ITBRAIN
Publié le
22 mars 2022
Égérie de Rouge Coco de Chanel, "Ange" Victoria’s Secret et silhouette adulée des prestigieux défilés de la fashion week, la mannequin Sigrid Agren a suscité l’intérêt des plus grands noms de la mode. Présente sur le dernier show Off-White à Paris, la Martiniquaise d’origine suédoise trouve aujourd’hui son équilibre grâce à la méditation, et plus particulièrement à la pratique du QiGong. Sur les plages paradisiaques de l’île aux fleurs, Sigrid organise des ateliers propres aux bonnes vibrations et à la reconnexion à soi.
Sigrid, si vous deviez vous présenter en quelques mots…
Je suis une fille des îles, de la Martinique plus précisément. J’adore la nature, j’y passe énormément de temps que ce soit dans la forêt ou dans l’océan. C’est là que je me retrouve car ça me ressource. J’aime aussi passer des moments en famille, entre amis. J’adore me sentir connecter à l’autre et aussi à moi-même.
Comment êtes-vous devenue mannequin ?
J’ai fait le concours Elite en Martinique quand je n’avais même pas encore 14 ans. Je n’ai pas grandi en désirant être mannequin mais il y a eu ce casting et je me suis dit : "Pourquoi pas ?". C’est vrai que j’avais la taille requise mais j’étais loin de penser que ce concours pourrait m’emmener là où ça m’a emmenée ! C’était une décision spontanée qui m’a conduite à Paris pour la finale nationale Elite, puis internationale et ensuite, à 16 ans, je suis partie à New York pour ma première fashion week. De là, tout s’est enchaîné.
Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans ce métier ?
Il y a beaucoup de choses. J’ai grandi en faisant de la danse classique et quand j’ai commencé à défiler, j’ai ressenti de nouveau l’excitation et la montée d’adrénaline avec ce côté spectacle. J’aimais beaucoup la phase de préparation et l’émotion du podium. Ensuite, les voyages. Depuis le début, c’est génial d’aller dans différents endroits et de rencontrer différentes personnes. C’est une industrie qui se prête aux rencontres et aux connexions. Aussi, toute la partie créative, durant les séances photos ou les éditos, qui nous permet de faire partie d’un processus de création unique. Lorsqu’on fait ça pendant plusieurs années, on rencontre des designers et des maisons, on devient comme "un témoin" de ces créations. Au début, je n’y connaissais pas grand-chose et au fur et à mesure j’ai compris l’univers de chaque label et c’est assez passionnant. J’ai fait du mannequinat pendant sept ans et c’est devenu une vraie passion.
"Il y a trois ans, j’ai eu besoin de revenir aux sources, c’était essentiel pour mon équilibre. Je sentais que j’avais besoin d’une vie plus proche de la nature et d’un rythme plus lent que ce que j’avais connu en grandissant."
Aujourd’hui, vous vivez en Martinique où vous avez grandi. C’est un retour aux sources salvateur ?
Oui complètement. J’avais arrêté un peu le mannequinat, je vivais à New York et je venais de temps en temps à Paris. Il y a trois ans, j’ai eu besoin de revenir aux sources, c’était essentiel pour mon équilibre. Je sentais que j’avais besoin d’une vie plus proche de la nature et d’un rythme plus lent que ce que j’avais connu en grandissant. Les grandes villes, c’était génial pour la découverte et l’énergie mais je commençais à savoir ce que je voulais faire et ça avait plus de sens de le faire ici.
En 2020, vous postiez d’ailleurs une sublime photo de vous durant le backstage d’un show soulignant l’inexactitude des apparences… Vous apparaissiez comme une jeune femme à qui tout réussi aux yeux de la société mais pourtant vous ne vous sentiez pas à votre place…
J’ai ressenti cette nécessité de faire une pause car je ne me sentais pas vraiment épanouie. Je n’étais pas à l’aise car je projetais une image et à l’intérieur de moi, ce n’était pas du tout en adéquation. Même s’il y a cet aspect glamour, ce côté célébrité et argent, j’avais besoin d’expérimenter d’autres choses. J’ai fait un travail introspectif pour creuser et comprendre pourquoi je ne me sentais pas aligner avec moi-même et bien dans ce rôle. C’est avec beaucoup de recherches et d’expérimentations que j’ai réussi à m’épanouir intérieurement. Pendant un moment j’avais pointé du doigt le mannequinat, le rendant un peu responsable de mon mal être, puis j’ai réalisé que ça venait vraiment de moi. Personnellement, j’ai beaucoup changé de décor, j’ai voyagé etc… Au final, ce n’est jamais l’extérieur qui va changer ou améliorer quelque chose avec lequel on ne se sent pas en paix. Aujourd’hui, je me sens bien. Je suis en paix avec moi-même. Auparavant j’avais un manque de fierté, un sentiment de culpabilité qui venait de ce succès et de cette célébrité. Quand j’ai nettoyé tout ça, j’ai réussi à profiter de pleins de beaux côtés.
"J’ai découvert le QiGong et j’ai eu envie de partager cette pratique car ça a bouleversé ma vie."
D’ailleurs, faire un retour sur le podium d’Off-White durant cette dernière saison de la fashion week vous a procuré quel sentiment ?
