INTERVIEW
Publié le
11 novembre 2024
"Chanteur, comédien et troubadour 2.0", comme il dit ! A 29 ans, Maxence est de retour le 15 novembre prochain avec son nouvel EP, Comme un enfant. Une œuvre cathartique, à son image, oscillant entre mélancolie et esprit de fête, qui fait écho à son passage à l’âge adulte. Période charnière qui l’effraie et réveille en lui un besoin de passer un cap artistique plus affirmé, empreint de sentiments tendres et assumés à l’égard de sa mère, mais aussi d’émotions moins retenues qu’ils explorent au fil des 7 titres de l’opus. Aux côtés de Julien Doré et Lisa Pariente, le "clown triste" — comme certains ont pu le surnommer — laisse parler sa fragilité enfantine et ses doutes adolescents. Porté par une imagerie décalée et (parfois) bordélique, pensée avec sa petite amie Charlotte Castay, Maxence Lapérouse se raconte entre introspection, nostalgie et renouveau. Guidé par une envie créative depuis toujours, celui qui ne s’est jamais considéré comme un youtubeur dévoile, une nouvelle fois, un univers musical qui réfute toute perfection pour faire la part belle à la fragilité de l’âme. Une envie ancrée de communion qu'il réitérera au Trianon, le 12 avril 2025.
Maxence, si vous deviez vous présenter en quelques mots…
Je suis chanteur, comédien, troubadour 2.0, j’ai 29 ans, je deviens un adulte, ça fait peur et je suis effrayé par cette question ! [Rires]
Après un premier EP : Tout est trop beau en 2021, deux Cigale et des festivals, vous sortez votre deuxième EP : Comme un enfant le 15 novembre prochain. Comment s’est déroulé le processus créatif ?
Ça a été assez bordélique !
Comme la cover ?!
[Rires] Oui et comme tout le concept ! Il y a des chansons qui ont plusieurs années, certaines sont plus récentes et plus spontanées. Il y a eu très peu d’aller-retour studio. Je souhaitais sortir un projet parce que ça faisait longtemps. Je me suis dit que l’idéal serait la forme de l’EP. Concernant la cover, j’étais en plein déménagement, dans une période assez compliquée et responsabilisante où je sentais que je devenais un adulte, ce qui est difficile à accepter. C’était un matin, je tiens mon téléphone sur la photo parce que je n’avais pas reçu de super nouvelles administratives et j’ai un chapeau, pour quand même faire marrer ma copine ! Elle voulait à tout prix me prendre en photo parce qu’elle trouvait ça cool mais moi, je n’avais pas envie ! [Rires] Elle a pris plusieurs photos et au final, quand on cherchait une photo de cover, on voulait quelque chose de plus imagée mais celle-ci représentait le mieux ma vie à ce moment-là.
"Comme un enfant" est aussi l’un des titres de l’EP que vous avez écrit et que vous interprétez au côté de Julien Doré. Il y a beaucoup de douceur, c’est titre innocent et presqu’à fleur de peau. Que dit-il de vous ?
Il dit que je suis quelqu’un, parfois, d’innocent et à fleur de peau ! [Rires] C’est une question que l’on se pose tous mais que je me suis posé assez jeune : "Qu’est-ce que ce sera le jour où ma mère partira ?" C’est une idée qui me terrifie et je voulais la cristalliser et l’expliquer dans un morceau. C’était aussi une manière de dire : "Je t’aime" à ma mère parce que je ne le fais pas assez et assez bien. De cette même manière où, en général, j’ai l’impression d’aborder la vie comme un enfant, que ce soit dans mon écriture, dans ma manière d’interagir, de m’habiller, de jouer la comédie, j’avais peur que le dernier lien qui me lie à l’enfance, ce soit ma mère qui soit la dernière à avoir ces souvenirs intacts. C’est aussi pour ça que je voulais que le refrain soit un peu à fleur de peau comme si c’était l’enfant en moi qui chantait. Il y a des failles techniques et des choses à redire dans ce refrain mais j’ai gardé une première prise de maquette assez spontanée. J’aimais l’idée que Julien Doré chante dessus car cela représente une autre vision avec lui, qui a perdu sa maman. C’est comme si deux personnes se répondaient et racontaient chacun leurs histoires. J’aime cette symbolique.
"Tout ce que je fais par instinct est un peu empreint de mélancolie."
D’autres titres mêlent poésie, comme "Seuls dans ta chambre" mais aussi davantage d’introspection comme "Squelette". Ils sont profonds et beaucoup moins festifs que "Du Mal" ou "Bête de Foire". Vous vous définissez comme un "clown triste" … Ce sont ces grands écarts émotionnels, entre mélancolie et humour, qui vous attirent ?
