INTERVIEW
Publié le
23 février 2024
Un sold out à l'Accor Arena le 13 février dernier et un nouvel album baptisé Prime… Au cours d’un entretien dans le quartier où il a grandi (Paris XXe), Franglish s’est livré avec profondeur sur ses racines, ses débuts dans la musique, ses inspirations, et ses ambitions artistiques. À travers ses mots, nous avons découvert l'évolution d'un artiste et d’un homme, accessible et déterminé, prêt à marquer son empreinte dans l’industrie musicale. Une rencontre en toute simplicité réalisée à quelques jours de son concert dans la salle mythique.
Il est 10h passé, ce matin-là, quand Franglish nous rejoint dans un petit café situé non loin des hauteurs du parc de Belleville. Entouré de son équipe, manager et grooming, le rappeur répond avec franchise et professionnalisme à nos questions.
Nous sommes dans le XXe arrondissement de Paris, le quartier de votre enfance. Qu'est-ce que cela évoque pour vous ?
Ça évoque le commencement : les premiers retours, les premiers soutiens, les premiers tournages, l'école, le collège, parce que tout s'est vraiment déroulé ici. Mon école primaire était sur la gauche depuis ma fenêtre et mon collège en face. Je suis du même quartier que S.Pri Noir et Still Fresh. Ils ont commencé avant moi, mais nous avons tous évolué ensemble, même si chacun a pris son propre chemin. Nous sommes tous en bon terme.
Comment étiez-vous quand vous étiez enfant et adolescent ?
J'étais le garçon super ! Très réservé, qui dansait dans son coin, qui était dans sa bulle. Après, j'avais toujours la joie de vivre, j'avais toujours envie de rigoler ! Avant le chant, il y avait la danse. J'aimais refaire les chorégraphies de Michael Jackson devant la télé, celles d'Usher, regarder mes dessins animés, jouer à la play. J'étais dans ma bulle !
Comment avez-vous commencé à faire de la musique ? Y a-t-il eu un moment particulier qui vous a incité à vous lancer ?
J'ai commencé la musique parce que j'accompagnais souvent S.Pri Noir et Still Fresh au studio, donc j'ai commencé à y prendre goût. J'ai grandi avec la musique aussi dans ma famille. On écoutait plein de styles différents : de la rumba, du hip-hop, de la variété, de la soul, de tout. Donc tout ça a fait que j'aimais la musique. Et j'avais mon entourage qui rappait, qui faisait de l'impro et qui allait au studio. Ils faisaient des clips et j'aimais bien tout ça. Et ça m'a inspiré, et une fois je suis parti au studio, ensuite une deuxième fois, une troisième fois, et puis j'ai aimé. Je me suis dit : "On va faire un clip". Il y avait aussi mon frère qui était un énorme soutien jusqu'à maintenant, qui est le producteur. Justement, il a toujours été dans ce truc de "On va y aller, on va y aller". Et puis c'est comme ça que ça a pris la forme de Franglish.
"Il faut éviter le mauvais œil, éviter la mauvaise mentalité, faire attention à la force des réseaux parce que ça peut vite monter à la tête."
Si vous deviez citer une de vos chansons qui vous représente le mieux et pourquoi ?
C'est tellement compliqué parce que j'ai tellement de moods différents, d'humeurs différentes, de personnalités différentes mais qui sont un peu pareilles. Mon mood actuel, je te dirais celui de mon dernier album Madremia parce qu'au niveau des paroles et de la prod, c’est good vibes, elle est dansante mais les paroles sont un peu mélancoliques, mais de la bonne mélancolie. Je raconte comment c'était avant, qu'on a réussi, qu'il y a eu des douleurs mais c'est quand même la joie qui l’emporte.
À quoi ressemble votre journée, en dehors de la musique ? Avez-vous d'autres passions ?
Je suis très casanier. Mise à part le sport, mais bon ! Le sport, ça fait déjà presque 1 an et demi que je n'y suis pas allé. Je suis à la maison, mes enfants, ma famille, ma femme. Là, je finis l'interview, je vais rentrer chez moi.
Notre média s’appelle S-quive, que pensez-vous qu'il faut esquiver dans la musique ?
Il faut éviter le mauvais œil, éviter la mauvaise mentalité, faire attention à la force des réseaux parce que ça peut vite monter à la tête en bien, comme en mal, mais souvent ce n’est jamais bon. Esquiver le mauvais entourage, celui qui peut t'induire en erreur, te faire foncer dans le mur. Quand tu es concentré, tu peux voir ce qui est bon et pas bon pour toi. Esquiver aussi ceux qui comprennent de moins en moins ton train de vie. Les personnes qui ont du mal à comprendre quand tu leur dis "Non".
Vous allez faire l’Accor Arena le 13 février prochain. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?
Jusqu’à maintenant, je te dirais ma plus grande victoire. Parce que c’est une salle quand même de 18 000 personnes et de remplir ça seulement avec tes réseaux, pas de concours à la télé ou de passage télé. Te dire que tu arrives à remplir ça avec ton Snapchat, ton Instagram, franchement ça, c’est quelque chose. Je pense que le jour J, je vais vraiment manger le truc. Parce que je suis dans ma bulle. Ça veut dire que je ne connais pas bien ma notoriété et je vais m’en rendre compte. Ça m'a fait ça pour l’Olympia, le Zénith, et là ça va être encore plus grand. Il y a quelques semaines j'étais au Bercy de Davido, il m'avait invité pour chanter et là j'ai regardé la salle et je me suis dit : "Dans deux semaines, c’est moi qui suis là !". Ça m'a fait quelque chose. Mais c’est toujours différent le jour même.
