LES PLUMES
Les histoires d'amour ne finissent pas toujours mal. Si la moitié qui a fait un bout de chemin à notre côté n'a plus la même saveur, on l'imagine mal disparaître des écrans radars. Un dilemme s'impose. Faut-il rester amis ? Dans quelles conditions ? La psychologue Cynthia ToulzaDaumié apaise nos maux quotidiens avec les brillantes ordonnances qu'elle publie chaque semaine sur son compte Instagram. Que la séance commence.
Ça peut être une proposition lancée en désespoir de cause dans une intention un peu malhonnête et désespérée de consolation. Ça peut être une tentative pour apaiser une relation qui ressemble au tapis du fakir à force d’intensité et d’incompréhensions, avant un hypothétique retour de flammes. Ça peut être impossible. Si, dans l’air, la tension sexuelle peut se couper au couteau, c’est impossible. Si rancœur et regret sont grassement nourris, c’est impossible. Si attente et espérance sont tapies dans l’ombre, c’est impossible. Si les egos écorchés geignent trop fort… c’est impossible. Mais alors… est-ce vraiment envisageable ?
"Si, dans l’air, la tension sexuelle peut se couper au couteau, c’est impossible."
Peut-être l’est-ce quand voir disparaitre des écrans radars ce "quelqu’un" qui a une place si particulière à vos côtés est inconcevable. Sans les attentes et les exigences inhérentes à la relation amoureuse, cet Autre redevient pleinement ce qu’il est : un être singulier. D’autant plus singulier qu’on l’a désiré, espéré, caressé... et qu’il n’aura plus, près de soi, la même fonction, si ce n’est celle de l’affection sans faille et du souvenir. "Rester amis" prend alors une toute autre épaisseur. C’est une volonté farouche, franche, intime et partagée, de garder celui ou celle qu’on a aimé, un peu autrement c’est vrai, pas trop loin mais plus si près.
"‘Rester amis’ prend alors une toute autre épaisseur. C’est une volonté farouche, franche, intime et partagée, de garder celui ou celle qu’on a aimé, un peu autrement c’est vrai, pas trop loin mais plus si près."
Faudrait-il à tout prix "désaimer" ? Faudrait-il à toute force considérer l’amour comme un interrupteur on/off, sans aucune autre position tolérable ? Est-ce vraiment à ce prix que le chemin peut se poursuivre ? Cette complète absence de nuance rassure. L’ego, l’entourage, les nouveaux conjoints, l’ordre établi. On est "avec" ou on est "sans". En dehors de ces deux cas de figure, point de salut.
"Pourquoi, en plus de la fin de la relation physique et sentimentale, s’infliger la perte de cet Autre qui est un pays de notre monde ?"
Mais peut-être, sur cette périlleuse ligne de crête, le lien amoureux rendu impossible peut-il se tisser différemment. Pourquoi, en plus de la fin de la relation physique et sentimentale, s’infliger la perte de cet Autre qui est un pays de notre monde ? Profonde, durable, sans intransigeance, il n’y a pas de plus belle déclaration d’amour que l’amitié.