INTERVIEW

Louka Meliava : “Le plus difficile dans le métier d’acteur, c’est quand je ne le fais pas.”

Publié le

17 janvier 2025

Né en 1992, entré au Cours Florent en 2007, premier rôle à la télévision en 2011 et au cinéma en 2014… Louka Meliava réalise déjà un itinéraire riche de constance. A travers les années, le comédien s’est aussi bien illustré dans des comédies comme Camping 3, dans des drames tels que Respire, dans des classiques du théâtre : Les fourberies de Scapin ou dans des thrillers, à l’image de Schlitter. Et pour cause, Louka Meliava souhaite tout faire, et surtout ne pas s’enfermer dans un seul genre. En témoignent des films et séries qui ont forgé son amour pour le métier d’acteur : Fight Club, The Office, Vol au-dessus d'un nid de coucou, Le Roi lion ou encore Kaamelott. Des références hétéroclites tout comme son parcours, qui pousse d’ores et déjà à l’admiration. Cette année, il est à l’affiche du film Un ours dans le Jura aux côtés des géniales Laure Calamy et Kim Higelin, et aura également un rôle dans le prochain long-métrage de Leila Sy, Hell in Paradise. Côté séries, Louka Meliava tiendra le rôle principal dans Dear You sur Prime Video et participera à Qui sème le vent pour Netflix au côté de l’illustre Isabelle Adjani. Alors que l’année 2025 s’annonce être remplie d’accomplissements, rencontre avec un comédien hyperactif toujours en quête de sens et d’exploration.

Louka Meliava porte Paul Smith ©Thomas Lavelle

Vous êtes actuellement à l’affiche de la comédie noire Un ours dans le Jura réalisée par Franck Dubosc. Pouvez-vous nous parler de la genèse de votre participation à ce film ?

J’ai reçu un appel de Franck Dubosc, que je connaissais déjà du film Camping 3. Il m’a vu dans la série Alphonse réalisée par Nicolas Bedos et il s’est dit qu’il me verrait bien en tant que méchant dans son film. C’était d’ailleurs ma première proposition directe, alors c’était une grande joie pour moi. C’est la première fois qu’on m’envoie un scénario et qu’on me dit : “Tu acceptes ou tu refuses”. Et le scénario m’a beaucoup plu alors je l’ai appelé et je lui ai dit que j’étais partant.

Vous serez également à l’affiche de deux séries en 2025, Dear You sur Prime Video et Qui sème le vent sur Netflix. Y-a-t-il une différence lorsque vous travaillez pour des plateformes de streaming, et non pas pour le cinéma ou la télévision ?

Tout dépend du budget du projet, mais le rythme est plus effréné sur les plateformes de streaming. C’est un rythme où on se doit d’être plus efficace car nous avons moins de temps. Mais ça n’enlève en rien la qualité du projet. Il y a moins de prises, je vois les techniciens qui courent beaucoup plus. Mais travailler pour des plateformes de streaming ou pour le cinéma, c’est toujours un bonheur.

Louka Meliava porte Paul Smith ©Thomas Lavelle

Dear You sort le 7 février prochain. Pouvez-vous nous parler de la préparation de la série ?

Ça a été un gros projet assez intense, et je crois que le résultat est plutôt qualitatif. Je suis fier de ce que j’ai vu, et surtout je suis ébahi par le travail du réalisateur Julien Carpentier qui a énormément travaillé en préparation, sur le tournage et au montage. Sur cette série, c’était un travail fait sur l’instant présent. On pouvait se permettre de changer du texte, changer une scène. Julien laissait libre cours à notre imagination et à l’improvisation. Il faut un courage pour faire ça et oser sortir des sentiers battus.

"Ce n’est qu’après être allé aux ateliers jeunesse du Cours Florent que j’ai su ce que je voulais faire de ma vie."

Vous êtes entré au Cours Florent à l’âge de 15 ans. Pourquoi avez-vous choisi de devenir comédien ?

C’était déjà dans mon caractère de jouer. J’ai fait du théâtre assez jeune mais je me disais que ce n’était pas pour moi. Et un jour, j’ai croisé François Civil pendant les vacances et il m’a dit : “Mec tu devrais faire du théâtre”. Si on lui en parle il aura certainement oublié mais cette phrase, sûrement anodine pour lui, a bien trotté dans ma tête. Et à la rentrée, j’ai donc repris le théâtre. C’était une époque charnière pour moi. Tu es au lycée et on te demande si tu es plutôt littéraire, économique ou scientifique, mais je n’en savais rien. Ce n’est qu’après être allé aux ateliers jeunesse du Cours Florent que j’ai su ce que je voulais faire de ma vie.

Vous avez également suivi des cours à l’École Supérieure de Comédiens en Alternance du Studio Asnières. Pensez-vous que suivre une formation soit une étape indispensable pour devenir comédien ?

Pour moi, c’est indispensable. Ça m’a créé une culture, un monde, des connaissances, des expériences, de la pratique… Comme pour tout métier, la meilleure école, c’est de pratiquer. Cette école permet d’avoir un statut d’apprenti et donc d’être rémunéré. C’est super pour ça. Je conseillerais cette école à tous les jeunes comédiens.

Vous n’avez d’ailleurs jamais cessé de jouer au théâtre tout au long de votre carrière. Pourquoi est-ce important pour vous de garder un pied sur scène ?

