CINÉMA
Directement inspiré de son histoire, le premier long métrage de la jeune réalisatrice Nine Antico exhorte les tracas d’une jeunesse en crise existentielle.
Sophie a 28 ans. Elle multiplie les expériences amoureuses et professionnelles. Ce qu’elle désire par-dessus tout, c’est vivre du dessin. Seulement voilà, elle n’est diplômée d’aucune école d’art, ce qui lui cause des humiliations à répétition. Elle aimerait aussi trouver l'amour, mais ce serait tellement plus facile s'il sautait aux yeux. Dans sa tête tourne en boucle Daniel Johnston, qui chante que "l'amour véritable finit bien par vous tomber dessus" ; mais Sophie se demande s'il dit vrai. Prendre des coups, beaucoup, en donner, un peu : c’est ça, l’apprentissage.
Interprétée par la pétillante Sara Forestier, Sophie incarne toute une génération qui galère à vivre de sa passion. Une génération qui préfère enchaîner les petits jobs plutôt que d’exercer un bullshit job. Amour, passion, profession idéale, l’équation d’une vie rêvée. L’ambition comme motivation, est-ce bien suffisant ? Comment être reconnue à sa juste valeur sans avoir fait le cursus idéal ? Sous une apparente légèreté, c’est la que pose Playlist. Celle du déclassement des jeunes de la classe moyenne, boursiers et résignés, qui se détournent des écoles payantes et, potentiellement, de leur rêve. Une jeunesse contrainte de faire des choix purement économiques. Et l’amour dans tout ça ? Rencontrer l’âme sœur est une difficulté supplémentaire pour ces millennials enquête d’eux-même. En résumé : "après 25 ans, on va se faire foutre?".
Ce n’est pas la première fois que Nine Antico, réalisatrice de cette comédie douce-amer,aborde un sujet de société. Déjà avec la bande-dessinée Il était 2 fois Arthur, elle s’attaque à l’émancipation en période de ségrégation raciale. Illustratrice et bédéiste française, la banlieusarde s’est lancée dans le septième art pour mieux raconter sa génération.
Playlist, Nine Antico, en salles depuis le 2 juin 2021.
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