INTERVIEW
Publié le
30 juillet 2022
Fedora cintré et lunettes sur le nez, Sébastien Tellier chevauche tranquillement son requin blanc dans le clip de "Mademoiselle", titre de son dernier EP, Extatic, interprété lors du défilé Chanel haute couture automne-hiver 2022-2023. Habitué de la maison, il est même accompagné par son égérie, Charlotte Casiraghi, aux côtés de Xavier Veilhan et de la mannequin Vivienne Rohner. Du studio au front row, l’auteur-compositeur-interprète continue d’être animé par l’envie de faire rêver. S’il a rejoint les rangs de la mode, il a pris le soin de garder un peu de sa douce folie. Entretien.
Après un feat avec Karl Lagerfeld en 2017, c’est la fille de la princesse de Monaco que vous faites chanter. Comment est née cette improbable collaboration ?
C’est Xavier Veilhan qui a eu l’idée de faire parler Charlotte sur l’un des titres de l’EP. Il souhaitait illustrer ses images avec un duo homme/femme. Charlotte est à la fois très belle et très sensible, tout à fait à l’image de la musique que je voulais proposer à Chanel, l’idée m’a donc tout de suite emballé.
Le clip, réalisé par l’artiste Xavier Veilhan, avec qui vous créez depuis plus de 15 ans, est aussi un hommage à l'univers équestre, dont la Monégasque est passionnée depuis l'enfance. Musique, mode, art contemporain…C’est le combo infaillible pour se renouveler ?
L’art est une grande salade dans laquelle tout se mélange. Ce qui me plait dans tout ça c’est de partir à l’aventure, essayer de comprendre ce qui se passe plus loin.
"La sagesse peut être trop lisse et la sauvagerie trop inconfortable, alors j’ai trouvé un équilibre entre les deux."
Vous êtes le petit twist de Chanel, votre deuxième maison. Finalement, avec ces tenues sages, vous n’êtes jamais vraiment sorti de chez les jésuites…
Je me suis toujours senti écartelé entre le sage et le sauvage. Je ne pourrais pas être que l’un ou que l’autre. La sagesse peut être trop lisse et la sauvagerie trop inconfortable, alors j’ai trouvé un équilibre entre les deux.
“La mode se démode, le style jamais”. Pourriez-vous définir le vôtre ?
Mon style c’est de donner envie, de faire rêver. J’aime les tenues qui évoquent une vie pleine de plaisirs, de voyages et d’amour.
"Je pense qu’il est temps de prendre les choses très au sérieux pour réinventer un monde plus kiffant."
Musicalement, vous oscillez entre grandiloquence et second degré. En quoi cette légèreté est indispensable dans votre créativité ?
En musique j’aime tout. Le grandiose souvent, le second degré de temps en temps. La musique est un jeu dans lequel je peux réinventer les règles à chaque morceau, alors j’en profite pour me sentir libre de tout.
Peut-on encore se foutre de tout aujourd’hui ?
L’humanité traverse un moment difficile, j’ai l’impression que nous sommes tous très déçus des avancées d’hier qui ne mènent finalement pas à grand-chose… je pense qu’il est temps de prendre les choses très au sérieux pour réinventer un monde plus kiffant.
"Je suis par nature très anxieux alors l’extase pour moi, c’est de ne ressentir aucun stress."
Dans “Mademoiselle”, vous avez à nouveau recours à l’auto-tune, déjà central dans l’album Domesticated sorti en 2020. A quand le featuring avec un rappeur ?
Ma musique a souvent été samplée par des rappeurs, c’est jouissif. Je rappe très mal mais si j’avais su je m’en serais donner à cœur joie !
Votre EP s’intitule Extatic. Comment atteignez-vous l’extase ?
Je suis par nature très anxieux alors l’extase pour moi, c’est de ne ressentir aucun stress. J’aime particulièrement les massages et glander en piscine…
Qu’est-ce que vous esquivez dans la vie ?
Je fuis tous types de responsabilités en général, sauf quand elles concernent les gens que j’aime.
Extatic (2022) de Sébastien Tellier (Chanel/Because), disponible sur toutes les plateformes.