RIVE GAUCHE
Le journaliste et écrivain publie son “Dictionnaire amoureux du mauvais goût” aux éditions Plon. Un pêle-mêle aussi jouissif que subjectif, balayant la société d'un revers de saut-de-lit satiné.
Qu'ont en commun, Thimothée Chalamet, les boîtes de nuit, la toxine botulique - très cher Botox - ou encore l'empereur Bokassa ? A priori rien, si ce n'est d'appartenir à la catégorie mauvais goût selon Nicolas d'Estienne d'Orves, auteur du Dictionnaire amoureux du mauvais goût (Plon). Un inventaire élaboré en toute subjectivité, comme s'en explique l'écrivain graphomane, dandy made in Neuilly un brin réac' : "Il y a le mauvais goût patenté, revendiqué, qui n’est pas une attitude, une mode, mais une profession de foi artistique, un manifeste esthétique. C’est - sans doute - ce qu’on pourrait appeler le kitsch." Il peut également être "une frontière sociale, un racisme de classe." Il s'agit donc bien de son mauvais goût. Une sensibilité qui ne se partage pas, surtout lorsqu'apparaît à la lettre B le roman Belle du Seigneur d'Albert Cohen, décrit comme un "parangon de lyrisme melliflu et de (sueperbe) guimauve stylistique". En revanche, on acquiesce pour les boîtes de nuit, "conteneurs musicaux" où l'on s'enferme pour "tressauter en vase clos". "Agression auditive, promiscuité olfactive, articulations engourdies, souliers ruinés, migraine latente, et à part ça ?"
A part ça il y a Bokassa. L'empereur Bokassa Ier, "apothéose du kitsch involontaire, de la parodie sans humour, du sarcasme en miroir". Il évoque parfois des gens qu'il adore, comme le regretté Jean-Yves Lafesse, dont l'improvisation confinait au génie et puis Jean-Pierre Mocky. Sans transition, on retrouve le papier "tue-mouche", où les insectes terminent leur vie, il y trouve "la poésie macabre des gibiers médiévaux qui rappelaient aux humains leur finitude". La liste du mauvais goût fait également apparaître les salons de massage asiatiques, les selfies, les sms, les lunettes 3D et même Anne Hidalgo. Le débat est lancé.