ARTS
Publié le
30 novembre 2023
L’artiste contemporain Loris Gréaud, présente actuellement son exposition "Les Nuits Corticales" au Petit Palais, jusqu’au 14 janvier 2024. Cette aventure créative et immersive transporte les visiteurs dans un univers énigmatique et multisensoriel.
L’exposition de Loris Gréaud, "Les Nuits Corticales", est un univers inattendu, qui saisit les visiteurs, éveille leurs sens avec audace. C’est une métamorphose artistique, qui a réussi à repousser les frontières de l’art en les réinventant sous un nouveau jour.
À l'entrée de la Galerie Nord du Petit Palais, l'artiste Loris Gréaud, a choisi de transporter une gamme d'émotions chez les visiteurs. C’est grâce aux statues de la catégorie I - I Tacet, qui accueillent les regards. Elles incarnent la forme des anges du dôme du Val-de-Grâce. Des "euphones" sont disposés sur les quatre sculptures de l’aile Nord. Ce sont des instruments de musique contemporains, composés de huit sections tubulaires en aluminium, reposant sur un socle plat en acier, revêtu d'une peinture époxy. L'ensemble est maintenu par des tiges inoxydables et une boulonnerie en acier. C’est à 17h15 que chaque jour, ces statues murmurent la fin de l’exposition. Une harmonie visuelle et auditive servie par des artistes, qui offrent un spectacle unique aux visiteurs. Pour certains, ces statues éveillent une grande curiosité, grâce à leur capacité à se métamorphoser. Valeria, touriste d'origine italienne âgée de 49 ans, en vacances avec sa famille, exprime la nécessité de "comprendre le sens caché derrière ces créations" et "les émotions que l'artiste cherche à évoquer".
En se dirigeant vers le jardin, l'installation intitulée "Les Nuits Corticales" se dévoile. Des boîtes noires sont présentes, disposées dans des petites piscines peu profondes entourées par la nature et ses sons. La première piscine abrite une unique boîte noire, la deuxième en a deux, et la troisième n'en possède qu’une. Ces mystérieuses boîtes émettent de l'eau, de la mousse et une brume qui peut faire penser au brouillard, créant l'illusion de se perdre en pleine nature, avec, pour seul compagnon, les sons qui nous entourent. Ces petites piscines sont installées au cœur d'un environnement forestier, entourées d'arbres et de buissons, avec des haut-parleurs diffusant en temps réel les sons d'animaux venus d'Afrique, d'Amazonie ou encore d'Australie.
Elles procurent un sentiment de sécurité pour quelques-uns. Sylvie, 70 ans, venue explorer le musée avec son amie, a découvert cette exposition, sans avoir préalablement fait des recherches. Il s’agit pour elle, d'un "contexte extraordinaire et hors du commun, qui nous met en confiance". Elle précise également "qu'il est nécessaire de se renseigner pour comprendre la manière de visiter cette exposition", mais elle ne "regrette en rien sa décision" de participer à cette aventure artistique. En revenant vers la rotonde du Petit Palais, deux autres œuvres se tiennent dans la galerie Sud. Malheureusement, elles sont inaccessibles pour le moment en raison de la privatisation de l'espace par une société privée. Le mystère persiste chez certains, éveillant un intérêt sur ce qui se cache derrière cette grand-voile noire, les poussant ainsi à revenir.
Curiosité et contemplation, ce sont les effets que provoque cette exposition sur ses visiteurs. La "nécessité d’explorer tous les coins" est créée. Chacune des œuvres exposés a un pouvoir qui pousse les spectateurs à en chercher plus, allant donc à l’encontre de l’étape suivante. Pour Marion, étudiante de 23 ans, c'est la curiosité qui l'a guidée : "Je ressentais le besoin d'aller voir la suite". Chaque œuvre invite à une réflexion profonde sur la signification qui se cache derrière. Les statues d'anges, ont eu un effet "libérateur" pour certains. Malgré l’aspect des barres qui évoque des cages, ces tubes permettent de créer de la musique, tout en allant au-delà des barrières où les anges sont confinés. "Le pouvoir de se surpasser et d’affronter toutes les épreuves" est ce qu’a ressenti Marion. L’exposition crée un lien unique entre l'art et l’observateur.
Le jardin, quant à lui, supprime la frontière entre la réalité et l'imaginaire. Certains visiteurs, ferment les yeux, pour "se sentir flottés au milieu de la nature". Chaque bruit émis est une nouvelle expérience, chaque visiteur ne vit pas la même expérience. Le vent qui souffle l'éléphant qui passe, le silence qui génère l’inquiétude. Tous ces facteurs qui plongent les passants dans un état où le corps et l’âme sont immergés.
Cette aventure engage tous les sens. Le moment de la journée pour réaliser la visite est tout aussi important. En soirée, le ressenti est différent. La tombée de la nuit apporte une autre dimension, les visiteurs se retrouvent livrés à leurs émotions dans un espace où la vue est limitée. L'artiste Loris Gréaud a réussi à créer un nouveau concept, permettant à l'art de gouverner les émotions. Son exposition offre des sensations inoubliables pour le cœur, où chaque visiteur peut se créer un monde entre l’imaginaire et le réel, en faisant voyager son âme, là où le corps ne peut accéder incitant à l’exploration de l’incertitude.
"Les Nuits Corticales", de Loris Gréaud au Petit Palais jusqu’au 14 janvier 2024.