CINÉMA
Publié le
29 mars 2023
Le dernier film de Jeanne Herry raconte le triomphe du collectif par la justice restaurative. Entre témoignages émouvants et confrontations saisissantes, le casting cinq étoiles met en lumière un processus méconnu mais réparateur.
Loin des grandes assemblées et des salles d'audiences au décor boisé, c'est dans un petit local que se déroulent les séances de confrontation dans Je verrai toujours vos visages, troisième long-métrage de Jeanne Herry au casting cinq étoiles. Après Pupille, la réalisatrice retrouve Gilles Lellouche et Elodie Bouchez pour évoquer le sujet de la réparation via une configuration pénale peu connue : la justice restaurative. Institutionnalisé depuis 2014 grâce à Christiane Taubira, ce processus vise à renforcer le dialogue, pour tendre vers une certaine efficience des sanctions pénales. Le film narre avec sincérité la rencontre entre des trajectoires éloignées, pour finalement mieux les réparer.
Dans la fiction, victimes, détenus, et encadrants se donnent la réplique, et entretiennent un jeu émotionnel et psychologique millimétré, qui passe naturellement par le texte, la voix, et les visages. Réunis en cercle, Miou-Miou, Gilles Lellouche, Birane Ba, Dali Benssalah, ou encore Fred Testot dévoilent une force d’interprétation hors norme, ravivant l’étincelle d’un cinéma français parfois monochrome. A l’instar du duo Leïla Bekhti et Dali Benssalah, les protagonistes se laissent eux-mêmes happer par un récit hors du temps, aux scènes touchantes, et à la justesse de jeu presque absolue.
Par une double narration, le film aborde un aspect de la justice lui aussi peu appréhendé : la médiation, dispositif dans lequel la victime est confrontée à son propre agresseur en face-à-face. Par une performance remarquable au côté d’Elodie Bouchez, Adèle Exarchopoulos se distingue avec brio, incarnant le rôle d’une jeune femme violée par son frère durant son enfance. Par des choix forts dans le scénario et cette rigueur d’interprétation d’un casting éclatant, Jeanne Herry esquive le registre documentaire pour davantage "éclairer un endroit du réel peu connu, qui propose des outils porteurs d’espoir".