C’était super de revenir sur le show Off-White et de se sentir complètement différente. Les défilés, j’en ai fait des centaines de fois et en même temps, le ressenti était tellement différent cette fois-ci que j’ai trouvé ça génial. J’ai un plus grand détachement et une paix intérieure aujourd’hui. C’est plus facile à 30 ans qu’à 16 ans. C’est un milieu où il y a un jugement sur le physique et quand on n’est pas encore ancrée dans ses propres valeurs, c’est plus difficile. Je trouve ça génial aussi d’avoir les outils aujourd’hui pour naviguer et avoir des sensations beaucoup plus positives et apaisées.
Ce recul vous a permis de vous tourner vers la méditation…
Oui cette profession de mannequin m’a quand même créée une déconnexion entre le corps et l’esprit. Le corps était quelque chose qu’il fallait dompter. Un peu avant d’arrêter, vers mes 22/23 ans, j’ai eu besoin de faire une introspection et de me reconnecter à mes sensations. Il y avait une vraie dichotomie en moi et la méditation, dans un premier temps, m’a aidée à ressentir mon corps. J’ai toujours fait du yoga et la rencontre avec le QiGong a changé mon rapport à moi-même et au corps.
Vous pratiquez le QiGong et vous partagez cette activité autour d’ateliers sur les plages de l’île, pouvez-vous nous en parler ?
J’ai découvert le QiGong grâce à mon oncle en Suède. Mon père s’y est mis ensuite et je le trouvais plus posé et plus serein. Puis une fois, j’ai participé à une retraite d’une semaine avec mes cousins. J’avais des souffrances physiques : des migraines, des douleurs dans le dos et au final, cette semaine passée a bouleversé ma vie. J’ai eu envie de partager cette pratique avec les autres.
Le QiGong est une gymnastique douce, une méthode d’entraînement issue de la médecine traditionnelle chinoise où on utilise la respiration, les mouvements et l’intention pour faire circuler l’énergie dans le corps et la rééquilibrer. Cela permet de travailler sur le corps et l’esprit. On utilise des mouvements très doux et très posés. C’est plus lent et moins dans la performance physique que le yoga, par exemple. On est davantage dans le ressenti et dans cet alignement, cette connexion au corps pendant qu’on pratique. C’est fascinant car les gens ressentent beaucoup de bienfaits et d’apaisement. Le QiGong traite l’individu dans toute sa globalité et vise à le ramener vers l’harmonie et une meilleure santé.
"J’adorerais trouver des partenaires pour faire des ateliers à Paris."
En médecine chinoise, on parle de "thérapeute". C’est comme cela que vous définiriez votre activité ?
C’est vrai qu’on a souvent envie de mettre dans des cases. Oui, je dirais thérapeute car un thérapeute offre un espace de guérison à une autre personne. Moi, c’est comme cela que je fonctionne et c’est ce qui me motive aussi : générer un espace pour permettre aux gens de se reconnecter. C’est une forme de guérison intérieure dont tout le monde a besoin.
Vous souhaitez un jour faire des ateliers à Paris ?
J’adorerais ! Là j’étais de passage pour la fashion week donc c’était rapide mais j’aimerais trouver des partenaires pour faire des ateliers. J’ai pas mal de contacts, d’amis et de gens en place dans le milieu de la mode à qui je souhaiterais faire découvrir le QiGong mais aussi au plus grand nombre. C’est important de moderniser son image car souvent on pense qu’il s’adresse aux personnes âgées uniquement par exemple. Ce serait intéressant de montrer que, tout comme le yoga, c’est une discipline ouverte à tout le monde.
Quels exercices conseilleriez-vous à ceux qui ont besoin de se reconnecter à eux-mêmes ?
Tout d’abord, commencer par se mettre dans un endroit confortable, assis ou couché puis fermer les yeux. Ensuite se connecter à sa respiration, c’est déjà une première étape qui permet de se recentrer sur soi.
Vous pouvez faire un scan corporel, c’est très utile pour sortir de sa tête et redescendre dans les sensations. Donc de la tête aux pieds, comme si on prenait la température. Sentir sa tête, son cou, essayer de relâcher partie du corps par partie du corps jusqu’aux pieds. Il s’agit de faire redescendre l’attention dans le corps.
Aussi, on peut se demander comment on se sent. Personnellement, j’aime bien poser une main sur mon ventre et mon cœur et me demander comment je pense la journée, ce que je ressens émotionnellement. Cela permet de sortir de sa tête. On est tellement tout le temps dans le « faire » que cet exercice permet de cultiver cette connexion au corps toute la journée. Si on réussissait à mieux écouter notre corps, et pas que notre tête et nos pensées, on serait déjà plus dans la joie et dans l’équilibre.
"J’aime bien cette phrase qui dit : ‘Être soi, c’est le partager’. C’est ma vision d’un monde lumineux. C’est comme cela que je veux vivre ma vie à travers le QiGong, le mannequinat et la photographie aussi."
Il y a un moment particulier pour faire ces exercices ?
Avant de dormir ou juste au réveil, on n’est pas encore ou plus à fond niveau rythme et ce sont des moments propices pour être dans le ressenti. C’est aussi bénéfique si on prévoit une journée à 100 à l’heure. Cela prévient un éventuel burn out ou un mal de tête parce qu’on ne s’est pas arrêté, ni écouté. N’importe quel moment sera toujours mieux que de ne pas le faire du tout.
Que peut-on vous souhaiter ?
De continuer à partager qui je suis, ce qui me passionne et ce qui me fait vibrer. J’aime bien cette phrase qui dit : "Être soi, c’est le partager". C’est ma vision d’un monde lumineux. C’est comme cela que je veux vivre ma vie à travers le QiGong, le mannequinat et la photographie aussi.
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