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Publié le
8 décembre 2023
Jusqu'au 28 avril 2024, le Musée des arts décoratifs accueille l’exposition "Iris van Herpen. Sculpting the Senses". Pionnière dans l’utilisation des techniques d’impression 3D en haute couture, la créatrice néerlandaise mêle innovation technologique et savoir-faire traditionnel. Le parcours commence dans les fonds-marins, pour s’achever dans l’infini intergalactique. Reportage.
23 ans. C’est l’âge auquel Iris van Herpen ouvre sa propre maison de couture. L’artiste, très vite adoubée par la critique, révolutionne le monde de la mode par sa capacité à mêler les technologies de pointe aux techniques "ancestrales" de la couture. Pour l’exposition, plus de 100 pièces sont exposées au MAD : une rétrospective déjà époustouflante, pour la toute jeune maison de couture créée seulement en 2007.
Dans les salles du Musée des arts décoratifs, il y a foule. Tout le monde se bouscule pour admirer le travail d’Iris van Herpen. Les visiteurs s’émerveillent devant les robes sculpturales, mitraillent les pièces avec leurs téléphones. Les références fusent : certains évoquent les tenues de films futuristes comme Hunger Games, d’autres l’univers des jeux vidéos. Un mur de photographies de stars montre le succès de la styliste : les robes d’Iris habillent Lady Gaga, Ariana Grande, Beyoncé, ou encore Jennifer Lopez, dans leurs tournées comme dans leurs clips. Il y a en effet de quoi s’émerveiller : dès l’entrée, une robe en forme de vague, moulée en silicone, éclabousse nos yeux de ses reflets transparents. Plus loin, on croise des robes-libellules dont les ailes de tulle ondulent à notre passage. Une visiteuse, étudiante en mode, s’exclame devant la vidéo d'un show : "Ça prend vie quand elles marchent !". La mode en 3D façon Iris van Herpen a le pouvoir d’animer les matières synthétiques, de leur donner un volume qui crée de véritables robes-créatures vivantes. Pour ajouter à l’ambiance cabinet de curiosité, des planches de Ernst Haeckel sur les micro-organismes, des coraux et des insectes du taxidermiste Deyrolle, émaillent l’exposition.
La signature d’Iris van Herpen : les robes trois dimensions ! C’est en présentant la toute première robe réalisée en impression 3D, de sa collection "Crystallization" qu’Iris van Herpen s’est fait remarquer. Dans une interview pour Vogue, elle revient sur ce moment crucial dans sa carrière : "J’ai vu les limites de la mode traditionnelle, et j’ai voulu les dépasser. J’étais alors très inspirée par les éléments qui m’entouraient, tel que le mouvement naturel de l’eau, mais je voyais que le fil et l’aiguille ne pouvaient pas me permettre de rendre compte de toute la complexité de ces sensations". Pionnière dans le domaine, elle collabore pour ce faire avec le designer Daniel Widrig, spécialiste de la modélisation 3D. La créatrice n’abandonne pas pour autant les savoir-faire traditionnels : pour une même collection, elle peut aussi bien faire appel à l’Université technologique de Delft (Pays-Bas), qu’à un souffleur de verre. Grâce à la technologie de la découpe laser, et de l’impression Polyjet, la créatrice repousse les limites des matières synthétiques et organiques. Comme le rappelle Iris : "Il est essentiel de partager nos connaissances entre chaque discipline - architecture, design, mode, écologie. Collaborer est le meilleur moyen de s’inspirer pour imaginer le futur". Lorsqu’elle fait sauter la parachutiste Jenny Norien, dans une robe bleue ornée de plumes de tulle, la mode entre soudain en apesanteur. Les images de ce moment suspendu entre terre et ciel sont à couper le souffle. Défiant l’espace-temps, Iris van Herpen ouvre la quatrième dimension de la haute couture.
"Iris van Herpen. Sculping the Senses" au MAD jusqu'au 28 avril 2024.
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