INTERVIEW
Publié le
29 novembre 2022
Dans un décor méditerranéen, ponctué de maisons immaculées, de voitures errantes et de plages ensablées, la photographe Akila Berjaoui sublime les contours de la sensualité féminine. Inconditionnelle des moments volés, l’artiste et auteure du livre The Last Days of Summer écume les plus belles lumières du globe, de la Grèce au Brésil en passant par le sud de la France, pour réaliser des séries aussi pures qu’ardentes pour des éditoriaux pointus tels que Harper’s Bazaar ou Elle.
Akila, parlez-nous de votre parcours photographique…
J’ai étudié la photographie ici et là, à l’école et à l’université, et j’ai toujours adoré cette matière. J’avais d’ailleurs de très bons résultats car j’aimais faire les devoirs demandés. Ce qui n’était pas le cas, honnêtement, pour les autres disciplines ! Cependant, dans les années 1990, la photographie n’était pas vraiment une option de carrière, surtout pour une femme. Vous pouvez croire cela ?! Les choses ont certainement évolué vers le meilleur. Quoiqu’il en soit, c’est à 20 ans que j’ai commencé à travailler pour RUSSH magazine, comme styliste et à prendre des photos de mannequins avec un vieux polaroïd. L’équipe les a adorées et le rédacteur mode m’a encouragé à poursuivre dans cette voie. Je dois dire un grand merci à Phillip. Deux semaines plus tard, j’étais sur mon premier job qui m’a emmené à Tokyo, Hong Kong, Taïwan, Séoul et Bangkok pendant une dizaine de jours. C’était une aventure géniale. Je ne pouvais pas y croire, c’était surréaliste. Des années plus tard, j’ai appréhendé la photographie de façon plus sérieuse. Et voilà, je suis là maintenant !
Sable, soleil, mer et sublimes mannequins… C’est un bon résumé de votre univers ?
[Rires] Oui, j’imagine. Ou plutôt avant de déménager à Paris ! J’ai aimé le mode de vie que j’avais lorsque je vivais à Sydney, entourée de tant de nature et d’eau. Depuis que je vis à Paris, j’apprécie des choses différentes, comme les changements de saison que je peux incorporer dans mon travail. C’est une évolution en tant que femme et artiste.
"Le corps de la femme est une source d’inspiration formidable. Plus c’est pur, plus c’est beau selon moi."
C’était aussi la planche d’inspiration de votre livre : The Last Days of Summer ?
Oui, ça l’était. Avant les restrictions liées au covid, nous pouvions travailler en toute liberté et c’est un paramètre qui me plaît. J'étais engagée dans un mode de vie assez hédoniste et je l’avais plutôt bien retranscrit dans The Last Days of Summer.
Quel(s) photographe(s) a/ont inspiré votre travail ?
Oh, il y en a beaucoup qui m’inspirent quotidiennement. Le nombre de grands photographes aujourd’hui est impressionnant. En ce moment, j’aime beaucoup le livre Day Sleeper de Dorothea Lange. C’est une collection intime d’images si contemporaines et si différentes de son travail habituel, une œuvre extraordinaire allant des années 1930 à la fin des années 1950.
Vous shootez dans de sublimes lieux, entre l’Italie, l’Australie, le Brésil et le Sud de la France. Quelle est votre lumière préférée pour photographier les corps et les attitudes ?
C’est une question difficile car chaque pays, dans lequel je voyage, a une culture unique et des façons différentes d’interagir et de fonctionner. Au Brésil, c’est tellement vivant, amusant et sauvage. Les gens vivent sur la plage. A vrai dire, j’aime vraiment la Grèce. Je m’y sens bien, j’aime la lumière, les paysages, les gens et la présence de ces îles inhabitées et calmes en plein été. J’aime les plages désertes et propres dans ce coin, où tu peux être nue des heures et en paix au milieu de l’été. C’est sublime.
"Dans années 1970-1980, les images n’étaient pas dénaturées par les technologies modernes, les réseaux sociaux et les filtres…"
Selon vous, quelle est la meilleure façon de photographier une femme ?
Je trouve que le mieux est de prendre des clichés de la femme, ou de n’importe qui d’ailleurs, quand elle n'est pas consciente de la caméra. C’est ce moment où je capture des moments authentiques avec des personnes sincères et naturelles. J’aime photographier la nudité de la femme. Le corps de la femme est une source d’inspiration formidable. Plus c’est pur, plus c’est beau selon moi.
Vos photos sont une belle illustration des vacances brumeuses d’une époque révolue, de la fin des années 1970 au début des années 1980, avec des silhouettes nues et bronzées. Cette période vous manque ?
Je ne peux pas dire que cette période me manque car j’étais trop jeune pour pouvoir vraiment l’apprécier. Sur les images de cette époque, j’aime les couleurs capturées sur le film, tout semble si pur, complet, absolu, brut et honnête. N’est-ce pas ? Je pense que dans ces années-là, les images n’étaient pas dénaturées par les technologies modernes, les réseaux sociaux et les filtres…
Quel est votre meilleur souvenir photographique ?
Sûrement d’avoir voyagé avec mon ancien copain, d’avoir capturé des souvenirs de nos moments ensemble. J’aime faire cela. Je me sens la plus heureuse et dans mon élément en immortalisant des moments hors du temps avec la personne que j’aime.
Avez-vous un nouveau projet artistique à venir ?
J’ai plusieurs idées en cours… Vous allez devoir attendre pour voir !