INTERVIEW
Publié le
27 mars 2025
Il est à l’affiche de deux séries très attendues en compétition au Festival Séries Mania à Cannes. Le comédien Bruno Sanches enchaîne les projets aussi fantasques que plus sombres. En témoignent son récent personnage farfelu et imaginatif du Chef Scout Daniel Quignon qu’il joue dans la nouvelle série Ghosts diffusée sur Disney+ à partir du 9 avril prochain mais aussi son premier rôle obscur dans le monde de la finance dans la série-thriller Clean dès jeudi prochain sur M6. Un grand écart artistique qui l’épanoui de plus en plus professionnellement, lui qui a longtemps campé avec brio le rôle de la joviale et coquine Liliane du duo emblématique "Catherine et Liliane" au côté de son ami Alex Lutz sur Canal+. Entre perruche fantaisiste, financier ultra masculiniste et Scout décalé tué accidentellement par flèche, rencontre avec un comédien qui a plus d’une corde à son arc !
Bruno, si vous deviez vous présenter en quelques mots…
[Rires] C’est difficile de se présenter, je crois que c’est la recherche de toute une vie ! Et parfois, on a une vision erronée de ce que nous sommes…
Mais à l’instant T ?
Un peu perdu, suant et content d’être ici !
Vous avez beaucoup d’actualités : dans l’ultime saison de HPI sur TF1, dans la nouvelle série Clean qui débarque sur M6 le 6 avril et une seconde, Ghosts sur Disney+ le 9 avril. Ces deux sont en compétition au Festival Séries Mania à Cannes. Dans Ghosts, vous faites partie d’un groupe de fantômes qui hantent les nouveaux propriétaires d’un château. Vous croyez aux fantômes ?!
Oui, il ne faut pas me lancer sur ce terrain-là ! [Rires] Je crois beaucoup au mystique, j’ai déjà eu des expériences flippantes. Je crois qu’il y a quelque chose après la mort, je crois à la réincarnation, aux chemins de vie…
Qu’est-ce qui vous a séduit dans le scénario de cette série signée Arthur Sanigou ?
Déjà Arthur Sanigou, parce que c’est mon ami ! Je me rappelle lorsqu’il m’a dit que la BBC lui avait proposé d’adapter une série qui s’appelait Ghosts aussi en Angleterre. Il m’avait envoyé les épisodes anglais et ça m’avait fait mourir de rire. Il m’a dit qu’il pensait à moi pour le scout. Toute l’équipe m’a plu, le scénario est génial aussi, co-écrit par Joris Goulenok qui est aussi un ami. J’avais déjà fait un projet avec lui : la série Canis Familiaris sur Arte où on jouait des chiens. Il a donc un univers très large !
Vous incarnez le Chef scout Daniel Quignon. Parlez-nous de ce personnage…
On est dans les années 1970, c’est un mec très gentil, très droit, assez naïf. Il n’a pas compris que sa femme se tapait son meilleur pote depuis un bon moment !
Dans le teasing, on voit qu’il a une flèche dans le cou… ! Peut-on avoir plus d’informations sur les circonstances qui l’ont mené ici ?
Il meurt de manière accidentelle en enseignant à ses louveteaux à tirer à l’arc et un des louveteaux le vise… Malgré ça, il reste hyper cool en mode pas de panique ! [Rires] Il meurt dans le jardin du château et il rencontre les autres fantômes… Un homme préhistorique joué par Monsieur Poulpe et toute l’équipe… ! On a tellement ri que ce tournage était très dur.
"J’étais content qu’une réal’ me propose de jouer un personnage plus dur."
Vous faites aussi partie du casting de Clean, une série-thriller qui raconte les difficultés financières de trois femmes de ménage. Il y a un véritable paramètre plus sombre et plus sociétal, c’est ce qui vous a attiré ?
Oui, c’est beaucoup plus sombre et c’est le premier méchant que je joue. Ce sont deux milieux qui se rencontrent : les femmes de ménage et des gens de la finance qui ne sont pas dans la même réalité. Elles vont vouloir aussi croquer la pomme et c’est un vrai thriller. Le côté sociétal m’a attiré, c’est adapté d’une série anglaise qui s’appelle aussi Clean et le sujet me parlait beaucoup. Ma mère a longtemps été femme de ménage, je connais ce monde et je trouvais que mon personnage était intéressant car c’est un vrai con, très masculiniste, la fine fleur de ce qu’on peut faire de plus merdique pour un mec ! J’avais très envie de jouer un méchant et ce n’était pas simple.
