ARTS
Les 1er et 2 septembre derniers, l’artiste néerlandais Tejo Remy a effectué une performance publique au Musée des Arts Décoratifs de Paris durant laquelle il a réalisé deux exemplaires de sa célèbre Rag Chair.
Les travaux de voirie de l’Avenue du Général Lemonnier, qui borde la face ouest du Musée des Arts Décoratifs, ont fait office de préambule. Au premier étage du musée, un autre chantier, d’un genre très différent, occupe les visiteurs en ce jeudi 2 septembre au matin. Dans une pièce jouxtant le prestigieux salon des Boiseries, Tejo Remy, accompagné de sa femme, plie de larges panneaux de lin aux différentes nuances de bleu pour leur donner la forme d’une chaise.
Si la démarche peut sembler singulière, elle correspond à une pratique artistique à laquelle s’adonne le plasticien depuis 1991 et qui l’a fait connaître dans le monde entier, jusqu'à être exposé au MoMA de New York. La Rag Chair (littéralement la ‘chaise de chiffon’) est un ensemble composé de textiles assemblés par des sangles en métal. Pour cela, Tejo Remy s’est fait une spécialité de réutiliser des matériaux de seconde main. S’il utilisait au départ des vêtements usagés, le Néerlandais réemploit, pour sa performance au Musée des Arts Décoratifs, des éléments de la scénographie de l’exposition Luxes, qui se tenait dans l’établissement jusqu’au 18 juillet dernier. Une première mondiale.
Pour Cloé Pitiot, initiatrice de la venue de Tejo Remy, cette méthode de ‘sur-cyclage’ (ou upcycling) de l’artiste permet de conserver “une forme de mémoire de l’exposition”, en même temps que de “trouver du sens dans la manière de réutiliser une scénographie”. Comme la commissaire le rappelle, “le luxe peut venir du sur-cyclage”, d’autant que “le bleu est une couleur précieuse dans l’histoire du luxe”. La première chaise offre ainsi un dégradé du bleu électrique au blanc, en passant par le bleu ciel, avant de faire le chemin inverse.
Pour Tejo Remy, qui travaille d’ordinaire avec du coton (comptez environ 50 kg pour une chaise, contre environ 45 pour chacune de ses chaises en lin), le lin est une matière “plus raide”, “moins malléable". Avant de préciser, dans un sourire plus qu’évocateur, que la performance “n’est jamais facile”, quelle que soit la matière utilisée. A le voir retourner son œuvre pondérale dans tous les sens pour sangler les bandes métalliques, on le croit volontiers. Des immenses panneaux de lin qui lui ont été confiés, l’artiste garde tout, ou presque. C’est par l’astuce du pliage que l’artiste parvient à accumuler les couches qui finissent par donner la forme souhaitée : une chaise, haute de 40 centimètres, au siège incurvé et au dossier légèrement incliné.
Deux rag chairs sont conçues durant les deux jours que durent la performance. A peine la première chaise bleue finie, le voilà qui s’attable déjà à la seconde. “De quelle couleur sera-t-elle ?” lance malicieusement Cloé Pitiot à Tejo Remy, qui répond avec la même espièglerie : “Je ne sais pas encore !”. Pour le savoir, rendez-vous à partir du 7 septembre au Musée des Arts Décoratifs dans le parcours design, au 7e étage du musée.
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