ARTS
Publié le
11 juillet 2022
Cinéaste, photographe et plasticienne, Agnès Varda est célébrée à travers l’exposition estivale : Plages, cabanes et coquillages présentée au Centre d’art La Malmaison et à la Villa Domergue, à Cannes. Sous la direction artistique de sa fille, Rosalie Varda, et de la directrice du pôle d’art contemporain de Cannes, Hanna Baudet, l’exposition souligne avec poésie le travail de l’artiste autour de la mer, la plage et les cabanes.
Une filmographie foisonnante mise à l’honneur et célébrée tant de fois à Cannes. L’œuvre de la cinéaste, photographe et plasticienne Agnès Varda est présentée au Centre d’art la Malmaison et à la Villa Domergue durant tout l’été avec l’exposition : Plages, cabanes et coquillages. Pour l’occasion, sa fille Rosalie Varda et la directrice du pôle art contemporain de Cannes, Hanna Baudet, ont travaillé main dans la main à la réalisation de l’évènement, qui met en exergue différents médiums pour susciter le désir du spectateur. Photographie, cinéma et création d’installations retracent l’univers de l’artiste et sa passion pour la plage, la mer et le sable. Quelques tongs, la plus modeste des sandales, accueillent les visiteurs sur le parvis de La Malmaison. Une entrée en matière, un clin d’œil à l’installation Frise de tongs – présente dans l’exposition – avec laquelle Agnès présente mille et une façons de décorer ses pieds. Dans la même salle, Ping-pong, tong et camping amuse notre âme d’enfant avec ses éléments en plastique coloré. Cette salle joyeuse succède à la mélancolie du Dépôt de la cabane de plage, installation qui montre des actualités tristes du monde. Plus loin, nous découvrons le joli court-métrage Du côté de la côte, ainsi que des photographies de ce tournage de commande pour la promotion de la French Riviera.
L’exposition se poursuit à la somptueuse Villa Domergue, située dans les hauteurs de la ville. Rosalie Varda et Hanna Baudet ont eu cette envie d’installer dans le beau salon de la villa une série de photographies de cabanes prises par Agnès en 2005 et 2006 pour le catalogue de son exposition "L’Île et Elle" à la Fondation Cartier pour l’art contemporain et, en face, une nouvelle cabane : La Tente de Sans toit ni loi. Cette installation, tout juste produite, est constituée de pellicules de film 35 mm. En guise de cabane, Mona, le personnage du film Sans toit ni loi, réalisé par Agnès en 1985, avait une modeste tente de camping. Entre des pellicules affichant les visages d’icônes filmées par l’artiste, de Michel Piccoli à Catherine Deneuve, l’installation de la cabane incite les plus jeunes spectateurs à aller s’y amuser sous le chant des cigales. "Agnès Varda représente une femme curieuse, libre, qui a eu plusieurs vies, comme elle le disait elle-même. Je voyage beaucoup et on me parle souvent de ma mère. Je pense que pour la jeune génération, elle représente une forme de liberté d’expression et de la manière dont on peut aborder un geste artistique. Elle a été photographe, cinéaste… Même en étant réalisatrice, elle a fait du court-métrage, de la fiction, du documentaire… Elle menait les projets tels qu’elle le souhaitait. Je pense qu’elle était en adéquation avec son présent, ancrée dans son époque, dans la technologie. Elle a commencé avec une chambre noire et a terminé avec une caméra numérique. Elle a commencé à travailler en 1949 et est morte en 2019, elle a traversé le XXe siècle et le XXIe. Il y a vraiment cette idée de liberté créative, d’un féminisme engagé et pondéré. Elle s’est battue pour avoir une position libre dans la société et sur des sujets comme la contraception, le droit à l’avortement. Elle souhaitait un féminisme avec les hommes et non contre eux. Elle voulait être jugée sur son travail et non le fait qu’elle soit une femme", explique Rosalie Varda, avant d’ajouter : "C’est une référence pour les jeunes générations et je le comprends. Elle disait que l’on pouvait tout avoir dans la vie : on peut être mère, amante, avoir une carrière, voyager…. Cette notion de tout avoir ou tout faire a toujours été présente. Elle a payé cher sa liberté en se produisant elle-même, en montant sa société de production, en étant responsable de ses dettes, de ses échecs... On parle d’un succès mais combien d’échecs pour un succès ? Elle a réussi à vieillir heureuse dans la création, avec de la fantaisie. Je pense qu’elle a transmis sa curiosité, son amour des autres et des anonymes. Dans la rue, les gens lui disaient : ‘Merci d’être ce que vous êtes. Merci d’être Agnès Varda.’ Elle n’a jamais dissocié son travail de sa famille. Elle travaillait sur le bord de la table en préparant une ratatouille !".
La directrice artistique, qui parle de l’œuvre de sa mère avec conviction et passion, confirme le charisme de celle qui plaisait tant à une génération curieuse et ambitieuse. "Si je devais donner un conseil à la jeunesse créative, je dirais : FAIRE. Le passage à l’acte. Écrivez, filmez, photographier, déclamez, dansez, chantez. C’est en faisant que l’on développe un regard. N’ayez pas peur de faire des choix, d’être clivant, de ne pas plaire. Je suis contente de ne pas plaire à tout le monde. Je ne suis pas pour le consensus. Ce n’est pas intéressant. On ne crée pas une œuvre pour qu’elle plaise à tous mais celle qu’elle est."
L’exposition est à découvrir à La Villa Domergue jusqu’au 18 septembre prochain et au centre d’art La Malmaison jusqu’au 20 novembre prochain, à Cannes.
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