Steven Meisel, chef d'orchestre intemporel de l'image

De Stella Tennant à Christy Turlington, Linda Evangelista ou Amber Valletta, ce façonneur de Supermodels, créateur de séries photographiques culte et artiste rare a vu défilé tout le monde de la mode devant son objectif depuis ses débuts dans les années 1980. L’illustre photographe new-yorkais Steven Meisel semble avoir tout connu et tout survolé. Encore dernièrement, auteur des images de l’artiste Lous and The Yakuza pour la campagne Louis Vuitton ; son œil, son expérience et sa technicité n’ont jamais démérité. Tel un hommage à la carrière unique de l’artiste de 68 ans, Marta Ortega — présidente du groupe Inditex — propose une rétrospective de son travail à la Fondation MOP dans un espace dédié à la créativité situé à A Coruña, capitale de la province de La Corogne en Galice, au nord-ouest de l’Espagne.

Et pourquoi 1993 ? Une année particulièrement brillante pour celui qui collabore avec Madonna autour d’images iconiques en noir et blanc aussi sexy que subversives et à son livre SEX (1992). Un marqueur phare dans la trajectoire professionnel de l’artiste qui enchaînera 28 couvertures de Vogue les mois suivants et une centaine de séries éditoriales dont 60 pages spéciales mode homme pour Per Lui. "J’ai besoin d’être inspiré par de beaux vêtements et bien sûr, en amont, par des designers de talent. C’était la mode, la mode, la mode ; un bon moment pour s’impliquer dans cet univers, notamment en ce qui concerne les vêtements", précise-t-il. Cette grande parade, composée de plus de 100 portraits aussi classiques que brûlants, capture les qualités individuelles de ses sujets. Une minutie assumée dans la sélection des images qui ont inspiré et fait la mode de ces dernières décennies.

Une approche singulière, perfectionnée dans la folie créative des années de la Factory new-yorkaise et de l’ère Warhol, et des polaroïds réalisés dans la rue, élèvent au rang de fantasme ce maître du style et de la photographie. Des études à Parsons School of Design à New York et des articles de mode pour le magazine New York Rocker marquent les débuts du jeune illustrateur de profession dans l’industrie de la mode. Après plusieurs séries de tests pour étayer les books des mannequins de prestigieuses agences, il se fait remarquer et publie des séries dans les magazines W, Vogue ou Vanity Fair. C’est au milieu des années 1980 qu’il se positionne en référence ultime et fait la pluie et le beau temps pour les nombreuses new faces qui passent devant son appareil photo. A l’époque, le photographe le mieux payé de tous les temps, collabore exclusivement avec Vogue Italie et sa complice de toujours, la rédactrice en chef du magazine, Franca Sozzani.

Aussi bien critiqué pour ses campagnes transgressives — Calvin Klein, en 1995 — qu’adulé pour sa vision artistique, il enchaîne les projets, notamment pour le calendrier Pirelli, ou encore des images culte pour Chanel, s’appuyant toujours sur son savoir dans le domaine de la mode, de l’art et du cinéma. Dans sa parfaite maîtrise de style, Steven Meisel laisse une trace indélébile puisqu’il s’inscrit, depuis toujours, comme un chef d’orchestre dans la conception des images.

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"Meisel 93. A year in photographs à découvrir à la Muelle de la Bateria à A Coruña, en Espagne, jusqu’au 1er mai 2023.