C’est vraiment ce que je suis. J’ai souvent entendu les gens évoquer cette expression de "clown triste" parce que j’ai toujours été tourmenté par cette ambivalence. Je parle souvent de cette bipolarité d’émotions. Il y a vraiment, à la fois, des trucs très tristes mais aussi très festifs. C’est ce que j’aime et ce que je suis. J’ai l’impression que c’est lié à l’hypersensibilité qui m’anime et ces sentiments dans les extrêmes que j’aime bien exploités. Je pense que tout ce que je fais par instinct est un peu empreint de mélancolie. C’est un peu mon essence.
Il y a aussi votre duo avec Lisa Pariente sur "Décevoir" qui est un titre beaucoup plus sexy et langoureux. Il marque un véritable renouveau pour vous ?
En quelque sorte, oui. C’est la première fois de ma vie que je m’ouvre aux collaborations musicales comme ça. Pour mon album, j’avais besoin de me sentir un peu plus crédible musicalement et de me connaître un peu plus. C’est plus le cas et je voulais tenter de faire un duo avec une fille et de parler de l’amour autrement. Souvent quand j’aborde l’amour, c’est de façon assez triste avec le côté négatif ou alors, c’est plus idéalisé ou romantique. Je trouvais ça chouette d’évoquer une chanson concrète avec quelqu’un autour des questions qu’on s’est tous posées : "Est-ce qu’elle me désire ou pas ? Oui ? Non ?", et cette espèce de jeu…
Côté imagerie, vos visuels sont très catchy et audacieux. Je pense notamment à la pochette de l’EP ! L’idée était de jouer sur le décalage ?
A nouveau, c’est ce que j’aime mais ce n’est pas hyper réfléchi non plus.
"J’ai la chance de ne pas ressentir ce que je fais comme un métier et de me laisser guider par mes passions."
Justement, on se demande s’il y a un moodboard en amont ou pas ?
[Rires] Oui on en fait souvent avec ma petite amie qui s’appelle Charlotte Castay et que je salue bien fort évidemment ! On essaie de tout réfléchir ensemble côté direction artistique. Ça tendait naturellement vers cette imagerie enfantine, très colorée et ce décalage vers lequel je vais souvent. De la même manière de ne pas perdre l’enfant qui est en moi, j’assume qui je suis et mes idées.
Vous jouez dans la série Panda sur TF1, avec Julien Doré d’ailleurs. Il a sorti un titre dernièrement avec une nouvelle version de "Toutes les femmes de ta vie" avec les L5. La nostalgie gagne de nombreux Millenials et il y a un véritable regain des années 2000. C’est une période qui vous inspire ?
Bien sûr. En 2000, j’avais 5 ans ! [Rires] Moi qui suis très nostalgique et tourné vers le passé, notamment l’enfance, ça me parle énormément. Je consomme beaucoup de musiques contemporaines mais quand je reviens vers d’anciennes chansons, c’est des musiques de cet âge-là. Je pense que chaque génération en parlerait avec la même nostalgie de son époque. C’est très humain et on est toujours dans cette boucle qui se répète. Ça se reflète dans la manière d’aborder l’art et la musique avec ce Revival des années 2000, on a eu les années 1990 et on est encore un peu dedans. Je suis quand même un enfant des années 1990 mais avec des souvenirs conscients dans les années 2000.
Aujourd’hui, vous êtes chanteur et acteur. C’est sur Youtube que vous vous êtes fait connaître aux côtés de Squeezie et Mcfly et Carlito, entre autres. Il y a deux ans, vous aviez publié une vidéo sur Youtube pour expliquer pourquoi vous arrêtiez. Que vous a apporté cette plateforme ?
C’est étrange parce que je n’ai même pas trop l’impression d’avoir commencé Youtube. C’est un combat un peu vainc dans lequel je m’engage pour faire comprendre aux gens que je n’ai jamais été vraiment youtubeur. Quand je postais des vidéos, c’était soit des vlogs de tournées, soit pour revenir sur les paroles de mes chansons et c’est vrai que j’ai plein de potes dans ce milieu. Pour beaucoup de gens, il y a cette assimilation mais à côté, j’ai toujours tout fait dans la comédie et la musique. Ce qui est sûr, c’est qu’à un moment, je me suis dit que si on a une tendance et une facilité à mettre dans une case, si je veux me sentir légitime et confiant dans cette passion qui m’anime depuis que je suis gamin, je dois aller à fond là-dedans. Et peut-être moins me montrer sur Internet car c’est beaucoup de temps, c’est aussi très chronophage. Internet m’a apporté de l’expérience, m’a permis de me connaître, de me comprendre, de la stabilité émotionnelle en faisant des choses qui m’animent et qui me guident. J’ai la chance de ne pas ressentir ce que je fais comme un métier et de me laisser guider par mes passions.
