RIVE GAUCHE
Dans Sentir et savoir : une nouvelle théorie de la conscience, le neurologiste António Damásio lève le voile sur un mystère de la vie : la conscience. D’où vient-elle ? Comment évolue-t-elle ? Pourquoi en sommes-nous dotés ? Retour sur une bataille philosophique.
Alain Souchon avait raison. Nous ne sommes qu’une foule sentimentale. Mais réjouissons-nous : nous sommes conscients ! Dans son dernier ouvrage intitulé Sentir et savoir : une nouvelle théorie de la conscience, le neurologiste António Damásio tente d’élucider le mystère de la conscience. Selon lui, les sentiments seraient le nerf de la guerre. Retournons le problème. A quoi ressemblerait notre vie sans système nerveux ? Nous serions de grosses bactéries, des organismes sans neurones, capables de vivre mais sans la possibilité de « réguler sa vie », d’agir en fonction de ce que l’on ressent. Ainsi, la conscience serait née avec les sentiments, et avec elle, on accède à une énorme possibilité : celle d’imaginer ce qui se passe dans notre corps.
“Il faut voir dans la conscience une connivence du corps et de l’esprit”, écrivait Spinoza dans son Ethique. Cette citation insuffle à António Damásio la volonté de briser la pensée cartésienne, qui établit une division nette entre le sentir et le savoir, bien trop présente dans la science. Pour développer sa théorie, le scientifique procède par une gradation. Etre, ressentir, connaître sont les trois stades évolutifs du vivant ; nos souvenirs seraient les premiers signes tangibles de cette conscience mi-physique mi-intellectuelle. Une perception qui se complexifie avec le temps et les nouvelles technologies. Avec Sentir et savoir, António Damásio semble vouloir conclure cette bataille philosophique pour enfin dévoiler l’être dans son entièreté.
Antonio Damasio, Sentir et savoir : Une nouvelle théorie de la conscience, Editions Odile Jacob.