PHOTOGRAPHIE
La galerie parisienne Perrotin présente, du 4 septembre au 2 octobre, une sélection de 24 tirages extraits des scènes emblématiques des films du réalisateur danois Lars von Trier.
24, un nombre que connaît tout cinéaste. Et pour cause : il s’agit du nombre d’images comprises dans chaque seconde de film. Il n’est donc pas étonnant que l’exposition consacrée à Lars von Trier à la Galerie Perrotin soit composée de 24 photogrammes prélevés au cœur même de ses œuvres, étalées sur 27 ans de carrière.
Chacun de ces photogrammes fixe les velléités esthétiques du metteur en scène, entre chaotique de l’image naturaliste et aspect plus compassé du plasticisme, pour en faire émerger une unité nouvelle. “J’essaie d’utiliser des éléments qui pénètrent directement le subconscient”, explique le réalisateur, “Il est possible que le public ne comprenne pas immédiatement ce qu’il voit, mais des images peuvent être créées chez eux afin de les aider à expliquer des choses difficiles à mettre par écrit”.
Les visiteurs circulent ainsi entre des impressions qui vont de The Element of Crime (1984) à The House That Jack Built (2018), en passant par Breaking the Waves (1996), Antichrist (2009) ou encore Melancholia (2011). A chaque fois, la référence à la peinture se fait plus évidente, magnifiée par un sens évident du cadrage et de la composition. La démarche ne fait qu’ajouter une pierre à l'édifice d’art total que Lars von Trier a toujours ambitionné. “Le public découvrira une nouvelle facette du travail de Lars von Trier” affirme Jens-Otto Paludan, concepteur de l’exposition, “Ses photos sont percutantes et donnent à réfléchir, comme le font ses films. Une nouvelle perspective sera offerte aux visiteurs, qui constateront que les images de Trier voyagent entre les formes d’art sans problème. "
Le but du cinéaste est clair : aller chercher au cœur des émotions, et questionner le pourquoi de leur caractère subversif. Ainsi, parmi les 24 photographies de l’exposition, nombreuses sont des portraits - en adéquation avec le nombre conséquent de gros plans dans ses films - car ceux-ci sont les mieux à même de transmettre l’affect au spectateur. Par l’agencement et la nature même de l’exposition, l’accrochage offre une pérennité à un art, le cinéma, qui est par essence un art du passage – de l’espace, du temps, des regards et des corps. L’occasion de figer, le temps d’une visite, l’insaisissable défilement des images.
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