INTERVIEW
Publié le
11 juillet 2024
Après plusieurs années au sein du groupe Accor, l’entrepreneure engagée et fondatrice de Ginger & Limón, Clarisse Castan s’impose comme un nouveau visage phare dans l’univers de la communication. Présente dans le classement 30 Under 30 du magazine Forbes, l’année passée, la trentenaire déploie une force de travail constante et persévérante pour atteindre ses objectifs et relever des challenges audacieux avec ses talents, mais aussi les maisons de luxe avec lesquelles elle collabore. C’est sur le rooftop de l’hôtel de Pourtalès (Paris VIIIe), après une journée de tournage, que nous l’avons rencontrée. Entourée de son équipe, la jeune femme est revenue sur son parcours avec passion et détermination.
Clarisse, qui êtes-vous en quelques mots ?
Je m’appelle Clarisse Castan, j’ai 30 ans, je suis originaire du Sud de la France, et je suis la Fondatrice de l’agence de communication Ginger & Limón. C’est une agence internationale avec deux pôles : un pour les marques principalement luxe & lifestyle que l’on accompagne sur leur stratégie marketing, communication et événementielle, et un second qui accompagne les célébrités sur leurs images, leurs projets, la préparation post carrière, les investissements et la partie associative aussi.
C’est au sein du groupe Accor, à tout juste 23 ans, que vous avez fait vos preuves en tant que directrice de cabinet, puis à la tête de la communication digitale VIP/célébrités de toutes les marques du groupe à travers le monde. Comment réagit-on aussi jeune face à de telles responsabilités ?
J’ai beaucoup travaillé, et je travaille encore beaucoup. Je crois que je suis work addict, ce qui m’a aussi aidé à faire face au syndrome de l’imposteur. J’ai tout fait pour réussir, montrer qu’on avait eu raison de me faire confiance, malgré mon jeune âge et je suis drivée par les objectifs donc je fais tous pour les atteindre le plus vite possible. J’ai une reconnaissance éternelle pour ces personnes qui ont cru en moi, comme Sébastien Bazin, PDG du groupe Accor.
Vous avez fait partie du classement des 30 Under 30 du magazine Forbes, l’année dernière. Que signifie-t-il pour vous ?
Cela a été une vraie reconnaissance internationale, j’ai mis du temps à réaliser que je faisais partie de ce classement. Les 30 personnes les plus influentes de moins de 30 ans, c’est fou. Sincèrement, ça vous donne de la force, et j’espère que ça donne aussi espoir aux jeunes.
Un mois plus tard, vous avez lancé votre agence de communication internationale Ginger & Limón. Si vous deviez nous rendre un bilan, non pas comptable, mais expérimental, quel serait-il ?! Pouvez-vous revenir sur la genèse du projet ?
C’est une aventure humaine incroyable. Il y a 2 ans, jamais je n’aurais imaginé créer ma propre entreprise. Ce n’était absolument pas dans mes plans, j’étais axée sur l’évolution dans un grand groupe mais la vie est pleine de surprise. Fin 2022, je me fais beaucoup chasser par d’autres groupes, j’ai aussi des personnalités qui me proposent de travailler avec elles, mais je ne fais pas forcement attention. Je pars 3 semaines en voyage humanitaire au Togo sur les fêtes de fin d’année avec deux de mes meilleures amies, et c’est là où j’ai eu le déclic et que c’est devenu mon objectif de 2023, voir une obsession : lancer ma propre agence.
Vous gérez l’image d’athlètes, d’artistes, de mannequins et de personnalités du cinéma… Comment choisissez-vous les profils influents avec lesquels vous souhaitez collaborer ?
Le plus important pour moi c’est le feeling humain, les valeurs si elles sont communes aux miennes, il y a le côté engagement aussi. Et évidemment, je ne prends pas de talents avec qui je ne pense pas avoir de valeur ajoutée ou avec lesquels je n’ai pas de vision. Si je signe un talent, c’est que j’ai déjà une stratégie en tête et que je sais exactement où je veux l’amener.
"On peut arriver à tout mais il faut travailler, se fixer des objectifs, faire des sacrifices et avoir une vraie discipline."
Comment définiriez-vous ce qu’on appelle "l’influence" aujourd’hui ?
J’ai du mal avec le mot "influence" car malheureusement, ces dernières années, il a été mal utilisé. Pour moi, l’influence, c’est l’évolution de la publicité. Avant, on mettait une grande partie des budgets communication sur de la publicité TV ou affichage ; aujourd’hui, la publicité la plus performante est celle qu’on qualifie d’"influence". C’est de la publicité via des personnes, dites "content creators" ou célébrités, qui véhiculent des valeurs et communiquent auprès de leurs communautés. C’est plus puissant que la publicité traditionnelle car ça passe par l’humain.
