MUSIQUE

Shaka Ponk repart en live avant de raccrocher

Publié le

5 juin 2023

Le groupe de rock alternatif revient avec un album et une tournée, avant de mettre fin à 20 ans de carrière pour se consacrer à l’écologie. Décryptage et réactions.

shaka ponk
Shaka Ponk à la Fête de l'Humanité en 2012 via Wikimedia Commons

Ils se lèvent et ils se cassent. Le groupe français Shaka Ponk - SHK PNK pour les initiés – annonce un dernier album à première vue très politique, avant de mettre fin à 20 ans de carrière. La bande de rockeurs-activistes emmenée par Frah et Samaha Sam fera ses adieux sur scène, lors d’une ultime tournée intitulée The Final Fucked Up Tour, qui débute à Amiens en octobre prochain, et comprend une quarantaine de dates. Dernier extrait de leur album attendu en fin de semaine prochaine, “Dad’Algorythm” renouvelle l’identité rock du groupe par sa musique électrisante non sans rappeler Aerosmith et AC/DC, rythmée par une batterie furieuse. Réalisé par Guillaume Panariello, le clip aux allures post-apocalyptiques met en scène la renversante Sonia Bel Hadj Brahim en femme zombie dansante, qui se libère des carcans d’une société polluée par les algorithmes. Le mélange entre l’image et le son est équilibré, la fusion est percutante.

Formé au début des années 2000, Shaka Ponk contraction de “Shakyamuni” – dénomination savante de Bouddha – et de “Ponk”, esprit machiavélique selon le Collins, tarde à conquérir le public français. Longtemps, le groupe est boudé par la presse nationale, sans doute affublé par une image dépréciative de punk à chiens, qui ne rend pas justice au travail fourni par la fine équipe - et sa mascotte virtuelle, le singe Goz. Le groupe se construit alors en opposition aux médias traditionnels, comme l’analysait en 2011 dans les colonnes de Libération le photographe Laurent Julliand, qui suit la formation depuis ses débuts : “Shaka Ponk a, dès ses origines, développé une démarche activiste fondée sur le do it yourself : n'attends jamais rien de personne pour te lancer et créer. Le groupe appartient à la génération Web 2.0, avec un public de plus en plus jeune qui, à travers Internet, développe sa propre logique communautaire en marge des médias dits traditionnels, dont il irait presque jusqu'à se méfier. En réaction, SHKPNK s'exprime sur Myspace, Facebook ou Monkey TV, ‘leur’ chaîne, où ils se filment en permanence.”

Déjantés et décorés

Progressivement, le déluge visuel et sonore de la bande de potes pas si zen s’impose sur les ondes françaises et provoque des pogos en pagaille devant les scènes. Sorti il y a douze ans, l’album The Geeks and the Jerkin’ Socks marque la consécration. Le clip de “My name is stain”, chanson phare de l’album, est visionné plus de 41 millions de fois sur Youtube. La superbe chanteuse anglo-égyptienne Samaha Sam, jamais sans sa pièce de cuir, sort de l’ombre pour la première fois sur un air composé en anglais, qui invite à lâcher prise et dépasser les tracas du quotidien. Le clip (fait maison), désordonné mais addictif, est emblématique de l’univers du groupe, qui se verra, non sans surprise, élevé au rang de chevalier des Arts et des Lettres en 2014 par Aurélie Filippetti, ministre de la Culture.

A la suite des dernières annonces du groupe, la toile des réseaux sociaux s’est embrasée. Pour les fans, la joyeuse euphorie à l'approche du nouvel album se dissipe à l'idée de la décision finale des membres de la formation rock, choisissant d'arrêter les tournées, jugées trop polluantes, pour se consacrer à l'activisme écologique, notamment via leur collectif The Freaks, créé en 2019. “Musicalement, on les reconnaît bien avec ce nouveau clip. C’est du AC/DC chez les Walking Dead. On est très content de leur retour, mais triste que ce soit la fin…”, tempèrent Maryse et Ugo unis par l'amour du groupe. Jok', fan de la première heure, reste positif : “Je me considère comme l’un des plus grand fan de Shaka Ponk ! Leur musique me fait vibrer comme jamais aucun groupe ne l’a fait, elle me transcende. Pour moi, Shaka c’est du gros son lourd, qui parle de sexe et de soirées avec des clips déjantés. Concernant leur nouveau clip, on retrouve leur esprit ‘crados’ que j’aime beaucoup. La danseuse fait un joli taff. Concernant leur départ, je suis très triste qu’ils arrêtent mais c’est leur choix. Je continuerai d’écouter leurs chansons en boucle. Je suis impatient de voir ce qu’ils nous réservent !

No items found.
No items found.
No items found.

Plus d'articles