LES PLUMES
Publié le
1er août 2023
Le premier pas, le premier mot, le premier geste… A croire que notre personne même est remise en question lorsque quelqu’un nous plaît. Et cette éternelle question intérieure : J’y vais ou pas ? "Face à ces ambivalences qui nous assaillent, font le lit de la peur, creusent le tombeau du désir et nous musellent, comment faire le premier pas ?", soulève la psychologue Cynthia ToulzaDaumié (Instagram/ @inbedwith.freud). En ce début de mois d’août, plongée au cœur des passions et des flirts incertains, elle décrypte ces interrogations amoureuses, parfois même révolutionnaires.
Dans Astérix légionnaire, Obélix, secrètement amoureux de Falbala, cueille un bouquet de fleurs des champs et décide de se déclarer à l’élue de son cœur. Soudain, très embarrassé de lui-même et de cette initiative qui le soumet à une agitation intérieure insupportable, Obélix se dérobe, alors qu’il arrive devant la porte de Falbala. Astérix, percevant le recul du courage de son ami, le pousse à toucher au but… qui n’en est plus un devant le désir de fuite d’Obélix, devenu plus puissant que celui de, peut-être, donner corps à son désir premier.
"Face à ces ambivalences qui nous assaillent, font le lit de la peur, creusent le tombeau du désir et nous musellent, comment faire le premier pas ?"
Face à ces ambivalences qui nous assaillent, font le lit de la peur, creusent le tombeau du désir et nous musellent, comment faire le premier pas ? Au creux de cet instant fugace où l’on imagine que tout est possible, qu’il suffirait d’un mot, d’une esquisse de geste, pour franchir ces quelques centimètres qui séparent d’une bouche... Qu’est-ce qui, dans ce "moi" dont nous ne sommes décidément pas toujours maîtres, est à l’œuvre ?
"C’est un état d’incertitude, de moment suspendu, de fébrilité et d’espérance en l’autre, plutôt qu’en soi : le dira-t-il ce mot que l’on désire ?"
"Et pourquoi pas, juste ce jour-là, un brin de foi en soi ? Pour prendre l’initiative de ce quelque chose, ce murmure, ce petit rien, ce début qui, même s’il n’était pas celui d’une histoire d’amour ou d’une révolution, pourrait être le préambule d’une confiance nouvelle."
C’est un état d’incertitude, de moment suspendu, de fébrilité et d’espérance en l’autre, plutôt qu’en soi : le dira-t-il ce mot que l’on désire ? Le fera-t-il ce pas que l’on attend ? Un instant qui a des airs d’éternité tant parfois la perspective est vertigineuse, tant l’incise peut sembler s’étirer à l’infini… Dans ce qui apparaît comme un détonnant mélange d’appréhension de l’inconnu, de désir physique en forme de centrale nucléaire, de conventions sociales contentions de nos élans, de projections anxieuses, d’angoisses archaïques d’abandon et de rejet, il y a aussi mélancolie, appétence, érotisme… Et pourquoi pas, juste ce jour-là, un brin de foi en soi ? Pour prendre l’initiative de ce quelque chose, ce murmure, ce petit rien, ce début qui, même s’il n’était pas celui d’une histoire d’amour ou d’une révolution, pourrait être le préambule d’une confiance nouvelle.