Dans cette vidéo, vous abordiez même la question de la confiance en soi et de ce syndrome de l’imposteur ou de ce manque de légitimité… Vous sentez-vous à votre place aujourd’hui ?
Oui beaucoup plus. Naturellement, par expérience. J’avais besoin de faire un premier album concret très musical avec beaucoup d’instruments et d’organique. Je pense que je voulais prouver que j’étais musicien, c’est pour ça que j’étais plus fermé aux collaborations artistiques, mais c’était inconscient. Des fois, on comprend en en parlant ou après coup… Ma chanson "Poids-Lourd" m’a beaucoup aidé car j’ai eu de super retours qui m’ont étonné et surpris et j’en ai encore aujourd’hui. Ils me confortent à me dire que je suis sur la voie de ce qui me plaît, dans le sens où j’ai écrit cette chanson, comme les autres, par besoin et catharsis. Le bien que j’ai eu après l’avoir couché sur papier, enregistré et chanté, peut être ressenti et restitué à l’écoute chez certains auditeur(ice)s et ça me fait dire que je fais un métier de rêve. Je suis heureux de me dire que, même si 10 personnes se sentent bien en écoutant ce morceau et mes chansons, le pari est gagné.
"J’ai compris que ce n’était pas mon délire d’être youtubeur mais que ce que j’appréciais là-dedans, c’était de faire des vidéos cool avec les gens."
Depuis un autre ex-youtubeur s’est tourné vers la musique : Theodort, comme un véritable besoin et une remise en question profonde de sa vie. Est-ce que réaliser et poster sans cesse des vidéos sur la Toile ou les réseaux sociaux peut engendrer une perte de son identité, voire une déconnexion avec soi finalement ?
C’est peut-être ce qu’il a ressenti. Pour ma part, j’ai compris que ce n’était pas mon délire d’être youtubeur mais que ce que j’appréciais là-dedans, c’était de faire des vidéos cool avec les gens et de passer sur leurs chaînes. C’est comme les après-midi anniversaire quand tu es enfant sauf que là, c’est filmé et posté sur Internet. C’est ce ressenti d’amusement. C’est pour ça que je comprends son idée. S’il a toujours été guidé par cette envie artistique, il a fait le bon choix. Personnellement, je suis très guidé par ça.
La musique vous a permis de renouer avec l’amusement ?
Oui, je ne l’ai jamais vraiment perdu. Mon premier groupe au lycée, c’était un groupe de métal. [Rires] Et c’est un truc qui me titille encore ! Là, c’était vraiment de l’amusement, quand tu montes sur scène, c’est un volcan d’énergie !
Cela fait penser au titre "Bête de foire" qui est une vraie chanson de festival…
Oui complètement. Le texte retranscrit des moments vécus en festival quand les gens ne savent pas vraiment qui tu es ! Ils te le font ressentir et ça peut être dur d’être confronté à des murs. C’est un truc que je me suis toujours dit, de part cette expérience, quel que soit le public, je me donne à fond comme si j’étais dans ma chambre. C’est le sous-texte de cette chanson : "Même si je suis une bête de foire à vos yeux, laissez-moi vous montrer que je suis une bête de scène !".
Que faut-il esquiver sur Youtube ? Et dans la musique ?
Sur Youtube, j’ai tendance à ne pas consommer ce que je ne ressens pas comme créatif sinon j’ai l’impression de perdre mon temps. Il faut esquiver les commentaires aussi ! [Rires] Dans la musique, de même, il faut esquiver cet appel non sincère de l’argent… Pour ma part, ça ne me ressemblerait pas. J’aime bien esquiver la perfection aussi dans les chansons. J’aime bien les défauts et ressentir l’âme et la fragilité derrière.
Vous serez sur la scène du Trianon en avril 2025. A quoi peut-on s’attendre ?
A l’image de l’EP et des chansons, à une espèce de montagne russe d’émotions même si l’expression est ringarde ! [Rires] J’aime bien qu’il y ai une dimension spectacle, parler avec les gens et les piéger aussi ! Il y aura du piège "gentil", des surprises et une belle communion pour rendre l’amour comme je le peux à tous mes concerts. J’aime quand c’est chaleureux, convivial et avec de la proximité. Beaucoup de show en tout cas !
"Comme un enfant", disponible le 15 novembre.