INTERVIEW
Publié le
8 novembre 2024
"Je garde un très bon souvenir de ma rencontre avec Natalia Vodianova", explique Claire, membre du groupe Astéréotypie, mercredi dernier. Il est 16h passé au Studio Ferber (Paris XXe) lorsque la chanteuse, Benoit (clavier) et Christophe (guitare) s’installent autour d’un thé ou café pour nous raconter les coulisses de leur 3e album baptisé patami. Une formule ou un concept réconfortant qui doit son origine à l’imaginaire d’un autre acteur du groupe, Stanislas. C’est avec esprit et humour que le trio présent souligne l’engouement du public pour leur univers rock singulier, porté par des paroliers poétiques ou transgressifs. Si certains visages familiers sont régulièrement à l’antenne de l’émission du Papotin sur France 2, le groupe, fier de son histoire, s’affaire à marquer la différence au fil des pages Culture et non de celles dédiées aux sujets de Société. Alors que La Maroquinerie est déjà complète le 14 février 2025, le collectif adorerait ouvrir le champ des possibles à l’international.
Claire, Christophe et Benoit si vous deviez nous parler du groupe Astéréotypie en quelques mots…
Claire : Notre nouvel album sort vendredi et vous allez adorer ! J’espère que ça va vous plaire. Nous sommes tous fiers de notre création après cette longue préparation.
Benoit : C’est une belle surprise car ce n’était pas un projet calculé pour faire des scènes, passer à la télé ou devant des journalistes !
Christophe : C’est la liberté de création avec de super paroliers. C’est ma thérapie, en ce qui me concerne.
Vous sortez votre 3e album baptisé Patami le 8 novembre prochain. Sur la couverture de l’album, il y a un chien avec des dessins. C’est la contraction de "patte" de chien et "chien-ami" ?!
[Rires]
Christophe et Benoit : "Patami", c’est un concept de Stanislas. C’est une façon de lui rendre hommage car il a beaucoup de concepts. Le "Patami" des enfants en est un. Ce sont des mots de son invention que l’on trouve géniaux. C’est une sorte d’ami imaginaire qui va fédérer tous les enfants, qui va leur faire des cadeaux… Par extension, c’est quelque chose de réconfortant. Chacun a son patami ! Le graphiste y a vu un chien ! Dans l’album, il y a des post-it donc on peut "patamiser" son univers.
Vous avez commencé à teaser l’album sur les réseaux sociaux, on voit Brad Pitt, un yorkshire, un hérisson, des dinosaures, une partie de Street Fighter, un orque… Qu’est-ce que ça évoque tout ça pour vous ?
Benoit : C’est le bestiaire d’Astéréotypie ! [Rires] C’est la poésie des chanteurs et leur manière de vouloir toujours faire référence à une enfance qu’ils n’ont peut-être pas vécu comme nous autres, enfants neurotypiques.
Christophe : Oui, c’est leurs références over pop. C’est tout sauf snobe. On adore cette liberté. Le teaser va dans ce sens. Cela demande, des fois, un troisième degré de lecture pour comprendre.
Claire : "En France, personne ne ressemble à Brad Pitt à part François Civil et mon cousin par alliance !"
En parlant de Brad Pitt, votre précédent album s’appelait Aucun mec ne ressemble à Brad Pitt dans la Drôme (2022)...
Claire : C’est moi qui lui ai dédié à l’aide de l’idée de Christophe !
Et ailleurs, il y en a ?! Claire, qu’en pensez-vous ?!
Claire : En France, personne ne ressemble à Brad Pitt à part François Civil et mon cousin par alliance ! J’ai rencontré un fan qui lui ressemble et Christophe a la chance d’avoir un de ses potes qui vit aux États-Unis et qui lui ressemble.
Christophe : Ah oui, on peut parler de Jérémie Rüest, ce serait super drôle ! C’est vrai qu’il est très beau.
