PHOTOGRAPHIE

Juergen Teller s’empare du Grand Palais Éphémère

Publié le

16 décembre 2023

Hyper créatif, provocateur et brut… Reconnu par ses pairs, autant que dans le milieu de l’art contemporain, le photographe Juergen Teller est particulièrement connu pour ses portraits cash de célébrités, ses éditos mode singuliers et ses campagnes emblématiques. Entre images intimes, parfois sérieuses ou teintées d’humour, l’artiste international a su imposer son style direct, réaliste et, parfois même, grotesque. Tel un hommage à plus de 30 ans de carrière, le Grand Palais Éphémère, avec le soutien de Saint Laurent par Anthony Vaccarello, dévoile l’exposition la plus importe de l’artiste à ce jour : “i need to live” à découvrir dès aujourd’hui.

Juergen Teller Self-Portrait with pink shorts and balloons Paris 2017 ©Juergen Teller, All rights Reserved

L’industrie de Teller

Il vient de photographier l’actrice Maggie SmithSister Act, Harry Potter — pour la dernière pré-collection Loewe printemps-été 2024 ou encore de signer la dernière couverture du Harper’s Bazaar France avec la mannequin Loli Bahia… Faut-il encore présenter l’icône des photographes internationalement reconnus de l’époque ? Des campagnes Saint Laurent aux portraits bruts et osés de Kim Kardashian pour System Magazine en 2015, l’Allemand Juergen Teller officie avec audace dans l’industrie de la mode et de l’art contemporain depuis plus de trente ans. Dès aujourd’hui et jusqu’au 9 janvier 2024, le Grand Palais Éphémère, avec le soutien de Saint Laurent par Anthony Vaccarello, expose 5 œuvres audiovisuelles, près de 700 tirages et plus de 300 documents en vitrine pour "i need to live". "Pour comprendre ma relation avec Juergen Teller, il faut remonter au duo légendaire que formaient Yves Saint-Laurent et Helmut Newton. Ensemble, ces deux artistes ont entretenu une association créative incomparable. C’est cette énergie que je cherche avec Juergen, ensemble, nous en assurons la préservation et la continuité. Notre collaboration pour Saint Laurent s’articule autour de la recherche des origines comme moteur de la création Juergen Teller est un immense photographe dont l’intelligence, l’humour et le respect font de son travail un véritable jeu introspectif où les flashbacks sont autant d’hommages et de clins d’œil aux mythes fondateurs de la Maison Yves Saint Laurent", explique le créateur.

Juergen Teller Freja Beha Erichsen, Saint Laurent Spring Summer 2019 campaign Lake Como, Italy 2018 ©Juergen Teller, All rights Reserved

L’univers de Juergen

Entre interrogations sur ses racines et son identité et des éditoriaux emblématiques, l’artiste dévoile tout son panel artistique aussi sérieux, intime que provocateur. Loin d’avoir peur des clichés grotesques, il les célèbre sans complexes. Le titre explicite de cet évènement fait référence aux faits marquants qui ont façonné sa vie et la construction de sa carrière dans un style direct et réaliste qui lui est propre. Cette exposition spectaculaire, qui sera la plus grande de l’artiste à ce jour, s’ouvre dans une scénographie pensée par Thomas Weski autour de différentes séries. Parmi elles : Go-Sees, Londres, 1998-1999 (installation vidéo, 26 min 51 s). Une œuvre majeure du début de la carrière de Teller. Produite sur une année, à partir de mai 1998, et filmée depuis le palier du studio de l’artiste dans l’ouest de Londres, elle prend pour titre un terme technique qui désigne la première entrevue entre un photographe et un nouveau mannequin. Dans l’encadrement de la porte du studio, les Go-sees dévoilent toutes sortes d’attitudes : le mannequin est timide, confiant, plein d’espoir, détaché, dynamique, détendu, et dans des vêtements ordinaires. Les portraits transgressent les règles de la photographie d’art et de mode : comme toutes les autres oeuvres de Teller, ils ne sont jamais retouchés. Le style "pris sur le vif" de Teller, caractérisé par le flash direct et les angles spontanés et inhabituels, se démarque des protocoles visuels impeccables si étroitement associés à l’univers du luxe. Mais aussi Can I own Myself?, Londres, 1998 (vidéo, 5 min 34 s), une vidéo philosophique qui s’appuie sur un texte universitaire écrit par Shannon Peckham pour s’interroger sur la nature de la paternité d’une œuvre. Mannequin connu dans le monde entier, Kate Moss est le personnage idéal pour lancer ce débat sur la propriété des images, dans une réflexion en lien avec le désir et la liberté.

Juergen Teller Go-Sees, Domenique London 29th September 1998 ©Juergen Teller, All rights Reserved
Juergen Teller Yves Saint Laurent Paris 2000 ©Juergen Teller, All rights Reserved

Une rétrospective intime

Rare et discret. L’exposition permet de comprendre l’univers artistique et intime de l’artiste qui décrypte et analyse son processus créatif et personnel. "C’est en quelque sorte une lettre d’amour adressée à ma mère et à la forêt aux abords de laquelle j’ai grandi. Ce sont des images de la forêt, de ma mère dans celle-ci, accompagnées d’un texte sincère et profond que j’ai moi-même écrit". C’est avec ces mots que Juergen Teller raconte sa série Irène Im Wald, Bubenreuth, 2012 ; avant de s’arrêter sur les anecdotes liées à son expérience avec la série Handbags, 2019 et More Handbags, 2023 : "Je me suis lancé dans la photo de mode il y a une trentaine d’années et, au fil du temps, les sacs à main se sont peu à peu invités dans mes photos. Aujourd’hui, dans la moindre pub de mode, un mannequin s’agrippe à un sac à main. Je me rappelle, quand j’ai commencé à travailler en Amérique, on me demandait : 'Où est l’image choc ?' Je les regardais, perplexe. 'Sors-nous une image choc !', insistaient-ils. Les voilà, les 'images choc'. J’ai toujours aimé photographier des sacs à main. Ce sont des compagnons silencieux, aimables, que j’ai pris plaisir à photographier pendant toutes ces années. Ce sont eux, les vraies stars de ce livre." Une œuvre exceptionnellement riche, nullement aseptisée, parfois clivante, et de plus en plus tournée vers une trame pensée en duo, avec sa femme, Dovile Drizyte.

Juergen Teller Self-portrait for Business of Fashion London 2015 ©Juergen Teller, All rights Reserved

"i need to live" au Grand Palais jusqu’au 9 janvier 2024 et à la Triennale de Milan au printemps 2024.

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