Pour vous, est plus difficile de faire rire que d’émouvoir ?
J’aime faire les deux mais jouer un connard, c’est très dur. Ça me rappelle une interview de Danny Glover dans La couleur pourpre, un des plus beaux films que j’ai vu de ma vie, où il raconte une scène où il doit séparer deux sœurs fusionnelles. Steven Spielberg lui dit juste avant qu’il doit toujours les tenir séparer dans ce film qui raconte la traite des esclaves dans le sud des États-Unis. C’est une scène déchirante et Glover l’explique et en pleure encore aujourd’hui. Personnellement, j’avais des choses compliquées pour moi à jouer dans cette série mais j’étais content qu’une réal’ me propose de jouer ce genre de personnage.
J’ai lu que vous arpentiez les castings avec votre mère étant petit, vous avez ensuite fait les cours Florent. C’est un métier qui vous a toujours fait rêver ?
Je suis quelqu’un qui se laisse assez guidé par le vent et quand ma mère m’a proposé de faire ça, j’ai dit pourquoi pas ! J’étais un enfant très ouvert mais très sensible aussi, j’ai suivi ma mère et c’était rigolo sur les tournages. Arrivé à l’adolescence, c’est toujours plus compliqué, on se met plus de barrières. J’ai commencé les cours Florent mais j’allais plus "skatté" qu’au cours de théâtre ! Je ne me sentais pas bien à l’école et je faisais ça à côté. Au cours Florent, j’ai passé un monologue et j’ai fait rire et pleurer. Là, j’ai compris qu’il y a un pouvoir de choper l’attention et ça a commencé à me plaire vraiment. J’ai passé mon Bac et j’ai continué le théâtre, tout s’est fait assez naturellement.
Vous vous sentiez le mieux sur scène ou sur un plateau cinéma ?
J’aime la proximité et ce truc fragile qu’il y a sur scène qu’il n’y a plus maintenant au cinéma car on est au numérique. On est plus happés par le temps. Avant, on était happés par le temps et la pellicule qui coûtait cher. Il y avait plus de répétition en amont. Les anglais sont très cadrés, nous on est plus "à la cool" [Rires] Mais tout est très fragile. Il y a deux ans, j’ai accepté une pièce avec une jeune metteure en scène à Bobino sur un sujet sur le harcèlement. On a répété en 4 jours, on l’a joué une fois et j’avais plusieurs personnages. Je devais jouer un texte très technique et le jour de la représentation, j’ai eu mon premier trou et j’ai vécu un enfer ! Au théâtre, on ne peut pas mentir mais j’adore les tournages avec les équipes.
"A travers la comédie, je m’esquive un peu moi-même."
On vous connait bien sûr dans le personnage de Liliane. Comment vous la définiriez ?
Liliane est joviale, coquine triviale, fidèle, aimante… Ce sont des perruches inséparables avec Catherine.
Qu’a-t-elle de vous ?
Sûrement une part féminine assez exacerbée. Je pense que c’est la femme que j’aurais voulu être, joyeuse et généreuse. Elle met des limites et Catherine se met dans le coin ! J’aime sa liberté d’être et de vivre, avec son mec, ils sont échangistes, ils ont quatre enfants.
Quelle meilleure esquive Liliane conseillerait à Catherine (campée par Alex Lutz) ?
[Rires] Elle a essayé d’emmener Catherine dans ses petites boîtes pour esquiver son Jean-Luc et voir d’autres loups mais je pense que Catherine reste fidèle. J’ai essayé : "Esquive un peu Jean-Luc !" mais ça la dégoûte.
Que faut-il esquiver dans la comédie ?
Bonne question ! Peut-être que je m’esquive un peu moi-même.
Que peut-on vous souhaiter ?
Une bonne santé et de bouger toujours !
"Clean" dès le 6 avril sur M6 et "Ghosts" dès le 9 avril sur Disney+.