ARTS
Jusqu’au 6 mai prochain, la galerie Charraudeau (Paris VIe) présente "Premiers Feux", une exposition collective protéiforme réalisée par six artistes, mêlant sculpture, peinture, photographie, vidéo et dessin. Autour de la création, des questionnements sur l’époque, l’urgence, la passion ou la peur qu’elle génère.
Ils sont six. Six créatifs, six artistes, six passionnés, six talents qui ont eu l’envie de conjuguer leurs univers autour d’un premier feu. Exposés à la galerie Charraudeau jusqu’au 6 mai prochain, les travaux d’Eden Sarna, Rotem Gerstel, Marie De Villepin, Clémence Mars, Laetitia Striffling et Thomas Lelouch dialoguent les uns avec les autres. Formes, figures et abstractions se répondent au gré de la mise en place des tableaux, des dessins, des sculptures, des photos ou de la vidéo. Des "Premiers feux" en équipe symbolisés dans un espace repensé : celui d’une grotte. Autour de disciplines artistiques aussi différentes que complémentaires, les artistes transposent une période primaire datant de plusieurs dizaines de milliers d’années, où tout était alors à créer et à inventer, dans une époque où l’art du langage et de la communication est aussi omniprésent que peu ou mal exploité.
C’est par le langage photographique que Laetitia Striffling exprime son jeu autour des formes. Par des tirages pigmentaires presque uniformes, des lignes de perspective et des contours flous, elle aborde la croyance et sa matérialité. A travers des agrandissements de plans bien pensés, elle met l’accent sur un grain et une pixellisation poussée à outrance qui autorisent le lecteur à imaginer ce qu’il souhaite.
Une télévision Sony au format, non pas rétro, mais presque branché rappelle toute l’imagerie du début des années 2000. Dans cet écran posé à même le sol, Eden Sarna présente son travail vidéo dans lequel une figure mystérieuse se livre à un rituel sombre et ludique. Des dés, des billets et des pièces de monnaie suggèrent les risques pris dans un élan obscur. En arrière-plan, la mosaïque rappelle une seconde œuvre de l’artiste représentant l’emblématique Terminator.
Des formes onduleuses et archétypiques soulignent les sculptures incolores et abstraites présentées par Clémence Mars. Tels des vestiges du quotidien, une lampe murale et une chaise ponctuent l’exposition et laissent entrevoir l’ombre portée du feu ou des personnages de la grotte.
Une grotte dans laquelle ses occupants peuvent s’adonner aux plaisirs de la rêverie et de la contemplation. Au fond de la première pièce, une toile immense de Marie de Villepin, baptisée "Vanitas", marque l’ouverture d’un toit fantasmé, d’un plafond d’une grotte duquel on peut imaginer un au-delà, un nouvel horizon lumineux et coloré, le tout allongé dans l’obscurité.
Dans l’ombre de cette grotte, l’installation de Thomas Lelouch offre un système de mobilier pour stabiliser un rituel. Des formes nues et squelettiques traduisent toute l’imagerie de reliques retrouvées dans une grotte lors de fouilles archéologiques.
Enfin, l’artiste Rotem Gerstel tempère cette énergie créative avec un ensemble de dissipateurs de chaleur déformés, conçus pour maintenir des températures basses dans les ordinateurs, afin que le système ne se détruise pas. Ces éléments souvent dissimulés sont ici exposés dans des moments figés. Une manière sobre et efficace de diluer une proposition artistique aussi ardente que passionnée.
"Premiers Feux" à découvrir à la galerie Charraudeau (Paris VIe) jusqu’au 6 mai prochain.
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