Et je ne cesserai jamais ! C’est un autre travail. Le théâtre prend beaucoup de temps. Mais ce que j’aime dans le théâtre c’est l’instant présent, les répétitions, l’échange avec le public le jour J, le stress qui monte…

Vous avez commencé votre carrière auprès de grands noms tels que Léa Seydoux, Mélanie Laurent ou encore Vincent Cassel. Quel impact ont eu ces figures emblématiques sur votre construction en tant qu’acteur ?

La compréhension du métier ! Ça m’a permis de comprendre qu’il y a mille et une façons de travailler et qu’il ne faut pas essayer d’imiter les autres. Voir ces acteurs qui se connaissent par cœur, ou du moins qui en donnent cette impression, m’a appris à me connaitre moi aussi, à connaitre mes forces et mes défauts. J’ai passé des heures à regarder certains acteurs jouer, comme Benoît Poelvoorde dans Un ours dans le Jura, par exemple. C’est ultra enrichissant pour moi.

Vous vous illustrez dans tous les genres et dans des rôles très différents. Est-il difficile de trouver son identité en tant que jeune comédien ?

Non, j’ai l’impression d’avoir mon identité depuis que je suis gamin. Je sais que je veux tout faire, je ne veux pas m’arrêter à un genre de film. J’ai fait des grosses comédies, des films d’auteur, des films dramatiques, des séries… Mais les gens ont souvent tendance à vouloir t’enfermer quelque part.

"J’aimerais partir six mois sur une aventure avec trois mois de préparation physique, apprendre une nouvelle langue, tourner pendant deux mois et en sortir complètement lessivé. C’est mon rêve."

Depuis le début de votre carrière, vous jouez aussi bien dans des séries que dans des films. Qu’est-ce qui vous amène à accepter un rôle ?

C’est le scénario, le genre, le casting, la rencontre avec le réalisateur… S’il y a une sensibilité similaire, ça donne envie d’accepter. Il y a aussi l’état dans lequel tu te trouves dans ta vie. Par exemple, après Camping 3, j’avais envie d’explorer autre chose. Si on m’avait proposé un film du même genre j’aurais refusé. J’essaye justement de planter des graines un peu partout pour montrer tout ce que je peux exprimer.

A l’inverse, qu’est-ce qui vous pousse à refuser un projet ?

Si je lis le scénario et que ça ne réveille rien en moi, alors ça ne me donne pas envie. Il faut qu’il y ait un truc à défendre, que je sois touché par le scénario, que ça m’émeuve, que ça me donne envie d’explorer quelque chose.

Est-ce qu’un rôle a déjà eu un impact sur vous personnellement ?

Certains projets m’ont impacté mais je ne suis encore jamais sorti d’un projet en me sentant changé, et j’en rêve. J’aimerais partir six mois sur une aventure avec trois mois de préparation physique, apprendre une nouvelle langue, tourner pendant deux mois et en sortir complètement lessivé. C’est mon rêve.

Louka Meliava porte Paul Smith ©Thomas Lavelle

Qu’est-ce que vous redoutez le plus dans ce métier ?

De ne pas travailler. J’ai le vertige, la peur du vide. J’ai peur que ça s’arrête. C’est paradoxal car c’est aussi pour ça que j’aime cette vie. Du jour au lendemain, on peut recevoir une nouvelle qui te change ta vie pour les prochains mois. Le plus difficile dans ce métier, c’est quand je ne le fais pas. Actuellement, c’est une période d’entre-deux pour moi, j’ai tourné beaucoup de projets l’année dernière et là j’attends que tout sorte.

Quel est votre rapport au succès et à la célébrité ?

Très jeune, j’ai compris que tu avais beau croire qu’un projet allait changer ta vie, ça n’allait pas le faire forcément… ! Les graines que tu plantes parfois germent au bout de dix ans. La célébrité n’est pas un problème, ni un but. Si ça vient avec le travail et parce que les gens aiment mon travail alors c’est tant mieux. C’est une belle preuve d’amour et de respect pour moi. Je me souviens que lors de mon premier jour au Cours Florent, la professeure nous a demandé pourquoi nous voulions faire ce métier, et quelqu’un avait répondu : “Pour être connu”. Elle lui avait répondu que ce n’était pas la bonne raison. Il y a dix mille façons plus faciles d’être connu.

Vous avez assisté à plusieurs défilés, notamment ceux de Balmain, Louis Gabriel Nouchi ou encore Valentino. Est-ce que la mode est un domaine qui vous intéresse particulièrement ?

A la fois, ça m’intéresse, et à la fois je m’en fiche. J’aime bien m’habiller, je respecte le travail des créateurs, mais ce n’est pas mon monde. Je n’ai rien contre ce monde, à part la surproduction, mais je respecte la création artistique. Il y a parfois des créations qui me touchent.

Enfin, que faut-il esquiver dans le cinéma selon vous ?

Justement, dans le cinéma il n’y a rien à esquiver et c’est ça qui est beau. C’est le but du cinéma pour moi : tout peut être fait et tout peut être vu.

Louka Meliava est à l’affiche du film "Un ours dans le Jura" de Franck Dubosc, dans le prochain long-métrage de Leila Sy, "Hell in Paradise", dans la série "Dear You" sur Prime Video et "Qui sème le vent" sur Netflix.

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