INTERVIEW

La Journée internationale des droits des femmes 2024 : entre célébration, réflexion et action

Publié le

8 mars 2024

Chaque année, le 8 mars, le monde entier célèbre la Journée internationale des droits des femmes. Mais au-delà des fleurs, des cadeaux et des hommages, pourquoi a-t-elle été insérée au calendrier ?! Quelles sont ses ambitions ? Et finalement, que représente cette journée, pour les femmes, en 2024 ? S-quive a posé cette question à des créatives, des auteures, des entrepreneures, des cheffes, des publicistes… Les voici. 

Virginie Mouzat, auteure de La vie adulte, Le dernier mot, Et devant moi la liberté, Une femme sans qualités ©Filep Motwary

La Journée internationale des droits des femmes, couramment appelée "Journée de la femme", trouve ses racines dans les mouvements ouvriers et socialistes du début du XXᵉ siècle en Europe et aux États-Unis. Instaurée pour commémorer les luttes des femmes pour l'égalité, les droits du travail et le droit de vote, cette journée est un rappel des progrès réalisés, mais aussi des défis persistants auxquels les femmes du monde entier sont confrontées.

Pour beaucoup de femmes, la Journée internationale des droits des femmes représente bien plus qu'une simple célébration. Et pour cause. A une époque où le droit à l’IVG n’est toujours pas autorisé ou évident dans certains pays du monde, où les féminicides persistent (1 femme meurt tous les trois jours sous les coups de son conjoint ou ex conjoint), où 53% des pauvres en France sont des femmes, ou encore, où à poste équivalent, les femmes gagnent 15% de moins que les hommes (Insee)… Cette journée marque un temps pour réaffirmer l'importance de la lutte pour l'égalité des sexes, mettre en lumière les réussites et les contributions des femmes dans tous les domaines de la société, continuer à œuvrer pour un monde où chaque femme et fille peut réaliser son plein potentiel, sans discrimination ni entrave.

En 2024, les Nations Unies mettent l’accent sur la thématique : "Investir en faveur des femmes : accélérer le rythme". Une ligne choisie afin de soutenir les agents de changements féministes, une économie de verte, une société de soins ou encore en exerçant une économie qui tient compte du genre. Des propositions et un axe de dialogue nécessaires alors que le monde fait face à des défis sans précédent. Les femmes continuent de jouer un rôle essentiel dans la lutte contre la pandémie, dans la science, la politique, les arts, l'économie et bien d'autres domaines. Mais, les inégalités persistent. La pandémie a aussi exacerbé bon nombre de ces disparités, mettant en évidence la nécessité d'une action collective pour garantir les droits et le bien-être des femmes et des filles.

S-quive a décidé d'interroger différentes femmes inspirantes sur ce que représente cette journée pour elles en 2024. Leurs réponses offrent un aperçu précieux des défis auxquels les femmes sont confrontées aujourd'hui, mais aussi de leur résilience, de leur détermination et de leur espoir pour un avenir plus égalitaire et inclusif.

"C’est une journée paradoxale que ce rituel alors que la femme est remarquable dès sa naissance, quotidiennement. Sa voix, son vote, son corps, sa place, une certaine forme de liberté en sorte, est son combat de chaque jour, depuis si longtemps. Défier les assignations péjoratives, se sortir des stigmates d’un jeunisme éternel, soutenir le regard, c’est son lot. Alors si aujourd’hui, les hommes quand il la croise dans le métro, au bureau, à la maison leur disaient 'bravo', 'respect', 'admiration', un de ces trois mots. À une collègue, une sœur, une épouse, une boss, la femme de ménage ou la serveuse…. Ce serait transformer ces 24h en journée de déférence aux héroïnes qu’elles sont. Prononcer ces mots de reconnaissance, c’est admettre une fois de plus, ouvertement ce jour-là, l’essence de leur nécessité parmi les hommes." Virginie Mouzat, auteure

Victoria Boller, cheffe d'Aux Lyonnais

"Je fais partie des nombreuses femmes cheffes chez Ducasse Paris. Nous sommes jugées sur nos compétences et notre expérience, pas sur le fait que nous soyons des femmes. Néanmoins je pense qu’il est important que cette journée existe pour sensibiliser sur les efforts encore nombreux à fournir pour considérer les talents et salaires de façon égalitaire, c’est un état d’esprit que mon équipe adopte sans problème. J’espère que ça sera évident pour tous dans les années à venir." Victoria Boller, cheffe d'Aux Lyonnais

Ehla, chanteuse ©Valentin Fabre

"Pour moi, chaque jour devrait être la Journée de la femme. Je préfèrerais qu’il n’y ai pas à célébrer notre existence une seule fois par an. J’aimerais plutôt me sentir en sécurité la nuit, être payée autant que les hommes et ne pas subir la pression de l’âge durant 365 jours. Un jour pour couronner nos combats ce n’est pas assez, mais cela reste un début d’espoir." Ehla, chanteuse

