Tina Turner : itinéraire d'une icône du rock

L’icône Tina Turner, qui a tout au long de sa carrière glané huit Grammys, s’est éteinte le 24 mai dernier, chez elle, à Küsnacht, en Suisse, des suites d’une longue maladie. De passage à Paris, l'artiste Beyoncé lui a rendu un hommage ému sur la scène du Stade de France, le 26 mai dernier, reprenant le titre "River Deep, Mountain High". La vie de la rockstar ne peut se résumer en quelques lignes, tant elle aura été à la fois chaotique, tumultueuse et emplie d’ombre et de lumière. Celle que l’on surnommait "La reine du rock and roll" est née en 1939, sous le nom d’Anna Mae Bullock, dans la petite ville de Nutbush, au Tennessee. Si ses parents, Zelma et Floyd Richard, travaillaient dans les champs et ne prêtaient guère attention à leur fille, son destin en décidera autrement.

Started from the bottom…

C’est en 1957 que la vie de Tina Turner connaît son premier tournant. Cette année-là, sa mère déménage à Saint-Louis, emportant avec elle la future diva. C’est dans cette ville du Missouri qu’elle rencontre l’homme qui l’a fait entrer dans la lumière, mais également celui qui lui fera subir les pires sévices. Un soir, et après s’être joué de la sécurité, Tina Turner entre dans un club où se produisent les Kings Of Rhythm. Sur la scène, elle voit pour la première fois celui qui deviendra son premier amour, son bourreau et le père de son enfant : Ike Turner. Ce dernier lui propose de les rejoindre. C’est ici que débute la carrière de Tina Turner.

D’abord engagée comme choriste, elle noue une relation amoureuse avec l’un des musiciens d’Ike, le saxophoniste Raymond Hill, qui lui donne un enfant en 1958. Elle tombe amoureuse d’Ike, avec qui elle aura également un enfant en 1960, Ronald. Ike Turner décèle bien vite tout le potentiel qui sommeille en Tina. Au côté de ce dernier, la chanteuse connaît ses premiers succès avec "A fool in love", "I Idolize You" (1960), "Poor Fool" (1961) ou encore "It’s gonna work out fine" (1962)... Tina et Ike se marient en 1962 au Mexique. C’est là que les soucis commencent puisque son mari, drogué et alcoolisé, la violente, l’insulte et la force à s’exhiber et à jouer les aguicheuses pour exciter le public. Après plusieurs épisodes de ce type, plus violents les uns que les autres, et un début d’indépendance pris par l’artiste avec le producteur Phil Spector, le couple se sépare en 1976. Sans-le-sou, la chanteuse quitte le foyer et désespère de trouver un producteur ayant foi en elle. Difficile en effet de miser sur une femme recouverte de bleus, dont les plus belles années semblent derrière elle.

Now we’re here

N’ayant plus grand chose à perdre, Tina Turner tente le tout pour le tout et se rend en Angleterre. Là-bas elle parvient à convaincre un producteur, chez Capitol, de la faire enregistrer plusieurs chansons, dont le classique d’Al Green, "Let’s stay together". Jackpot, son premier album enregistré sur l’île britannique s’écoule à cinq millions d’exemplaires, avec comme titre majeur "What’s love got to do with it". Elle peut même se targuer d’avoir joué au côté de l’acteur américain Mel Gibson, dans le film Mad Max : au-delà du dôme de tonnerre, sorti en 1985. Les tubes The Best (1989) et Golden Eye (1995), écrit par U2 pour le film James Bond, deviennent également des succès planétaires. Un parcours cyclique et haut en couleur pour celle qui recherchait constamment la tranquillité et la discrétion les dernières années de sa vie.