CINÉMA
Publiée pour la première fois en 2011, la biographie de “référence” de Robert Redford est enfin traduite en français. Journaux intimes, scripts, dossiers personnels… L’icône mondiale a donné accès à ses documents les plus privés, à partir desquels Michael Ferney Callan livre une méticuleuse biographie, qui couvre en détail les cinq décennies de sa carrière d’acteur, de son émergence en tant que réalisateur et de son dévouement à la cause environnementale.
“Je suis un acteur - je m’en excuse -, je suis un acteur de métier mais un militant par nature.”, proclame Robert Redford en 2015 devant l’Assemblée des Nations unies, exhortant les dirigeants mondiaux à “agir maintenant”. Quand un artiste prend la parole, en dehors de son champ, de lui-même ou pas, il est toujours suspect, soupçonné de nous prendre de haut, d’être trop dur ou trop insipide, d'en dire trop ou pas assez, de ne pas être voyant, ou pas plus qu’un autre, de le faire pour lui et pas pour nous, d’être illégitime, ou au contraire, d’avoir trop raison, de dire quelque chose d’insupportable. Ami et biographe de l’acteur américain, Michael Ferney Callan relate l’histoire de ce pionnier de la cause environnementale dans la biographie de “référence” de Robert Redford, actualisée et traduite en français, en librairie ce 17 mai.
Écrite avec la coopération de Redford, cette biographie révèle certains détails que l'acteur, une personne secrète et quelque peu recluse, n'a pas divulgués ailleurs. L’acteur oscarisé n’a pas toujours incarné cet “ange blond de l’Amérique”. Né en 1936 sous le soleil de Californie (Santa Monica), Robert Redford attrape la polio avant de dériver sans but précis au lycée, faisant partie un temps d’un gang de rue. Il est arrêté pour avoir “emprunté une automobile avec des bijoux volés dans le coffre”, et, à l'obtention de son diplôme d'études secondaires, squatte le fond de l'auditorium en lisant le magazine Mad. Il étudie l’art à l'Université du Colorado puis aux Beaux-Arts de Paris, avant de trouver sa voie vers la fin des années 1950, enchaînant des représentations sur scène et à la télévision. En 1959, alors que sa carrière commence à décoller, lui et sa première femme, Lola, perdent leur premier enfant, mort au berceau. Sous la plume honnête de Michael Ferney Callan, leur souffrance est vivante et concrète.
Si clamer son engagement pour la protection de l’environnement n’a, aujourd’hui, rien d’exceptionnel, le héros d’Out of Africa crée, dès 1981, un institut de gestions des ressources naturelles ; soit plus de dix ans avant le premier rapport du GIEC. Sans doute a-t-il acquis le goût des grands espaces par sa grand-mère irlandaise. De courage comme de conviction, Robert Redford n’aura jamais cessé d’utiliser son aura pour défendre, avec élégance, les causes qui lui tiennent à cœur. Qu’il s’agisse, donc, de protéger notre planète ; de faire entendre “la parole des petits contre les grands” – ainsi fonde-t-il, en 1985, Sundance, le festival de films indépendants le plus réputé au monde en référence à son rôle dans Butch Cassidy and the Sundance Kid (1969) ; ou encore d’affirmer son attachement viscéral à la démocratie. Que l’on songe aux Trois jours du Condor (1975) ou aux Hommes du président (1976), et, en tant que réalisateur, à Sous surveillance (2013) et Lions et agneaux (2007).