PHOTOGRAPHIE
L’un sculpte ses robes sur le corps des supermodels, l’autre les photographie. Jusqu’au 14 novembre 2021, la Fondation Azzedine Alaïa célèbre la collaboration artistique entre Peter Lindbergh et le couturier virtuose, dans une exposition où s’affiche une page de l’histoire de la photographie et de la mode. Une ode aux années fastes, en sobriété.
A la fin des années 1980, les stars de cinéma ou les "vedettes" de la chanson sont détrônées par les top, dont la silhouette jeune, lisse et élancée s’exhibe majestueusement sur papier glacé. Sur ces corps érigés en culte, le couturier franco-tunisien Azzedine Alaïa sculpte ses robes noires, sobres et sexy. A cette époque, quand le noir ne s’applique pas en aplats vestimentaires, il s’affiche en argentique, sur les tirages de Peter Lindbergh. Autre icône des années fastes, le photographe allemand avait élu le noir et blanc pour mieux souligner l’authenticité de ses mannequins à la forte personnalité. Aujourd’hui, la Fondation Azzedine Alaïa rend hommage à ces deux monuments sacrés, dans une exposition qui retrace une partie de l’histoire de la photographie et de la mode.
Une rencontre artistique, entre mode et photographe, qui s’ajoute à une liste de collaborations toutes aussi prestigieuses les unes que les autres. A la lueur des réverbères de la rue Aubriot, à Paris, une jeune femme tient nonchalamment sa cigarette. Elle est vêtue d’une chemise en mousseline, d’un pantalon noir et d’une impeccable veste longue. C’est ainsi que le premier smoking pour femme signé Yves Saint Laurent est immortalisé par le sulfureux Helmut Newton. Cette image sera l’une des plus reproduites au monde. Avant lui, c’est Richard Avedon qui, dans les années 1950, saisit l’essence de la maison Christian Dior avec justesse et émotion. Du regard pensif et inaccessible de Marlène Dietrich au pas dansant d’Audrey Hepburn dans les rues de Paris, le jeune photographe sublime les muses Dior et capture des moments uniques et intimes, toujours en noir et blanc.
Si Lindbergh et Alaïa sont de géographies opposées, ils cultivent des horizons proches. Peter Lindbergh grandit à Duisbourg, ville industrielle située en Allemagne, dans une région minière bien noire à l’époque. Les vastes plages néerlandaises qu’il fréquente en famille ne sont qu’à quelques kilomètres pour prendre le large. Azzedine Alaïa, lui, étudie la sculpture dans sa ville natale, Tunis. Dans cette capitale méditerranéenne aux murs blancs aveuglants, les jeux d’ombres s’exposent à chaque coin de rue. Qu’ils soient de Méditerranée ou du Nord, tous deux partagent le goût des grands horizons, l’amour du noir, et l’engagement pour la simplicité des formes. Leur chemin se croise en 1979 à Paris, où ils écriront les plus beaux chapitres de l’histoire de la mode.
Exposition Azzedine Alaïa, Peter Lindbergh, du 20 mai au 14 novembre 2021, à la Fondation Azzedine Alaïa, 18 rue de la Verrerie, Paris IVe.
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