RIVE GAUCHE
Publiées entre 1791 et 1801, les Lettres d’un voyageur russe de Nikolaï Karamzine (1766-1826) sont le premier grand récit de voyage littéraire produit par la littérature russe moderne. La présente édition offre la première traduction française intégrale.
Le 18 mai 1789, Nikolaï Karamzine quitte Moscou pour entreprendre un périple d’un an et demi en Europe. Un voyage à travers l’Allemagne, la Suisse, la France et l’Angleterre, qu'il relate sous la forme d’une correspondance factice. Double autofictionnel de l’écrivain, leur narrateur offre à ses lecteurs un tableau complet de chacune des civilisations rencontrées, des pratiques culturelles et sociales aux mœurs, parcourant les paysages comme les chefs-d’œuvre de la littérature et des Beaux-Arts. Sans oublier les événements dont il est le témoin, à commencer par la Révolution française, qui lui inspire de profondes interrogations sur le destin du pays des Lumières, de l’Occident et, plus généralement, des civilisations.
Sentimental, galant, mais avant tout curieux, celui que l’on appellera bientôt en Russie le “Voyageur russe" ou "notre Sterne" semble s’intégrer partout, tout en restant patriote. Le voyageur, philanthrope et xénophile, propose également une galerie des grands hommes approchés, de Kant à Lavater en passant par Wieland ou Bonnet, ainsi que le récit fidèle de leurs entretiens. Ce faisant, il montre à ses compatriotes qu’un jeune russe cultivé est digne du commerce des plus grands esprits de l’Europe, et les incite à suivre son exemple en se cultivant et en conquérant le vaste monde. Mais le voyageur parle également aux gens simples, des aubergistes allemands aux bergers suisses en passant par les fleuristes parisiennes, et enseigne ainsi à la noblesse russe la bienveillance et la sympathie.
Écrites dans une langue moderne et harmonieuse, dont l’attrait gagne à la littérature russe de nouveaux lecteurs, les Lettres d’un voyageur russe jouissent d’un vaste succès et font l’objet de nombreuses imitations jusque dans les années 1820. Professeur à a Faculté des Lettres de Sorbonne Université et spécialiste de la littérature russe du XVIIIe siècle, Rodolphe Baudin en offre la première traduction française intégrale.
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