INTERVIEW
Publié le
23 mars 2022
Blondie, Bowie, Kate Moss, la reine d’Angleterre ou encore les Spice Girls… Ces trente dernières années, le photographe de mode britannique Rankin a immortalisé des clichés aussi transgressifs que novateurs. Ancré dans l’époque, le fondateur du magazine Dazed & Confused souhaite partager son art et son savoir avec la jeunesse créative. Les 9 et 10 avril prochains, il invitera 40 artistes émergents à exposer leurs séries dans son studio Maryland, à Londres, lors de l'évènement "Visual Noise". Pour l’occasion, il se confie à S-quive sur la vision de son travail et le regard qu’il porte sur les nouveaux talents.
Parlez-moi de la genèse de votre collaboration avec "Visual Noise".
J’ai discuté avec ma conservatrice Ellen Stone sur l’idée de réaliser une foire ou un festival et elle m’a suggérée de faire quelque chose autour des étudiants diplômés qui n’ont pas eu l’opportunité de montrer leur travail durant la pandémie. J’ai tout de suite compris que c’était une bonne idée et j’ai commencé à mettre en place le projet avec elle. Pour être tout à fait honnête, je n’ai pas fait le plus gros du travail, c’est Ellen et son équipe qui ont bien œuvré. Toutefois, je peux dire que cette sélection est fantastique. Je suis vraiment ravi à l’idée de faire cet évènement. L’idée de collaborer avec de jeunes photographes est toujours vivifiant pour moi.
"J’observe les nouveaux photographes et ce qu’ils font est aussi important pour moi que de célébrer le talent du passé."
"Visual Noise" est la première foire dédiée uniquement aux talents émergents du pays. C’est l’occasion de partager votre expérience à la jeunesse créative ?
Oui je pense. En tant que photographe, j’ai toujours été très curieux et enthousiaste de découvrir le travail des autres. Je pense que je suis un admirateur autour du sujet. J’observe les nouveaux photographes et ce qu’ils font est aussi important pour moi que de célébrer le talent du passé. Faire un projet comme cela est toujours très gratifiant, tout en essayant d’être solidaire.
Les conditions pour être exposées au studio Maryland étaient : "être créatif" et "montrer aux visiteurs quelque chose qu’ils n’ont jamais vus auparavant". Le challenge est-il rempli ?
Quelle drôle de question, je ne sais pas trop comment y répondre ! Je pense que j’ai toujours essayé de relever les défis et je peux dire que les photographes que nous avons choisis l’ont certainement rempli aussi.
Avez-vous été impressionné ou surpris par la diversité des sujets choisis par les 40 artistes ?
Totalement impressionné et surpris. C’est un groupe large et varié mais ils sont tous hyper talentueux.
"Avec la pandémie, il y a eu une certaine panique au début, suivie d’une période d’introspection. J’étais seul dans ma chambre d’amis en train de photographier des fleurs mourantes."
Cette génération d’artistes figurant dans la sélection a été perturbée par le Covid. Est-ce que, pour vous aussi, cette pandémie a nui à votre créativité ou, au contraire, a renforcé votre inspiration ?
Je pense que tout le monde a été influencé par la pandémie dans différents domaines. Pour moi, il y a eu une certaine panique au début, suivie d’une période d’introspection. J’étais seul dans ma chambre d’amis en train de photographier des fleurs mourantes. J’avais envie de photographier des fleurs depuis si longtemps, la pandémie m’a donné l’opportunité de le faire, et dans cette période, j’ai trouvé ça très inspirant de travailler par moi-même. Sans le Covid, je ne suis pas sûr que ce soit quelque chose que j’aurais pu faire. Sans hésitation, ce n’est pas une période que j’aurais aimé vivre plus longtemps par contre. L’essentiel, c’est que j’ai fait quelques travaux dont je suis fier mais je suis ravi que ce soit maintenant plus simple de passer de vrais moments de vie avec les gens. Ce sont les gens qui m’ont emmené vers la photographie, je suis très curieux et j’adore les collaborations avec les êtres humains. Comme ma mère avait l’habitude de dire : "les moyens doivent" et j’ai toujours essayé de m’adapter à chaque situation avec ça à l’esprit.
Avec cette exposition, vous lancez aussi votre premier store SWAG de façon physique où vous partagez des photographies d’archives prises ces 30 dernières années. C’est votre façon de casser les frontières entre l’art établi et émergent ?
Dans un sens, oui, même si ce n’était pas mon intention de départ. J’espère que ce sera l’un des points positifs qui en ressortira.
"Le travail d’équipe fait partie intégrante de ma façon de faire et de mon business."
Ce projet souligne aussi l’importance du travail d’équipe. C’est la clé du succès selon vous ?
Oui à 100%. Le travail d’équipe fait partie intégrante de ma façon de faire et de mon business. Sans cela, je pense que beaucoup moins de choses peuvent être réalisées. Il y a un bon vieux dicton qui dit : "Deux têtes valent mieux qu’une". Je continuerai à dire que les esprits variés valent mieux que tout ce que vous pouvez faire par vous-même.
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes artistes ?
De travailler et de se discipliner à le faire tous les jours. Je ne dis pas que vous ne devez penser qu’à cela mais réaliser des choses tous les jours est la meilleure façon d’apprendre. Aussi, de lire beaucoup. Ne pas lire que des textes sur sa discipline, la photographie, mais lire aussi ce qui concerne la psychologie, l’histoire, tout ce qui vous intéresse ou qui vous enthousiasme. Explorez tout cela. Beaucoup d’idées fécondes viennent de là.
L'exposition "Visual Noise" à découvrir les 9 et 10 avril prochains au studio Maryland à Londres.
Les tickets sont disponibles sur le site Maryland Studio : https://www.marylandstudio.co.uk/visual-noise
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