ARTS
Du 20 novembre au 11 décembre prochain, l’artiste sud-africaine Esther Mahlangu présente une série de toiles à la galerie Almine Rech, inspirées du rituel de passage à l’âge adulte dans la culture ndébélé. L’occasion de découvrir d'autres rites de passages plus intenses...
Dévoilée en France et en Europe par l’exposition “Magiciens de la Terre” — organisée en 1989 au Centre Pompidou — l’artiste sud-africaine Esther Mahlangu présente à la galerie Almine Rech une série de toiles datant des années 2019 à 2021. Considérée comme l’une des gardiennes de la culture ndébélé, Esther Mahlangu reproduit à main levée les symboles géométriques aux aplats de couleurs dynamiques, que l’on retrouve sur les façades des maisons de ce peuple originaire de la province du Limpopo. “Notre but demeurait de trouver l’artiste qui avait le plus de talent ou réalisait les œuvres les plus personnalisées, dans des communautés où des formules étaient répétées. Nous voulions dévoiler celui ou celle qui y mettait un investissement ou une énergie plus forte que chez les autres, et s’est révélée être Esther Mahlangu”, raconte Jean-Hubert Martin, alors directeur de “Beaubourg” lorsqu’il invite l’artiste sud-africaine à réaliser une reproduction in-situ semblable à celle qu'elle peint sur ses maisons. Transmis uniquement de mère en fille, cet art vieux de plusieurs siècles — traditionnellement exécuté avec de la bouse de vache — accompagne le rituel du passage à l’âge adulte chez les garçons de la tribu ndébélé.
Si ce rite tient plus de la cérémonie, certains sont beaucoup plus intenses et relèvent d'une véritable épreuve. Chez les Satéré-Mawé, au Brésil, devenir un homme implique de glisser sa main dans un gant rempli de fourmis “balle de fusil”, nommées ainsi en raison de la douleur de leur piqûre ; comparable à celle infligée par une balle de fusil. A Bali, on lime les canines pointues, synonymes de mauvais esprit. En Papouasie-Nouvelle-Guinée, tu seras un crocodile, mon fils : les garçons subissent des incisions sur tout le corps au point d'obtenir une peau de crocodile une fois leur dos cicatrisé. Au Vanuatu, les Saa font sauter leurs jeunes hommes du haut d’une tour de 20 à 30 mètres non pas à l’élastique...mais à la liane. Si au Bénin, on chasse l'enfance à coups de fouets, les Indiens Algonquins du Canada font “oublier” l'enfance à leurs progénitures en les nourrissant exclusivement de wysoccan, un mélange de plantes aux pouvoirs hallucinogènes puissants.