INTERVIEW
Publié le
28 juin 2024
Le 25 juin dernier a eu lieu la 13e édition du Champs-Elysées Film Festival où Good One faisait partie des lauréats. Réalisé par India Donaldson, le film a remporté le Grand Prix du jury du meilleur long-métrage américain indépendant. S-quive est allé à la rencontre de la réalisatrice sur un rooftop parisien. Elle revient sur son tournage et les enjeux du film.
Pouvez-vous vous présenter ?
Bien sûr, je m’appelle India Donaldson. J’ai écrit et réalisé le film Good One. C’est mon premier long-métrage.
Comment présenteriez-vous Good One en quelques mots ?
C’est l’histoire très intime d’une adolescente en voyage avec son père et son vieil ami. Les deux hommes ont une relation assez compétitive, et Sam, le personnage principal, est prise au milieu de tout ça. Elle essaie de naviguer entre ces deux hommes.
Vous vous êtes inspirée de votre vie personnelle pour ce film… Est-ce que vous vous retrouvez à l’intérieur du personnage de Sam ?
Je pense oui ! J’ai moi-même écrit le personnage de Sam à partir des souvenirs et des sentiments que je me rappelle avoir eu à cet âge. Je faisais souvent en sorte de bien me tenir et de ne pas causer de problème pour être, disons, "facile à vivre". Dans le film, je réfléchis à la façon dont les conflits peuvent parfois être une façon très saine d’entretenir une relation, mais c’est quelque chose que le personnage doit apprendre.
Ce film capture un moment intime, un simple week-end à travers les bois. Est-ce difficile de transmettre une telle simplicité à la caméra ?
Je pense que c’est quelque chose qui est transmis par les acteurs et leurs performances. Ils arrivent à vraiment tirer quelque chose de l’histoire ! Grâce à leur travail, ils ont ajouté des couches et de la profondeur tout en maintenant l’intimité. Alors vraiment, je crédite les acteurs pour ça !
"Nous n’avions que 12 jours pour réaliser le film et pas un de plus."
Avez-vous rencontré des défis sur le tournage ?
Nous avons filmé la majorité du film à l’extérieur, et nous avions un planning très serré. Nous n’avions que 12 jours pour réaliser le film et pas un de plus. Il n’y avait pas de moyen de prolonger, que ce soit au niveau du temps comme de l’argent. Par exemple, lorsque la météo n’était pas au rendez-vous, nous devions nous adapter et changer notre plan ou même intégrer ce qui se passait dans le film. Les scènes du film où il pleut, c’était parce qu’il pleuvait dans la vraie vie ! Mais je dirais que pour la plupart du tournage, nous avons eu beaucoup de chance, et tout le monde a été très bon pour s’adapter quand nous en avions besoin.
Lily Collias est l’actrice féminine principale de ce long métrage. Comment l’avez-vous choisie ?
Je cherchais la bonne actrice depuis de nombreux mois et j’ai eu du mal à la trouver. J’ai rencontré Lily par l’intermédiaire de ma petite sœur. Quand je l’ai rencontré, nous avons eu une connexion immédiate, presque instinctive. Quand elle a auditionné, c’était tellement authentique et simple. Nous avons immédiatement arrêté de chercher quelqu’un d’autre !
Il y a des moments sans dialogue qui sont portés par les images et la musique. Comment avez-vous choisi les éléments sonores du film ?
La musique est une vraie collaboration entre Celia Hollander, qui est la compositrice, et Taylor Rowley, qui est le superviseur de la musique. La musique de Célia est plus électronique, alors que celle de Taylor est plus instrumentale, et je pense que les deux se sont réunies pour nous emmener dans ce voyage, mais aussi pour nous emmener dans le monde intérieur de Sam.
"Je pense que je suis toujours attirée par les films où je peux sentir l’expression du point de vue du cinéaste."
Il y a-t-il un moment qui vous a marqué lors de la réalisation de ce film ?
Le dernier jour après le tournage, je suis allée à l’un des sites où nous avions filmé. Nous y avions construit des tours avec des pierres, et nous avons dû les enlever pour laisser l’endroit comme nous l’avions trouvé. Alors James LeGros, qui joue le père dans le film, est venu avec moi et Diane Irvine, l’une des productrices, et nous avons tous les trois démonté toutes les tours. Je suis même allée nager dans l’eau où les personnages s’étaient également baignés. C’était un moment très agréable, on disait en quelque sorte au revoir à cet endroit où nous avions passé beaucoup de temps. Je ne pense pas pouvoir y retourner, donc c’était comme des adieux.
Est-ce qu’il y a des choses à esquiver lorsque l’on réalise un film ?
Les clichés peut-être ? Je pense que je suis toujours attirée par les films où je peux sentir l’expression du point de vue du cinéaste. Alors si vous faites un travail personnel, il ne peut jamais être cliché à mes yeux !
Souhaiteriez-vous que ce film fasse écho à des personnes en particulier ?
J’espère que les jeunes le verront. Vous savez, j’ai vingt ans de plus que le personnage que j’ai écrit, mais c’est tiré de ma jeunesse. Même si je suis une génération plus âgée maintenant, j’espère que le film et l’expérience sont toujours vrais et résonnent avec les jeunes. C’est mon espoir !