ARTS
Publié le
13 octobre 2022
L’époque frénétique et éclectique des années 1980 a ouvert le champ des possibles artistiques de toute une génération. Dans le cadre de l’exposition "Années 1980", 700 œuvres — objets, mobilier, silhouettes de mode, photographies, affiches, clips, pochettes de disques et fanzines — sont présentées dans la nef du musée des Arts Décoratifs jusqu’au 16 avril 2023. Dans cette société de l’image fascinée par la frime et le fric, une créativité au summum se conjugue avec une insouciance et une légèreté sans limites.
Mode, design et graphisme ont connu un tournant artistique dans la décennie 1980. Confiée au designer Adrien Rovero, la scénographie de l’exposition "Années 1980" présentée au musée des Arts Décoratifs est conçue comme un carambolage de formes et de couleurs. Si cette période a vu naître une nouvelle génération de designers — Olivier Gagnère, Philippe Stark, Elizabeth Garouste… —, les silhouettes se libèrent des injonctions de style. Les créateurs sont élevés au rang d’icônes comme Jean Paul Gaultier ou Thierry Mugler. La publicité, le design graphique, le film publicitaire et l’industrie de l’image connaissent des années fastes avec Jean-Baptiste Mondino ou Jean-Paul Goude. Le graphiste Etienne Robial crée le concept d’habillage télévisuel pour Canal +, M6 ou encore la 7. La presse évolue et le directeur artistique Claude Maggiori repense les couvertures de Libération. L’art du slogan prend une autre dimension avec l’affiche : "La force tranquille" du publicitaire Jacques Séguéla, commandée par François Mitterrand. Les grands travaux architecturaux marquent des identités visuelles affirmées : Grapus signe la charte graphique de la Villette et du Louvre, Jean Widmer imagine celle du musée d’Orsay.
Parce que les années 1980 sans musique n’auraient pas eu la même saveur, les styles new-wave, post-punk et hip-hop ont envahis les lieux mythiques fréquentés par les noctambules du Tout-Paris. Un clin d’œil appuyé vers Jack Lang — ministre de la culture de mai 1981 à mars 1986, puis de mai 1988 à mars 1993 — souligne les importantes transformations qu’a connu le ministère durant cette période. A l’initiative de la Fête de la musique inaugurée en 1982, il œuvre aussi pour la reconnaissance publique de la mode en créant l’Institut Français de la Mode (IFM) en 1986 ou les Oscars de la mode.
En parallèle, le livre catalogue Années 1980 — préfacé par Johannes Huth, président des Arts Décoratifs — s’empare des axes développés pour l’exposition : la mode, le design et le graphisme sous les plumes de nombreux journalistes tels que Marie Ottavi, Philippe Poirrier ou Etienne Hervy. Des acteurs majeurs de l’époque reviennent sur cette fascination pour les lieux "branchés", comme le café Costes, les clubs mythiques, du Palace et des Bains Douches et le design fastueux de cette période effervescente, où les créateurs brassent plusieurs esthétiques, oscillant entre primitivisme et technologies avancées.
L’époque est marquée par le développement du prêt-à-porter pour l’homme et l’enfant. Une mode masculine se profile et s’intensifie avec la figure de l’homme-objet : Mugler imite le corps des bodybuilders sur ses combinaisons pendant que Gaultier revisite la marinière. D’autant plus que l’attrait pour le style avec un grand "S" fait son entrée dans la culture populaire bénéficiant d’une image désirable. Les créateurs de haute couture deviennent des figures médiatiques. La mode est omniprésente dans l’espace public à travers les campagnes de publicité et les célébrités. Entre révolutions culturelles et industrielles, les années 1980 ont revisité l’esprit de la fête, encouragé l'ouverture artistique et favorisé les rêves de réussite sociale.
L’exposition "Années 1980" à découvrir au musée des Arts Décoratifs jusqu’au 16 avril 2023.
Plus d'articles