La jeune photographie européenne exposée au Centquatre

Ann Massal (France) – On Love, Violence and the Lack of It

"Incorrigible idéaliste" comme elle aime se définir, Ann Massal interroge l’ambivalence qui peut exister entre amour et violence avec sa série de photographies : On Love, Violence and the Lack of It. Avec une scénographie subversive élaborée autour du mot "thanatose", l’artiste avait à cœur "d'essayer de retranscrire cette tension, entre La Thanatose (la mort) et Eros, l'amour (comme pulsion de vie), tout du moins visuellement". Ses clichés, souvent bruts, ont pour objectif de questionner le public sans pour autant imposer une vision manichéenne des choses. Avec la photographie, Ann Massal parvient à illustrer ce qui ne peut pas toujours être énoncé tout en offrant une mise en perspective au public afin que "chacun puisse s'approprier cette histoire et y projeter son vécu propre", ambitionne-t-elle.

Kinga Wrona (Pologne) - 85

Après avoir vécu plusieurs années en Espagne, c’est en lisant la presse que Kinga Wrona découvre l’éruption volcanique sur l’île de La Palma, dans l’archipel des Canaries. En septembre 2021, le Cumbre Vieja est entré en éruption pendant 85 jours, transformant totalement le paysage de l’île. Une tragédie qui a émue et interrogée la photographe : "Je me suis demandée ce que c'était que de vivre sur une terre qui est comme une ‘bombe’, qui peut exploser à tout moment et vous obliger à tout quitter". La série photographique 85 documente les conséquences de cette catastrophe naturelle avec des clichés témoignant d’une beauté apocalyptique. "J'ai trouvé l'île calme et tranquille. Certaines images que j'y ai trouvées étaient un 'beau phénomène naturel', mais en même temps, ce qui s'est passé à La Palma était une grande tragédie sociale." La photographe a également ramené des cendres volcaniques de son voyage, exposées au Centquatre, afin de donner une autre dimension à ses photos.

Peter Pflügler (Autriche) – Now it’s not the right time

Now it’s not the right time explore l’histoire personnelle de Peter Pflügler dont l’enfance a été marquée par la tentative de suicide son père. Réalisée pendant quatre ans, cette série photographique revient sur les thèmes de la famille, du secret et du poids du silence. Pour traiter ces sujets, le photographe devient conteur visuel et met en scène ses souvenirs d’enfance : "J'ai essayé de trouver un langage visuel métaphorique et évocateur, avec un pied dans le décor réel, dans le présent, et l'autre pied quelque part ailleurs, dans un endroit caché, à une autre époque". Ce projet a été, pour Peter Pflügler, une expérience curative qui brise le silence : à la fois le sien, et comme il l’espère, celui des autres. "Je ne crois pas aux secrets. En fin de compte, mon travail tente toujours de briser le silence. Mon propre silence. Mais c'est aussi une invitation pour les autres à réfléchir aux endroits cachés dans leur environnement. Chaque histoire est différente, chacun a besoin de son propre temps, mais le mécanisme du silence est toujours le même. Si le public est incité à y réfléchir, cela signifie beaucoup pour moi", conclut-il.

Le Festival Circulation(s) à découvrir au Centquatre (Paris XIXe) jusqu’au 4 juin prochain.