Dans une de vos stories, vous avez demandé à votre public s'il avait "du cardio" pour votre tournée ! Et vous, comment vous êtes-vous préparé pour l’Arena et cette tournée ?
Ça a été beaucoup de répétitions. Là, on a dû faire, je pense, 2 semaines de répétitions et on s’est mis dans une salle avec le décor de la scène. On était un peu juste parce qu'on n'avait pas assez de temps, parce que la tournée commence ce soir, on part pour Marseille. Donc oui, le cardio il y en a, là c’est vrai que je sens quand même la fatigue et les courbatures. Parce que moi je chante et danse en même temps. Mais c’est de la bonne fatigue. Après, il y a la récompense de faire des grandes salles. Mais je ne me plains pas, je me dis : "Quand tu vas monter sur scène tu vas te rendre compte que tu n'as pas fait tout ça pour rien !"
"Être sur scène est une consécration, une liberté."
Comment vous sentez-vous une fois sur scène, micro en main, face à votre public ?
C’est une consécration, une liberté. Tu te dis : "Je n’ai pas fait tout ça pour rien". Ils sont tous là, ils chantent, ils dansent, ils sautent, ils sont investis dans le concert, ils en parlent sur les réseaux, ils disent que c’est incroyable, qu’ils vont revenir, ils sont pressés que je revienne donc, toutes les nuits blanches, toutes les journées de 10h à 22h à répéter, danser, chanter, la récompense elle est là.$
Quel est ou sont vos autres objectifs pour 2024 ?
J’espère déjà que les gens vont kiffer cet album que nous serons de plus en plus nombreux aux concerts. Si on peut arriver à une belle tournée des Zénith, ça serait bien avec beaucoup, beaucoup de dates. Objectif aussi dans le cinéma, série, film, on est sur quelque chose là normalement si tout se passe bien, ça pourrait être très lourd ! Et le côté mode, si on arrive à faire quelque chose...
Si vous deviez donner un conseil à un jeune qui souhaite se lancer dans la musique, quel serait-il ?
Je lui dirais : "Si tu sens capable de le faire vas-y fonce, n'hésite pas à écouter les critiques parce que c’est ce qui rend plus fort". Le compliment ça fait stagner. Et ça ne fait pas évoluer. Donc écoute les critiques mais celles qui sont constructives, pas une critique qui n’a pas de sens, reste concentré et aie un bon entourage. C’est toi qui as le dernier mot au final sur ton image.
"Le feat avec Ninho n’était pas prévu !"
J’ai vu que vous avez vécu pendant 1 an en Angleterre. Comment l’anglais et les anglophones ont-ils influencé votre musique ?
Beaucoup de films et séries, c’est ça aussi qui a structuré mon anglais. Et à force de regarder des films en anglais, ça m'a inspiré. Après Londres aussi, même si j’ai eu un peu de mal au début vu que l’anglais des Américains et l’anglais des Anglais est différent. J'avais plus l’habitude d’entendre l’anglais américain que l’anglais londonien donc je ne le comprenais pas au début. Donc oui, ça a influencé ma musique mais en décalé, pas sur le moment.
Sur ton compte Instagram, vous donnez à travers vos photos cette impression que vous aimez la mode. Est-ce qu'il y a des rappeurs français ou anglophones qui vous inspirent niveau style ?
Tu ne trompes pas là ! Je suis quelqu’un qui aime beaucoup m’habiller. Après, je ne maîtrise pas bien les termes de la mode, mais j’aime la mode quand même. C’est moi qui ai le dernier mot sur tout ce qui concerne mon image avec mon équipe. J’évolue avec mon équipe donc c’est ma styliste qui voit et qui me propose, elle ramène quelque chose qui fait qu’au final, c’est super. Le travail que fait Yasmine, ma styliste, apporte un gros plus à mon image. Que ce soit Maxime le photographe, que ce soit le DJ, le management, l’assistante manager, le producteur, tout le monde apporte un gros plus à mon image donc ce n’est pas que moi ! Je m’inspire d’artistes américains, je vais te dire Fabolous, c’est beaucoup de New York et de Los Angeles en même temps.
Vous avez collaboré avec plusieurs artistes dont Ninho pour le clip "Sécu". Comment ça s’est passé ? Qu’est-ce qui vous a poussé, tous les deux, à travailler ensemble ?
Avec Ninho, on se croisait de temps en temps dans des événements depuis un bon petit moment. J’écoute sa musique, lui aussi écoute la mienne. Mais ce feat là, ce n’était pas prévu ! J'étais au studio, j'étais dans ma séance de 13h à 21h et lui avait sa séance à partir de 21h… J’étais dans le studio A et lui devait rentrer dans le studio B mais il y a une masse de personnes dans l’entrée du studio, donc il s’est dirigé vers le studio dans lequel j’étais et quand il est rentré il est tombé sur moi ! On a discuté et après il m'a demandé si j’étais en train de faire un album et j’ai dit : "Oui". Il m'a demandé de lui faire écouter et il a bien aimé. Puis il m'a dit : "T'as pas un son là toute de suite, je pose ?" Je n’en avais pas donc on a dû appeler le beatmaker entre-temps, il m'a fait écouter des exclus à lui qui sont grave lourdes ! D'ailleurs, après on s’est retrouvés à faire le clip. Plein de fois, j’ai raconté cette histoire aux gens ils ne me croient pas ! Alors que ce n’était vraiment pas prévu !
"Prime", le nouvel album de Franglish.