ARTS

Christo à l’Arc de triomphe : un dernier projet emballant

Publié le

6 août 2021

La dernière création de l'artiste Christo, disparu en mai 2020, est présentée au rond-point de l’Etoile à partir du 18 septembre prochain.

Christo dans son studio. Photo : Wolfgang Volz 2019 Christo and Jeanne-Claude Foundation

Si la folie des grandeurs devait être incarnée en un seul individu, nul doute que Christo ferait partie des prétendants les plus sérieux. Aux côtés de son épouse Jeanne-Claude (décédée en novembre 2009), le plasticien d’origine bulgare a donné ses lettres de noblesse au land art, ce courant qui s’appuie sur des décors extérieurs pour déployer ses formes autant colossales qu’éphémères.

Un rêve de longue date

L’Arc de Triomphe empaqueté est l’aboutissement d’un fantasme né il y a 60 ans, à l’époque où le couple commence à réaliser ses œuvres dans l’espace public parisien. Parmi elles, leur barrage de la rue Visconti en 1962 par un mur de barils de pétrole, en réaction à la construction du mur de Berlin, est la plus remarquée. La même année, Christo réalise un premier photomontage de l’Arc de Triomphe dans son empaquetage avant, 26 ans plus tard, d’en concevoir le collage. Il ne développe le projet qu’en 2017, pour une finalisation prévue à l’origine pour 2020. Mais le décès de l'artiste et la Covid sont intervenus entre-temps.

Christo avait toutefois émis le vœu que son Arc de Triomphe lui survive. Depuis le 15 juillet dernier, son équipe s’attèle ainsi à la préparation de l'œuvre, qui nécessite 25.000 mètres carrés de tissu en polypropylène argent bleuté et 3.000 mètres de corde rouge. Les 14 millions d’euros du projet proviennent entièrement des ventes des œuvres originales des deux artistes depuis les années 1950.

© Didier Plowy – CMN

L’empaquetage, ou la promesse d'un regard nouveau

Ce n’est pas la première fois que Christo projette d’emballer entièrement un monument. Il avait accompli une performance similaire pour le Pont Neuf en 1985, suivi dix ans plus tard par le Reichstag à Berlin. L’ambition du plasticien : révéler le potentiel artistique d’un objet architectural en le cachant de la vue de tous. A chaque fois, ces actions pour le moins osées se heurtent à des oppositions politiques. A chaque fois, elles connaissent un succès public : 3 millions de visiteurs pour le plus vieux pont de Paris, 5 millions pour le palais de l’Assemblée fédérale allemande.

Présenté au public à partir du 18 septembre, l’Arc de Triomphe de Christo sera visible sous sa forme finale jusqu’au 3 octobre. Le monument et sa terrasse resteront accessibles durant toute la durée du projet.

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