C’était un album très rock mais Patami a des sonorités post-punk et électro. Pourquoi cette évolution ?
Benoit : Je pense que ça vient de moi ! Je travaille pas mal sur des sons électro depuis quelques années. Je voulais que ce soit de l’électro qui sonne comme du rock. Il y a toujours cette base électronique dansante, en plus du côté rock scandé. On voulait que les gens puissent bouger la tête, sautiller et ça se mêlait bien.
Nous parlions de bestiaire. Plusieurs titres font référence aux animaux, comme : "Les orques adorent le foie de requin", "Ce requin-baleine ne me sert à rien" ou "Que la biche soit en nous", interprété par Claire. Vous dites : "Je laisse sortir l’animal qui est en moi". Que représente la biche pour vous ?
Claire : C’est mon animal préféré. C’est gracieux et beau comme toutes les femmes. J’en ai vu quelques-unes en province, chez mon père, et elles sont venues vers moi. Elles avaient l’air d’aimer la sensation quand on les touche. C’est la force et l’esprit de la biche qui comptent ! Il y a ce pouvoir et cette magie.
La chanson "Soirée parfaite" se résume à McDo, cinéma, métro, promenade dans Paris, rentrer à fond dans les magasins des Halles avec des vélos avec des pics ! Une soirée parfaite, c’est profiter et mettre le bordel ?!
[Rires]
Benoit : Pour Félix, qui l’a écrite, j’imagine que c’est sa soirée parfaite ! Je doute qu’il le fasse vraiment mais je crois qu’il va pas mal se balader dans les catacombes. Félix n’est pas un chanteur mais il écrit. Il avait déjà écrit des textes comme "Mon chat a 44 ans" dans le précédent album. Il a un univers assez vénère !
Christophe : Il adore la transgression et il en parle très bien. Il a des références geeks très précises aussi. Il chante cette chanson avec Yohann, qui, lui, passe une soirée beaucoup plus pépère ! [Rires] C’est deux salles, deux ambiances !
Il y a des références très pop culture avec "UNO" ou "C5", ce dernier rend hommage au père de Stanislas, il me semble. Il y a cette phrase : "La C5, c’est le souvenir de mon père qui me prend dans ses bras". Comment s’est passée l’écriture de cette chanson ?
Christophe : C’est une vieille improvisation de Stanislas sur les Rencontres des Pratiques Brutes de la Musique lors du Sonic Protest en 2018. On lui avait demandé d’improviser un texte et il est parti là-dessus alors que son père était dans la salle. On a synthétisé plusieurs versions pour garder celle-ci. C’est super parce que la C5, c’est pas dingue ! [Rires] Même son père ne savait pas pourquoi il avait eu cette inspiration parce qu’il n’était pas très fan de la voiture ! Stanislas a fait de la C5 un objet pop !
Benoit : C’est l’avantage d’avoir des chanteurs comme ça qui font des fixations sur des choses qui ne nous intéressent pas vraiment. Ils arrivent à sublimer l’objet.
Christophe : "Sortir d’une page Société pour aller vers une page Culture, c’est un défi permanent."
Dans le clip "Je ris pour autre chose", vous avez tous des lunettes de soleil. C’est un esprit très futuriste avec une imagerie très vintage, ça fait penser au film Fame ou Flashdance avec la danse. Comment avez-vous pensé ce clip ?
Claire : Nous avons des lunettes de soleil comme les vigiles. J’ai dansé mais pas jusqu'à la fin. Des danseurs m’ont aidé. J’aime bien danser, ça fait longtemps que je prends des cours de danse pour bouger mon corps. J’ai fait de la danse classique étant petite mais ça a été un échec, c’est moi qui ai arrêté. Je ne suis pas tombée dans le clip en tout cas même si nous étions très serrés !
Benoit et Christophe : On n’imagine pas spécialement un clip mais on nous a proposé une ligne. Yohann s’est mis à danser et on est parti là-dessus. On a joué le jeu. On voulait quelque chose de dansant en tout cas.
