MUSIQUE
Publié le
7 juillet 2023
Que tentons-nous de trouver quand on cherche l’amour ? Quelle définition donnons-nous à ces cinq lettres ? On se noie dans l’océan des possibles, à plonger à corps perdus dans les profondeurs d’un abysse malsain, à regarder la lumière fendre le miroir qui nous retient à mesure qu’on étouffe. Car nous préférons nous mouvoir lentement mais sûrement dans l’espoir d’une bulle d’air ; plutôt que de contempler le sol qui s’effondre sous nos pieds, las d’une quête parfois insensée. Les flots de l’amour est ce qui anime "Dancing By Night", le nouveau titre des Britanniques London Grammar et de SebastiAn, l’emblématique compositeur de la plus frenchie des maisons musicales, Ed Banger. Une composition qu’il faut autant écouter que voir pour en comprendre tout le bouillonnement pop et toute la force tranquille d’une rencontre humaine et artistique. Un titre qui redonne une grande inspiration annonçant un album de reprises et de nouveautés, dont la sortie est prévue le 21 juillet prochain.
C’est dans un grondement sourd et une caméra qui descend que le clip commence. Comme un orage prêt à s’abattre sur nous. Là, un corps sur l’eau flotte immobile. Pour se mettre en mouvement à mesure qu’une voix survient comme un écho des fonds marins. Un timbre pur et puissant donne de l’air à un début suffoquant. En parallèle, nous voyons des corps danser autour de milliers de bulles. Des corps qui tentent de se mouvoir dans un monde inconnu, éclairé d’une obscurité délimitée par une lumière en jalousie. La chanteuse du groupe, auteur de "Hey Now", apparaît alors, s’enfonçant petit à petit au cœur de l’océan. A mesure de la musique, nous voyons les volets se refermer désespérément ; pour ne laisser plus aucun sens à ces corps animés d’espérance. A mesure que nous voyons s’assombrir l’image, nous entendons la musique nous insuffler l’air qui nous manque pour retrouver le sens d’y croire encore.
La force tranquille du nouveau titre de London Grammar est bien là : la dualité entre ce qu’on voit et ce qu’on entend. Il nous faut voir le verre à moitié plein, et se battre pour ce qu’il reste à remplir. C’est de la belle pop ! Une œuvre qui rappelle l’importance d’un art qu’on tronque parfois pour son profit égoïste. Ce groupe nous fait revenir à l’essentiel de la musique. Nous avons oublié que l’homme a créé la musique pour continuer de croire, rêver, espérer, se mouvoir, aller au-delà pour se définir par lui-même en son cœur dans l’imprévisibilité des ondulations de la vie.
Il nous faut revenir sur une affirmation écrite plus haut ! SebastiAn n’est pas un compositeur. Il est un homme qui vit les formes de la musique. Plongé depuis son plus jeune âge dans cette bulle, il ne semble pas connaître d’autres supports pour être ce qu’il souhaite devenir. Alors ce musicien joue ce qu’il voit, entend, sent, éprouve, goûte chaque jour et à chaque instant. Capable d’être un extrême et son exacte opposé. Ce qui donne à son art une brutale sensation de vivre d’un seul coup lorsqu’on l’écoute.
Alors lorsqu’il rencontre Hannah Reid, rien d’étonnant qu’il tienne ces propos à son sujet : "Elle est aussi forte qu’elle a l’air calme ; une expérience incroyable de pouvoir fusionner son intensité avec ma musique". Le calme tempétueux de la Londonienne s’accorde parfaitement bien avec l’approche conductrice de la musique du parisien.
Le mélange de styles des deux artistes est à la jonction parfaite de deux eaux. Entre la chaleur rassurante de la pop anglaise et le froid mystérieux de l’électro française. C’est décidément une musque comme on aime en écouter car elle nous fait du bien. De plus, elle nettoie un paysage sonore englué dans sa propre mélasse avec l’explosion du hip-hop dans tous les domaines depuis environ cinq ans. Entendre une œuvre qui sait utiliser avec intelligence et respect des teintes hip-hop mais aussi des formes de tous les courants musicaux et artistiques qui constitue ce monde bleu donne une réelle inspiration. Ça fait un bien fou d’entendre des personnes qui connaissent la valeur d’un art et font entendre leur amour sincère pour celui-ci.
Avec leur titre "Dancing By Night", London Grammar et SebastiAn ne vont pas à contre-courant. Ils redonnent du sens à la pop. Un mouvement musical qui n’a pas besoin d’artifices. Car il lui suffit simplement d’accepter la forme de l’autre pour nager avec lui dans les courants parfois imprévisibles de la vie. Il est évident que cette rencontre artistique est une plongée authentique dans le cœur de l’autre. Tout autant qu’il est évident que l’écoute de l’œuvre vous conduira au cœur de votre océan… pour y rejoindre l’autre, dans une danse salvatrice !
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