CINÉMA
Pour son quatrième long-métrage, Nicolas Bedos réunit le fleuron du cinéma français sous le soleil brûlant du pays niçois, et retrouve un Pierre Niney bouleversant. Intrigue.
Adrien, un séduisant danseur à la carrière brisée par un accident de moto, dilapide sa jeunesse dans l’oisiveté de la Côte d’Azur, entretenu par Martha, une ancienne gloire du cinéma. Sa vie bascule lorsqu’il rencontre Margot, fascinante créature qui vit d’arnaques et de manipulations amoureuses. Ensemble, ils vont fantasmer une vie meilleure et mettre en place un stratagème diabolique, une mascarade sentimentale.
Mascarade ne manque pas plus de rythme que son réalisateur d’audace. Si les nombreux flashbacks entrecoupés de scènes de procès et l’intrigue à tiroirs annonçaient une mise en scène risquée, celle-ci demeure subtile et convaincante. Électrique, le couple d’amants Marine Vacth-Pierre Niney (Margot - Adrien) tient le spectateur en haleine jusqu’à la fin du film. N’en déplaise à Annie Ernaux, leur passion n’est pas si simple qu’elle n’y paraît. Ces protagonistes blessés durant leur passé et faussement désabusés nourrissent une soif de revanche envers leurs aînés. Une génération symbolisant la réussite, le pouvoir et la richesse, interprétée par Isabelle Adjani (Martha) et François Cluzet (Simon). Malgré la présence de quelques clichés propres à la Côte d’Azur : François Cluzet, certes touchant, dans la peau d’un promoteur immobilier corruptible et l’actrice sur le déclin, jouée par une cinglante Isabelle Adjani, le spectateur se laisse toutefois emporter par le cynisme sans fards et la justesse de Nicolas Bedos.
Truffé de références, Mascarade rend également hommage à la poésie, au théâtre et au cinéma. Trois formes d’arts chères au réalisateur, qu’il met en exergue avec brio. Après la ferveur de la passion dans Monsieur & Madame Adelman (2017) et le sentiment de nostalgie dans La Belle Epoque (2019), place à la noirceur des relations humaines dans Mascarade, dont la réelle force est d’octroyer au spectateur une liberté d’interprétation infinie quant aux sentiments et motivations des différents protagonistes. Le revers de la médaille de ce choix narratif étant qu’à défaut de laisser le spectateur indifférent, une certaine perplexité s’émane de la conclusion laissant ainsi un sentiment d’irrésolution. Une fois de plus, Nicolas Bedos flirte avec de nombreux styles (de cinéma bien entendu…!) Fable féministe ? Thriller hitchcockien ? Comédie noire ? Pour le découvrir, rendez-vous en salles obscures.
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