CINÉMA

Annie Hall : comment Diane Keaton a transformé la mode ?

Publié le

3 août 2021

Si le film, sorti en 1977, demeure l’un des plus célèbres de Woody Allen, il doit en partie sa renommée aux tenues iconiques de son actrice principale, Diane Keaton.

Diane Keaton et Woody Allen dans Annie Hall. Courtesy United Artists

Pour découvrir ce qui fait l’essence du cinéma de son auteur, Annie Hall représente probablement la meilleure porte d’entrée. Réflexions névrotiques sur la mort et la vacuité de l’existence, amours contrariés et humour mélancolique sont au programme de ce classique instantané de la comédie américaine, récompensé à l’époque de quatre Oscars.Un autre détail, qui n’en est pas un, attire cependant l’attention du spectateur : les vêtements portés par Diane Keaton tout au long du film. Non contente d’arborer une coiffure lâchée ou en chignon qui sied parfaitement au contexte des seventies, l’actrice fait le choix de se parer de tenues (qui sont les siennes) habituellement réservées aux hommes. Ici une cravate à pois, là un pantalon chino taille haute : Diane Keaton revendique son allure de garçon manqué qui, pour l’époque, passe pour un parti pris audacieux.

Un long chemin de traverse

Avant elle, la mode apparaît parfaitement genrée. Les costards de Marlène Dietrich, habillée par Coco Chanel, et les pantalons de Katharine Hepburn sur les tapis rouges ouvrent certes un nouveau champ des possibles dans les années 1930 mais scandalisent le grand public de l’époque. Dans les décennies 1960 et 1970, Yves Saint-Laurent fait défiler ses mannequins féminins en smoking, dans un mélange de classicisme et de modernité propre au créateur. Il participe ainsi à rendre, si ce n’est attrayant, au moins acceptable le port du pantalon par des femmes.

Diane Keaton s’impose comme la première véritable figure de la culture populaire à s’afficher dans de telles tenues, au cours d’une période historique (les Trente Glorieuses) riche en revendications féministes. Dans un effet de mimétisme avec Woody Allen alias Andy, son compagnon à l’écran, elle adopte des codes vestimentaires traditionnellement masculins : outre la cravate et le pantalon évoqués plus haut, on peut l’admirer en blazer, en chemise à carreaux, en veston noir. Elle incarne ainsi une identité exposée à des influences diverses et fécondes, tout en élargissant la représentation de l’esthétique féminin au cinéma.

Un héritage pop

L’influence stylistique de Diane Keaton ne s’est pas arrêtée à la sortie d’Annie Hall. Bien au contraire : il suffit d’admirer les smokings portés par Beyoncé ou les tenues volontiers androgynes de Christine and the Queens pour s’en persuader. Au dernier festival de Cannes, on ne comptait plus les actrices (Tilda Swinton, Karidja Touré, Sophie Marceau, pour ne citer qu’elles) qui portaient, elles aussi, un pantalon lors des traditionnelles séances photos.

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