ARTS
Ville-monde, carrefour d’influences, émirat de l’audace : Dubaï accueille cette semaine, du 18 au 20 avril, la toute nouvelle édition d’Art Dubaï, devenue en quelques années le rendez-vous phare du marché de l’art contemporain du Moyen-Orient. Plus qu’une foire, c’est une cartographie vivante de ce qui se pense, se crée et se transforme dans l’art aujourd’hui — et une invitation à l’explorer au fil d’escales que nous avons soigneusement choisies pour vous.
C’est sans doute la plus vibrante de cette édition. Curatée par Gonzalo Herrero Delicado, qui a notamment collaboré avec la prestigieuse Serpentine Gallery, la section Digital prend cette année un tournant engagé : “Cette édition met l’accent sur le message plus que sur le médium. Les artistes utilisent la technologie non pas pour démontrer, mais pour interroger”, explique le curateur.
Parmi les escales marquantes, on compte par exemple : le stand de DANAE, plateforme curatoriale et technologique pionnière, où l’on peut croiser le travail de l’artiste français Louis-Paul Caron, qui a récemment animé une expérience collective grâce à l’intelligence artificielle lors du week-end culturel de l’IA Summit — une initiative labellisée par le Ministère de la Culture français. On y trouve juste à côté une œuvre du célèbre artiste conceptuel Bernar Venet, et celles d’Agoria, dont le travail était présenté au Musée d’Orsay en 2024.
Mais aussi le travail de l’artiste italien Jacopo Di Cera, intitulé Retreat, symbolise un glacier recomposé à partir d’écrans recyclés, évoquant l’urgence climatique avec une sobriété saisissante ; le collectif turc Ouchhh Studio qui présente à l'extérieur Mother Earth, une sculpture monumentale animée par des données climatiques en temps réel. Une œuvre vibrante, au croisement de l’art, de la science et de la conscience planétaire ; ou encore Carbon Wake imaginée par Breakfast, une sculpture cinétique qui visualise la manière dont les villes du monde entier amorcent leur transition vers des sources d’énergie plus propres.
Du Golfe à l’Asie, en passant par l’Europe et l’Afrique, cette section offre un panorama ouvert de la création actuelle — sans frontières, ni format figé. À découvrir absolument : l’artiste Monira Al Qadiri chez Perrotin, dont les sculptures chromées inspirées des foreuses pétrolières transforment les symboles du pétrole en objets critiques et envoûtants ; Imran Qureshi chez Thaddaeus Ropac, qui mêle tradition de la miniature persane et expressivité contemporaine. Une œuvre d’une rare intensité, politique et poétique ; et le stand de la Galerie Continua, fidèle à sa réputation d’agent du décloisonnement artistique, entre esthétique radicale et engagement humaniste. On y croise avec joie le travail d’Anish Kapoor, de Julio Le Parc, de Pascale Marthine Tayou, ou encore de Zhanna Kadyrova.
À quelques minutes de Madinat Jumeirah, ce vaisseau calligraphié propulse les visiteurs en 2071. Le Musée du Futur ne propose pas une exposition, mais une expérience sensorielle où prospective scientifique, poésie immersive et design spéculatif s'entrelacent. Un complément évident à l'effervescence d’Art Dubaï — et une escale incontournable pour qui veut penser, rêver, anticiper.
Cette année, Art Dubaï ne cherche pas seulement à exposer : elle connecte, interroge, dérange, et inspire. À travers ces escales — de l’IA poétique au geste politique — c’est tout un monde qui se dessine. Et s’il fallait en retenir un mot ? Engagement.
Art Dubaï 2025 jusqu'au 20 avril prochain.