FOOD
Publié le
15 mai 2024
Yazid Ichemrahen, le Chef pâtissier de 32 ans prend la tête de l’offre sucrée du palace des palaces parisiens : le Royal Monceau - Raffles Paris. Depuis le printemps 2024, il ravit les papilles des convives de l’hôtel au côté d’Alexandre Favre, figure montante de la scène pâtissière française. Celui qui a déjà un film dédié son parcours compte bien tout faire pour rendre fier l’enfant qu’il était. Entrepreneur, pâtissier, et auteur, retour sur le l’itinéraire houleux d’un virtuose des plaisirs sucrés.
“Je suis un artisan qui cuisine des gâteaux”, se plaît-il à dire. Attaché à la simplicité et au vrai, Yazid Ichemrahen explique être une personne comme les autres. Un naturel qu’il tient de son éducation chez ceux qu’il appelle “sa tatie et son tonton”, le couple qui l’accueille à ses deux ans. “J’ai grandi avec le goût populaire de la pâtisserie et l’envie de transmettre ces bonheurs simples”, assure-t-il. Le chef pâtissier reste humble, les pieds sur terre, bien qu’il ait touché les étoiles plus d’une fois dans sa carrière.
“Mon premier souvenir chez ma tatie et mon tonton, c’est d’avoir fait un gâteau au yaourt. C’est de là qu’est venue ma vocation pour la pâtisserie”, explique-t-il à nos confrères du Parisien. La vie du jeune Chef n’a pas été un long fleuve tranquille puisque Yazid est placé en famille d'accueil à l’âge de deux ans et demi. C’est dans le petit village de Chouilly, dans la Marne, qu'il grandit, entouré de deux grands frères d’adoption, tous deux amoureux de la pâtisserie.
Son parcours d’adolescent est semé d'embûches. À ses 12 ans, sa famille d’accueil part en retraite et le jeune garçon doit se reconstruire, cette fois-ci, dans un foyer pour jeunes à Épernay, près de Reims. La vie au foyer ne lui offre que peu de perspectives d’avenir. Là-bas, il commence un apprentissage en pâtisserie. “Ce métier n’a été qu’une passion sept ans après avoir commencé”, avoue-t-il pour Origines. C’était, au début, un moyen d’obtenir la reconnaissance de ses éducateurs et d'avoir la stabilité que le foyer ne lui apportait pas.
Sans repères et devenu orphelin une seconde fois, le pâtissier a besoin d’une épaule sur qui se reposer, d’un exemple à suivre, d’un père de fortune. “Dans mon parcours chaotique, j’ai eu la chance de croiser des personnalités inspirantes, qui ont été des figures paternelles. C’est le cas de Pascal Caffet”, explique-t-il. Le soir, il se rend régulièrement dans la salle informatique du foyer pour taper des mots clés sur Google comme “Meilleur Chef Pâtissier du Monde” et découvre le Chef pâtissier. Il prend son courage à deux mains et ne cesse de relancer le Chef qui deviendra son mentor. Devenu un peu plus chevronné, il met le cap sur la capitale pour travailler aux côtés d’Angelo Musa à la Pâtisserie des Rêves. “J’avais l’impression de rejoindre un club de Ligue 1”, dit-il en souriant. À 19 ans, il intègre les cuisines de Joël Robuchon dans le petit État de Monaco.
En 2014, Yazid Ichemrahen réussi ce que personne n’avait fait auparavant. À seulement 22 ans, il devient le plus jeune champion du monde de pâtisserie, tous concours confondus. “C’est à ce moment-là que mon regard sur la pâtisserie a évolué. Cette profession que j’ai embrassée pour déjouer les déterminismes sociaux, est devenue une véritable passion qui m’a sauvé la vie”, confie-t-il. C’est grâce au soutien de Bernard Blachère, l’homme d’affaires derrière l’empire des boulangeries Marie Blachère, qu’il peut se consacrer pleinement à son entraînement au concours. Lui, qui avait décelé son potentiel ouvrira un réseau de 8 magasins de glaces à Avignon et la pâtisserie Vernet, sa première grosse entité.
Un parcours comme celui de Yazid Ichemrahen, on en voit qu’au cinéma ou dans les livres... C’est visiblement ce qui l’a poussé à écrire deux ouvrages qui planteront le décor du film autobiographique “À la belle étoile”, sorti en 2022. Un titre qui rappelle les jours où il dormait dans la rue avant d’aller travailler dans des palaces, à Monaco ou à Paris. Grâce à sa détermination et son ambition, son rêve est devenu réalité.
L’arrivée de Yazid Ichemrahen au Royal Monceau - Raffles, sonne avec simplicité et amour de la matière brute. Selon lui, le luxe n’est pas déterminé par le prix d’un gâteau, mais par l’émotion qu’il suscite, ainsi que par l’expérience qui l’accompagne. “Pas plus de trois ingrédients et trois textures par dessert”, soumet-il à son équipe. Il veut avant tout s’adresser au plus grand nombre en revisitant des classiques qu’il twiste en incorporant sa touche personnelle. “Je souhaite revenir aux produits bruts, afin de mettre à l’honneur l’histoire et la sensibilité des producteurs”. Les signatures exclusives du Chef pâtissier telles que sa forêt noire revisitée, sa tarte aux fruits de saison ou encore son fameux cheesecake sont à découvrir au Royal Monceau - Raffles Paris les mercredis, samedis et dimanches après-midi au bar long.