Qu’est-ce que vous apporte la musique au quotidien ?
Claire : Je suis heureuse, c’est beaucoup de travail. J’ai eu 6 textes en tout et notre album est réussi.
Benoit : La musique, c’est notre vie.
Christophe : Comme Benoit, c’est un aboutissement. On s’est lancés dans ce projet car il fait sens. J’ai fait d’autres projets musique et s’il y en a un sur lequel je n’aurais pas misé, à l’époque, pour faire un Rock en Seine, c’est celui-là. Là, on a des dates qui affichent complet et c’est fou !
Christophe, nous avions discuté lors du Papotin X Anaïde au Festival Colis Suspect. Déjà, vous disiez que : "l’inclusion est parfaite quand la différence n’est plus une question". Vous avez participé à plusieurs festivals dont Rock en Seine. Vous pensez que Astéréotypie a enfin atteint cette marche ?
Christophe : Oui complètement. Mais on ne doit pas se reposer sur nos lauriers. Sortir d’une page Société pour aller vers une page Culture, c’est un défi permanent. On l’a vu avec Stanislas qui a joué dans Un p’tit truc en plus et qui a vite été rappelé sur la page Société. Nous sommes fiers de l’origine du projet qui a commencé dans un IME. Je suis fier de ce passé d’éducateur spécialisé et je suis fier d’eux. Mais l’objectif n’est pas que de rester sur ce terrain.
Benoit : Notre attaché de presse tend à nous emmener vers des médias qui n’axent pas uniquement sur le handicap et c’est important. Preuve en est, tu ne nous poses aucune question là-dessus. On bataille pour ne pas nous concentrer que sur cet aspect.
C’est aussi dans l’émission du Papotin, sur France 2, que vous avez performé lors d’une émission. Claire, on vous y retrouve chaque mois, quel est votre meilleur souvenir ?
Claire : Les plus beaux souvenirs restent Christiane Taubira, Angèle, Juliette Armanet, Adèle Exarchopoulos, Camille Cottin et bientôt Clara Luciani. Il faut regarder samedi ! Le mauvais souvenir, c’était avec Emmanuel Macron mais je tourne la page, je ne veux pas en parler. J’ai aimé danser avec Benoit Magimel aussi. J’aurais aimé faire un Papotin avec Françoise Hardy, Alain Delon mais c’est trop tard maintenant qu’ils sont au paradis.
Christophe : Il y a Michel Sardou ou Michel Drucker aussi !
Claire : Oui, ce serait une surprise ! J’ai beaucoup aimé Jonathan Cohen et Dany Boon qui a fait la voix d’Olaf.
Benoit : "Un tour du monde avec le groupe, ce serait génial !"
Que faut-il esquiver dans la musique ?
Claire : Il faut esquiver le saxophone et la batterie. C’est trop fort !
Christophe : On esquive le succès ! [Rires]
Benoit : Et la dépendance à des grosses maisons de disques, on préfère rester indépendants avec notre label Ritmo.
On vous a proposé de rejoindre une grosse maison de disques ?
Christophe : Justement non ! [Rires]
Benoit : Je pense que ça ne nous plairait pas ! On travaille en famille et on n’a pas d’autres ambitions.
On vous retrouve à La Maroquinerie le 14 février 2025, jour de la Saint-Valentin… A quoi peut-on s’attendre ?
Tout le monde : Un slow et de nouveaux titres ! C’est complet et si vous voulez nous voir à Paris, ce sera le 13 novembre 2025 à La Cigale.
Que peut-on souhaiter au groupe ?
Claire : Nous souhaiter de fabriquer d’autres textes.
Christophe : Que ça continue !
Benoit : On aimerait bien toucher des gens en dehors de la France aussi, comme au Québec, au Japon où il y a une ouverture aux musiques françaises. Un tour du monde avec Astéréotypie, ce serait génial !
"Patami", disponible dès aujourd’hui.