Sigrid Agren, mannequin et professeure de Qigong

"Aujourd'hui, nous n'en sommes plus à prouver que la femme est l'égale de l'homme, qu'elle peut exister et briller avec force, détermination, puissance. Aujourd'hui, pour moi, célébrer la femme, c'est aussi la célébrer dans ce qu'elle a d'unique et de plus beau - à mon sens : sa douceur, sa vulnérabilité, son intériorité. En effet, dans une société qui a été et est toujours principalement menée par des valeurs masculines, il semble qu'il serait temps de rééquilibrer les choses et de célébrer la femme dans tout ce qu'elle est. Je rajouterai également que dans un monde où la notion "homme-femme" est de plus en plus floue, ça fait du bien de se rappeler que nous avons en chacun de nous du féminin et du masculin, que ce sont des forces complémentaires et non opposées, et que chacune bénéficie de la présence de l'autre." Sigrid Agren, mannequin et professeure de Qigong

Les deux fondatrices de Girls Support Girls : Vanessa Djian (productrice) et Karolyne Leibovici (publicist) ©Sylvie Castioni – Festival de Cannes 2023 – Terrasse Kering – Woman in motion

"Il suffira d’une crise pour que les droits des femmes soient remis en cause, la sororité comme nous le prônons est absolument déterminante en cette journée des droits internationaux de la femme." Vanessa Djian, productrice et co-fondatrice de Girls Support Girls

"Chaque année, un thème précis est fixé par l’Organisation des Nations Unies. Le thème retenu pour l'édition 2024 s'intitule ‘Investir en faveur des femmes : accélérer le rythme’. Il est à souhaiter qu’encore plus de dépenses consacrées aux mesures en faveur de l'égalité des sexes soient effectuées." Karolyne Leibovici, publicist et co-fondatrice de Girls Support Girls

Camille de Decker, fondatrice et directrice éditoriale de la maison d'édition Beta Publisher ©Manuela Carneiro

"Pour moi, le 8 mars n'est pas la Journée de la femme, mais bien des droits des femmes, car c'est bien là que se cristallise le combat toujours aussi actuel et nécessaire du féminisme. Cette journée doit nous rappeler qu'il ne faut pas s'arrêter car l'égalité homme-femme n'est toujours pas acquise." Camille de Decker, fondatrice et directrice éditoriale de la maison d'édition Beta Publisher

Maud Rabin, directrice de Rare Champagne ©Marco Strullu

"La Journée internationale des droits des femmes, cette année, est pour toute française, je crois, toute particulière dans la mesure où l’on vient de franchir une étape historique par l’inscription dans la constitution de la 'liberté garantie' des femmes d’avoir recours à un IVG. Concrétisation aujourd’hui même (4 Mars) nous l’espérons, à Versailles (tout un symbole). Cela dit beaucoup de choses. La Liberté. Nous devrions être à l’égal de l’homme. Être Libre de penser et d’agir. Or en 2024, nous en sommes toujours à devoir nous battre. Pire, nombreux et malheureusement plus nombreux encore, tels que les USA (pays prônant la Liberté !?!), régressent, rapidement, sûrement. On connaît, aussi, les pays dans lesquels nos droits sont même réduits à l’état de poussière. Cela fait peur. Cela fait trembler les générations à venir. La bataille est de tous les instants. Et, plus que jamais on se doit d’être soudées et d’appliquer la règle (transmise par mon grand-père) des trois D : droites, debout, dignes. Les pays nordiques sont le souffle d’inspiration, la France, les rejoint petit à petit. Je reste très positive car la toute-puissance féminine est bien là. Nous sommes la force créatrice et avons ce don de pouvoir donner la vie ! Donc notre force, nos ressources sont immenses, inépuisables. Les raisons de célébrer ce 8 mars sont nombreuses et il ne s’agirait pas d’imaginer un jour qu’elle puisse être esquivée." Maud Rabin, directrice de Rare Champagne

Soraya Jaber, entrepreneure tech et conférencière ©Thomas Laisne

"Pour moi, la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars, est un moment essentiel pour valoriser et poursuivre la lutte pour l'égalité de genre. C'est un jour où nous célébrons non seulement les actions mises en place tout au long de l'année, mais aussi les progrès réalisés par les femmes et les hommes courageux qui s'engagent pour changer les codes et faire avancer la société. Elle rappelle que les acquis des femmes ne sont jamais garantis, comme en témoignent les récentes restrictions sur l'IVG aux USA ou les régressions des libertés des femmes en Iran. C'est une journée pour réfléchir aux progrès dans tous les domaines de la société - politique, économique, social ou culturel - et pour prendre conscience que le combat est quotidien. Le 8 mars n'est pas qu'une commémoration annuelle, mais un rappel que chaque jour doit être consacré à la promotion de l'égalité et à la défense des droits des femmes partout dans le monde." Soraya Jaber, entrepreneure tech et conférencière

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