout en dessinant : "Je découvre Louis Janmot pour la première fois et cette jolie exposition m’inspire pour mon travail".

Un cheminement de pensées

‍"Poème de l’âme" n’est pas seulement un voyage à travers un songe. C’est aussi le récit d’une époque. On en apprend davantage sur le lien étroit qu’entretiennent les inspirations spirituelles et littéraires de Louis Janmot avec ses œuvres. Au détour de "cabinets", petites pièces qui attirent l’œil par leurs couleurs pastel, les visiteurs sont invités à graviter autour de l’univers du peintre. Ces pièces annexes ancrent Poème de l’âme dans le XIXème siècle. Rosa, étudiante de 18 ans, a trouvé très utile ces cabinets. Elle a pu découvrir les différents symboles utilisés par le peintre : la figure ailée qui représente l’âme, les paysages qui retranscrivent l’état spirituel du personnage. La jeune femme évoque cette exposition comme une "explosion de sentiments", entre "réalité et métaphore". Elle choisit une des œuvres qui a marqué son esprit, L’infini. Elle explique que "ce tableau marque le contraste entre l’homme solitaire, figure du matérialisme, face à une immensité immatérielle, la mer". Comme le jeune homme sur ce tableau, l’enthousiasme l’a envahie en parcourant cette âme exposée. Ce chemin mystique n’attend qu’à être emprunté.

"Poème de l’âme", au musée d’Orsay jusqu’au 7 janvier 2024.