Vous côtoyez des sphères qui suscitent le fantasme de la Gen Z, notamment via les réseaux sociaux, mais vous le dites vous-même : "Instagram, c’est ce que l’on veut montrer". Pensez-vous que cette frontière est suffisamment saisissable ?
Oui, je le dis beaucoup : Instagram ou TikTok, ce n’est pas la vraie vie. Les gens vous montrent ce qu’ils veulent ! On a tous une vie canon sur les réseaux ! Je vous assure que je ne suis pas aussi fraîche que sur mes photos Instagram quand je me réveille à 6h du mat’ ; que non, ma vie n’est pas toujours rose et qu’on vit tous des moments compliqués, mais surtout ce que je veux que les jeunes retiennent, c’est qu’aujourd’hui les réseaux peuvent vous faire croire que tout se passe en un claquement de doigt. Je ne veux casser aucun rêve, au contraire, je suis sûre que si on se donne les moyens, on peut arriver à tout mais il faut travailler, faire des sacrifices, se fixer des objectifs et une vraie discipline.
C’est aussi auprès des marques que vous offrez votre savoir-faire. Vous parlez souvent de la notion "d’expérience", cela signifie des moments hors du temps ?
Je pense que c’est une de mes forces. J’ai développé une vraie expertise sur l’industrie luxe & lifestyle. Aujourd’hui, que ce soit les marques, les clients, ou les personnalités avec qui on collabore, ils recherchent ce qu’on appelle des expériences "Money Can’t Buy". Et sur ces sujets-là, on a une vraie créativité, j’adore les challenges et les missions impossibles, jamais réalisées qui offrent des moments uniques et des souvenirs à vie.
Quel est votre rapport à la mode ? Y a-t-il des maisons avec lesquelles vous rêveriez de collaborer ?
J’ai toujours été passionnée de mode. Enfant, je voulais être styliste. En toute transparence, il y a beaucoup de maisons qui me font rêver, et j’ai la chance de collaborer avec certaines comme Louis Vuitton & Tiffany & Co.
"Une femme puissante, c’est une femme indépendante qui fait ce qu’elle veut quand elle veut et qui n’attend après personne pour atteindre ses objectifs et réaliser ses rêves."
Des sacrifices, la solitude… mais aussi l’humain, la résilience et l’intuition… Ce sont des termes qui résonnent en vous. Vous le dites : "Entreprendre, c’est découvrir un monde" … Est-ce que le doute a sa place dans votre quotidien ? Comment le gérez-vous ?
Publiquement, je ne montre pas de faiblesses ou de moments de doutes. Si vous me croisez, j’ai quasi 98% du temps le sourire, c’est une de mes forces. Cela ne veut pas dire que ce n’est pas dur parfois, que je ne craque pas, mais soit je suis seule, soit je suis avec mon cercle très proche. J’essaye de toujours relativiser, de me dire que j’ai énormément de chance je suis très reconnaissante. Et mes engagements avec mes associations, mon rapport à la vie et à la maladie me font toujours prendre beaucoup de recul et me font relativiser.
Les réseaux sociaux sont remplis de mindset très déterminés. Il y a aussi une mise en avant de la Girl Boss ou de la Working Girl. Qu’est-ce qu’une femme puissante en 2024 ?
A mon sens, une femme puissante, c’est une femme indépendante qui fait ce qu’elle veut quand elle veut et qui n’attend après personne pour atteindre ses objectifs et réaliser ses rêves
Vous êtes très investie dans les missions humanitaires et associatives. Il me semble que créer votre Fondation fait partie de vos projets…
C’est mon rêve, ça prend du temps, et la patience ne fait pas partie de mes qualités ! On fait tout pour que ça se mette en place. C’est une des choses les plus importantes pour moi, être engagée, transmettre, que les personnalités avec qui je collabore le soit aussi. Ma fondation c’est le rêve de ma vie et je pourrais partir tranquille le jour où tout sera bien mis en place.
Que faut-il esquiver dans l’entreprenariat selon vous ?
Il n’y a rien à esquiver pour moi, à part les clients mauvais payeurs ! Il faut se structurer, bien s’entourer, et si vous faites le choix d’être entrepreneur, il faut avoir un certain sens du courage en assumant ses responsabilités.
Que pouvons-nous vous souhaiter ? Et à Ginger and Limón ?
Pour moi, de réussir à créer ma Fondation et pour Ginger and Limón, de continuer à nous développer à l’international.