PHOTOGRAPHIE
Dimanche dernier, à Cannes, se clôturait la somptueuse exposition du travail de la photographe germano-autrichienne, Corinna Busch. Intitulée "La beauté de l’âge", cette série photographique composée d’une trentaine de clichés, était exposée jusqu’à cette date à l’Espace Miramar. Une première sur la Croisette, que vous aurez l’occasion de redécouvrir le 31 mai prochain, à la galerie YellowKorner.
Au 35 rue Pasteur, à Cannes, se tenait une exposition unique en son genre. Contraste significatif avec l’image de la ville, l’exposition de l’Espace Miramar ne parle pas de cinéma, ni de célébrités, mais cherche à reconsidérer le regard porté sur le vieillissement des femmes. Une seule caméra est à l’œuvre pour encenser l’authenticité, l’esthétisme naturel, et mettre en avant la puissance de ces femmes qui ont toutes entre 60 et 85 ans. Telle était la volonté de Corinna Busch, qui réussit son exposition.
De dos, assise face à son travail, on distingue la chevelure blonde de la photographe qui, dans un silence académique, balaye du regard ses clichés. "Je veux m’imprégner des dernières heures d’affichage", confie-t-elle dans un anglais parfait. Sans aucun doute, Corinna Busch puise son énergie dans son exposition, pour trouver l’essence et l’inspiration des photographies suivantes. Il lui aura fallu un an et demi pour développer et présenter son travail. Elle aspire à modifier le regard porté sur le grand âge, évincer les préjugés, et faire rayonner l’énergie et la vivacité de chacune des femmes ayant accepté l’aventure. "Elles n’étaient pas des professionnelles, ni des modèles, ce sont des Cannoises que j’ai rencontrées au détour d’une rue, à un arrêt de bus. Ce que je leur ai proposé était une extraordinaire aventure humaine. Au début elles éprouvaient une certaine réserve, au fur et à mesure, c’est devenu une réelle communion, une explosion de sourires et de générosité". Cette exposition est une prouesse d’authenticité, sans équipe de maquillage, ni coiffure, sans retouche, l’entraide étant le maître-mot qui a conduit à ce résultat époustouflant. Odette, 65 ans, a d’abord été réticente quant à sa participation, pour finalement illuminer l’objectif. Parée de son regard lumineux, et d’un sourire outragé par le temps, elle balaye le jeunisme omniprésent dans notre société.
Le lien créé avec les modèles pendant un projet est, selon Corinna Busch, ainsi qu’un vieil ami à elle, la clé de la réussite d’un shooting. Le grandissime photographe allemand Peter Lindbergh, a inspiré quelques-uns de ses clichés. Celui qui a contribué à l’éclosion de certaines "Supermodels" des années 1990, comme Kate Moss ou encore Naomi Campbell, a aussi largement participé à aiguiser l’œil de la photographe. "Peter me disait que la photographie n’avait jamais été une histoire de matériel, le talent n’est pas matériel. L’essentiel se trouve dans le regard porté sur l’autre. Il faut tomber amoureux des gens qu’on photographie, c’est une histoire d’amour et d’humanité". C’est avec autant d’admiration que de respect, qu’elle reprend certains clichés d’anthologie de Monsieur Lindbergh, avec son équipe cannoise. Le résultat est saisissant, empreint de joie et d’une beauté éclatante. Pari remporté. Sarah, 75 ans, illumine la jetée cannoise qui porte le nom de Joséphine Baker, en adoptant une posture de jeune déesse, tout un symbole. Clin d’œil à ces grandes femmes, chez lesquelles on retrouve à travers chaque cliché cette flamme malicieuse dans les yeux, qui n’a pas pris une ride.
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